21 janvier 2015
Lundi à Cologne (Allemagne), dans la cadre de la promotion de son livre Soumission (interrompue en France et largement ailleurs à la suite des attentats), Michel Houellebecq a été amené à répondre à de nombreuses questions sur l’opposition nationale a constaté le journal Libération. «Depuis à peu près quarante ans a ainsi expliqué l’écrivain, l’histoire politique de la France est une tentative générale de tous les partis, tous les médias et tout le pouvoir culturel de freiner l’ascension du Front National, et l’échec de cette tentative» . Le FN «est parti avec deux trucs (sic): lutte contre l’immigration et lutte contre l’insécurité». «Entre-temps, il a récupéré à lui tout seul le sentiment antieuropéen parce que les autres partis de gauche et de droite ont liquidé leur opposition interne à l’Europe (…) tout récemment, il a rajouté une protestation anti-islam, une protestation antirigueur, il est un peu tous azimuts (…) ça fait beaucoup de choses pour attirer ». Last but not least, le Front National «a récupéré, arme suprême, une nostalgie de l’époque où la France se vivait comme indépendante, non soumise à l’Europe et non soumise aux Etats-Unis, donc l’époque de De Gaulle, en fait ».
Fort de cette analyse rapide, taillée à la serpe mais plutôt honnête, Michel Houellebecq en tire comme conclusion que la prochaine présidentielle est «dangereuse, potentiellement». Pourquoi ? Parce que si cette poussée nationale-souverainiste, populiste est insuffisante (ce qu’il croit ?) pour permettre à Marine Le Pen de l’emporter au second tour, l’affaiblissement de la droite juppéiste ou sarkozyste ne lui permettra pas de rafler la mise, ce qui entrainera le maintien de la gauche au pouvoir. Or, « en 2017, la France sera encore plus à droite qu’elle ne l’était en 2012, si François Hollande est encore réélu, cela peut tourner mal ».
Nous le constatons, l’écrivain inscrit encore sa réflexion politique sur un très dépassé et artificiel clivage droite-gauche auquel de moins en moins de Français adhère, au lieu de lui substituer le seul qui vaille aujourd’hui. En l’occurrence celui opposant d’un côté les défenseurs des frontières, des protections, des identités, des valeurs helléno-chrétiennes, des souverainetés nationales et de l’autre celui des ultra libre échangistes, les adeptes du laisser faire laisser passer, qu’ils se revendiquent du camp atlanto-bruxellois, du mondialisme, ou encore de l’internationalisme à la sauce altermondialiste.
Exemple parmi une foultitude d’autres, les routiers Français en grève ces derniers jours, matraqués par la crise, soumis à une inexorable baisse de leur salaire et de leur pouvoir d’achat, sont en train d’être mis à mort par l’UE. Notamment du fait de l’application de la directive sur les travailleurs détachés , soutenue par l’UMPS, tandis que des patrons n’hésitent pas à délocaliser leurs entreprises dans les pays de l’est pour tirer bénéfice de prestations sociales moins avantageuses pour les salariés. Dans ces conditions, quelles raisons auraient nos compatriotes routiers de voter en 2017 pour Hollande ou Sarkozy, Valls ou Juppé ? Au-delà du bla-bla habituel, ces derniers ne bougeront pas le petit doigt en leur faveur, au nom de leur soumission idéologique aux dogmes de l’Europe de Bruxelles, quand bien même ladite directive achève de ruiner de paupériser de nombreux artisans et petites entreprises.
Ce danger FN pointé par la caste polico-médiatique, est tout simplement la prise de conscience par le peuple français que la société ouverte, diluée par le haut dans l’européisme et sapée par le bas par l’immigration de peuplement, la doxa multiculturaliste, la société bâtie, voulue, imposée par les partis du Système ne fonctionne pas et mène la France à sa perte.
Hier, lors de ses vœux à la presse, et à la lumière des derniers attentats, Manuel Valls a dressé le bilan de quarante ans de cogestion droite-gauche: « Ces derniers jours ont souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays ou des défis que nous avons à relever. A cela, il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence » « Après on oublie, c’est ainsi… Les émeutes de 2005, qui aujourd’hui s’en rappelle et pourtant… Les stigmates sont toujours présents ».
Le Premier ministre a évoqué quelques unes des conséquences de cette délirante poursuite de l’immigration de peuplement, qui empêche toute assimilation, a fortiori en période de crise et de chômage de masse. A savoir « la relégation péri-urbaine, les ghettos (…), un apartheid territorial, social, ethnique, qui s’est imposé à notre pays », « la misère sociale », «les discriminations quotidiennes parce que l’on n’a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau, ou bien parce que l’on est une femme ».
M. Valls a bien intégré les recommandations du cercle de réflexion Terra Nova incitant le PS à jouer la carte du clientélisme en direction de toutes les minorités, puisque le Français de souche, périurbain, issu des catégories populaires mais aussi désormais de la classe moyenne, s’est détourné de la gauche et vote désormais FN.
