Depuis la sortie de l’album de Carla Bruni, les ventes de CD de la "première dame de France" alimentent des commentaires contradictoires. Vrai succès pour les uns. Bide pour les autres. La vérité se situe entre les deux. Disponible depuis le 11 juillet, « Comme si de rien n’était » s’est vendu précisément à 80 657 exemplaires en sept semaines, selon les chiffres comptabilisés par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) que nous nous sommes procurés.
Ils correspondent à ce que l’on appelle les « sorties caisse », soit le nombre de CD réellement achetés par le public.
Un chiffre loin de celui claironné par la maison de disques de l’artiste. Le 13 août dernier, Naïve, le label de Carla Bruni parlait de 300 000 exemplaires, dont 160 000 en France. Désinformation ? « C’est la réalité, se défend Patrick Zelnik, PDG de Naïve. Ces éléments récapitulent les mises en place dans les magasins. Les enseignes ont même effectué de nouvelles commandes. Depuis, nous sommes à près de 175 000. »
Ce n’est pas pour autant que la chanteuse a convaincu 175 000 consommateurs. Nuance. Chez Naïve, on explique que les ventes communiquées par les maisons de disques correspondent toujours à ce que les magasins possèdent en stock. « C’est avec ces données qu’un album est certifié ou pas disque d’or », ajoute son patron. Ainsi avec plus de 150 000 exemplaires, « Comme si de rien n’était » est double disque d’or.
Dans la réalité, Carla Bruni vient de décrocher péniblement le métal précieux avec un peu plus de 75 000 unités écoulées par les points de vente. Cette semaine, elle pointe en 9ème place avec 5 757 CD passés en caisse.
Une différence non négligeable compte tenu des enjeux d’un disque aussi politique que musical. Une chose est sûre : l’artiste était en droit d’en attendre mieux, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.
Jamais enregistrement n’avait autant fait parler, nourri d’aussi nombreuses supputations, d’avis définitifs avant écoute et surtout de couvertures des magazines. « La pression médiatique nous a fait avancer le disque au 11 juillet qui n’est pas du tout une bonne date, justifie Patrick Zelnik. La véritable promotion pour Carla Bruni va démarrer à la rentrée avec des émissions de télé comme « le Grand Journal », « Taratata » ou « Vivement dimanche ». Pour l’instant, on l’a beaucoup vu dans la presse people qui n’est pas connue pour faire vendre des disques. »
En d’autres termes, être chanteuse et "première dame de France" surexposée médiatiquement, serait plus un inconvénient qu’un avantage. La cote négative du président de la République n’a probablement pas arrangé les affaires de son épouse musicienne. Et les résultats commerciaux de son album pourraient être pris comme un indice de sa popularité, en tant qu’épouse du chef de l’Etat. « On ne peut pas traiter un disque sur les mêmes bases qu’un sondage politique hebdomadaire, rétorque Patrick Zelnik. Pour nous, c’est un succès. Pas un triomphe, mais un succès. On avait prévu d’en vendre 200 000 avant Noël. On ira largement au-delà. »
(Le Parisien - 31 août 2008)