Ils se sont tous pris au jeu. Depuis le printemps dernier, Kaméra, son mari et leurs trois enfants ont tenté de réduire leur gaspillage alimentaire. Comme une poignée d’autres familles, de restaurants et une cantine scolaire, ils ont suivi les conseils de France Nature Environnement (FNE) — qui rassemble 3000 associations — pour réduire leurs déchets.
Car, chaque année en France, une personne jette 20 kg de nourriture, entre les restes des repas, les fruits et légumes périmés, les produits entamés que l’on ne veut plus et le pain rassis.
« Même si nous faisions déjà un peu attention, nous avons changé nos habitudes », confie la mère de famille qui a accepté de participer à cette expérience proposée par la FNE. Fini les grosses casseroles de riz ou de pâtes qui permettent de tenir plusieurs repas, terminé le rôti qui pourrit dans le frigo parce que l’on n’a pas eu le temps de le cuisiner. Oublié ces yaourts jetés parce que la date de péremption est dépassée depuis des semaines…
Chez Kaméra, on a réappris à faire son shopping alimentaire. « Avant, je faisais des grosses courses avec à peu près tout le temps les mêmes produits. Maintenant, on achète moins de choses mais plus souvent, pour s’adapter à nos besoins. » Et le verdict est sans appel sur son porte-monnaie. De 1200 € par mois, le budget nourriture est passé à moins de 800 €. Pour autant, Kaméra n’a pas réduit ses achats de viande, par exemple. « Je m’adapte juste mieux en fonction des besoins. Mais je n’ai jamais réussi à organiser un menu de la semaine. » A l’heure du dîner, vers 19 h 30, la corvée du repas s’est peu à peu transformée en jeu. Kosta, 7 ans, Marko, 9 ans, et Luka, 12 ans, ont enfilé plus d’une fois le tablier des parents pour concocter une recette de dernière minute, avec les restes. La spécialité de la famille ? La quiche « à tout », s’amuse Kaméra. Tout y est passé, ou presque. Mais celle aux fromages trop durs pour être mangés a été le plus grand succès culinaire. « Il y a eu quelques ratés, admet la maman. Parfois, on teste des soupes un peu fourre-tout qui ne sont pas très réussies. Aujourd’hui, on sait que les patates douces ne se marient pas avec tout ! »
Peu à peu, la famille a trouvé des solutions pour moins gaspiller. Le pain entamé ? Il est coupé en tranches, placé dans le congélateur et passé au grille-pain en cas de besoin. Le sachet de thé à usage unique ? Il a trouvé sa place dans une coupelle pour servir deux ou trois fois de plus. Et les pelures de légumes ? Elles sont devenues le grand jeu des enfants ! A tour de rôle, ils les jettent dans le composteur, sur le balcon, où des lombrics dévorent les pelures à petit feu. « C’est devenu l’animation de la maison. » Kaméra est ravie que cette expérience ait apporté une activité commune à toute sa famille. Avant, elle cuisinait souvent « à la va-vite ». Aujourd’hui, l’heure du repas est un grand moment de convivialité. Le menu de ce soir? Les restes de la grande fête de famille de la veille. « Que des produits de saison, s’enchante la maman. On va se régaler ! »
Le Parisien