Une France d’en bas, des invisibles , une France périphérique décrite par les travaux de Christophe Guilluy, elle aussi en voie de paupérisation, accablée par le crise, mais certes, qui ne brûle pas de voitures, n’agresse pas policiers et pompiers, ne stocke pas des armes. Le criminologue Xavier Raufer l’avait en outre déjà relevé, les départements qui concentrent le plus de pauvreté sont la Creuse et la Corrèze, pas la Seine Saint-Denis…
Bien sûr, courageux mais pas téméraire, M. Valls n’en tirera pas les conclusions qui s’imposent. Il poursuit au contraire avec opiniâtreté les mêmes objectifs antinationaux , au sens large, qu’Alain de Benoist sur le site Boulevard Voltaire a assez bien résumé, dans la ligne de la stratégie mise en place par la manifestation du 11 janvier.
" Celle-ci avait au moins six objectifs: « marginaliser le Front National et neutraliser l’UMP (qui est évidemment tombée dans le panneau la tête la première) au nom de l’ union sacrée, solidariser les Français autour d’une classe politique gouvernementale discréditée, justifier l’engagement de la France dans une nouvelle guerre d’Irak où elle n’a rien à faire, mettre en place un espace policier européen où l’on sait d’avance que ce ne sont pas seulement les islamistes qui seront surveillés (Manuel Valls affirmant sans rire que les mesures exceptionnelles qu’il s’apprête à prendre ne seront pas des mesures d’exception!), faire croire que le terrorisme auquel nous sommes aujourd’hui confrontés a plus à voir avec le Proche-Orient qu’avec l’immigration et la situation des banlieues, enfin persuader l’opinion que, face au terrorisme , la France, fidèle vassale du califat américain, ne peut qu’être solidaire de pays occidentaux qui n’ont jamais cessé d’encourager l’islamisme, tout en noyant leurs erreurs et leurs crimes derrière le rideau de fumée du choc des civilisations (Poutine n’avait bien sûr pas été invité !) ".
« Dans une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline poursuit-il, on aura tout vu. Les cloches de Notre-Dame de Paris sonnant le glas pour les bouffeurs de curé. L’ union nationale sans le Front National. La liberté d’expression réduite au droit au blasphème et s’arrêtant à Dieudonné. Celle des caricaturistes dépendant de la personne visée (Mahomet en train de sodomiser un porc : tellement drôle ! Christiane Taubira en guenon : intolérable !). Des bataillons de chefs d’État (deux fois le G20 !) chantant les louanges d’un titre dont ils n’avaient jamais entendu parler huit jours plus tôt. Des millions de zombies se ruant dans les kiosques pour acheter, tel le dernier smartphone, un journal qu’ils n’avaient jamais eu la curiosité d’ouvrir depuis vingt ans. Le badge Je suis Charlie succédant au ruban pour le SIDA et à la petite main de Touche pas à mon pote . Spectacle surréaliste ! »
Surréaliste mais aussi pour certains, une sorte de répétition générale de ce à quoi nous devons nous attendre lors de la prochaine présidentielle si Marine se qualifie pour le second tour. Le Monde et Marianne ont relevé le caractère très monocolore des défilés du 11 janvier , l’absence évidente de « la France des banlieues » qui n’est pas venue défiler avec « les bourgeois », les «blancs »; n’en déplaisent aux médias qui ont filmé les trois ou quatre imams présents et autres jeunes issus des minorités pour persuader le bon peuple du contraire.
Mais à voir la sociologie de la manif parisienne du 11 janvier, principalement la génération qui avait une vingtaine d’années en 68, des enseignants, des fonctionnaires, des bobos, et une jeunesse, toujours manipulable et proie facile du totalitarisme compassionnel évoqué dernièrement par Bruno Gollnisch, on la devine assez semblable à celle qui défilera contre le FN quand la caste politico-médiatique en lancera la consigne.
Sur son blogue, Guillaume Faye a rappelé les propos de Jean-Marie Le Pen: « je n’ai pas envie de soutenir l’action gouvernementale impuissante et incohérente face à un problème (le terrorisme musulman) qui touche évidemment de très près à l’immigration massive subie par notre pays depuis quarante ans ». Car le cœur du problème est là poursuit M. Faye : la France est le déversoir d’une immigration invasive de peuplement en très grande majorité musulmane et à forte fécondité. Et l’on ne s’attaque pas à cette vraie cause, du fait de l’idéologie cosmopolite et antiraciste».
« Le déni de réalité et la stupidité poursuit-il, ont atteint un paroxysme pathologique qui n’a été égalé dans l’histoire qu’au IVe siècle lorsque les élites romaines faisaient entrer dans la romanitas les Barbares pour les protéger des …invasions barbares», Guillaume Faye invitant à la lecture à ce sujet de l’excellent livre de Michel De Jaeghere, Les derniers jours, la fin de l’empire romain d’Occident.
Mais il est surtout temps d’agir. Les Français ont (encore) leur avenir entre les mains, et jamais le vieux slogan du FN n’a été autant d’actualité: Avec nous avant qu’il ne soit trop tard!
Bruno GOLLNISCH