REPORTAGE – A l’appel d’une cinquantaine d’associations, plusieurs milliers de manifestants du collectif «Jour de colère» ont défilé à Paris ce dimanche pour réclamer la démission de François Hollande…
Sur la place de la Bastille ce dimanche, une nuée de drapeaux français s’agitent. Près de 17.000 personnes selon la police, 120.000 selon les organisateurs se sont réunies à l’appel du collectif «Jour de colère» qui fédère une cinquantaine d’associations. Avec un mot d’ordre commun: «Hollande démission». Parmi eux, Bernard, qui arbore avec fierté une casquette sur laquelle on peut lire «Attention Hollande, demain, ça Valls». Ce retraité est venu de Haute-Savoie pour manifester son «ras-le bol de Hollande et de sa politique». «Il nous taxe de partout, mes impôts ont augmenté de 30% cette année. En revanche, l’immigration progresse. Les étrangers viennent chez nous et on leur donne tout», explique-t-il, tout en se revendiquant comme apolitique.
A ses côtés, Thierry, directeur d’un centre équestre dans l’Ain, n’en est pas à son premier acte de rébellion contre le gouvernement. Le 16 janvier dernier, il a déversé 20 tonnes de fumier devant le Palais Bourbon et ne compte pas s’arrêter là: «C’est une république bananière pour laquelle le peuple est inaudible. Je ne suis pas là que pour protester contre l’équitaxe, mais pour dénoncer toute la classe politique, de droite comme de gauche qui mène la même politique depuis des années. Avec les agriculteurs et les routiers, on organisera des actions plus musclées», promet-il.
Les bonnets rouges aux côtés des mères de famille
Dans la foule, les pancartes témoignent de l’hétérogénéité du mouvement: «Touraine, la sécu ne passera pas par nous», «Non à l’éolien industriel», «Non au mariage homo»… Des manifestants portant des bonnets rouges côtoient les mères de famille de «La Manif pour tous» et les groupes de jeunes. Des drapeaux bretons ou avec une fleur de lys, croisent des drapeaux tricolores. «Ce gouvernement nous donne 1.000 raisons de protester», hurle une voix au mégaphone. «Non au racket fiscal», lui répond en chœur la foule. Des employeurs en difficulté sont aussi là pour afficher leur grogne: «Nous sommes étranglés par les réglementations et par les cotisations de toutes sortes», explique ainsi Pierre.
Une diversité des revendications qui ne gène pas Michèle, qui a fait le déplacement de l’Allier: «C’est un ras le bol général, c’est en cela que ce mouvement hétéroclite a tout son sens», explique celle qui a défilé l’an dernier de nombreuses fois avec la «Manif pour tous». D’ailleurs ses motifs de grogne sont multiples aujourd’hui: «J’aurais pu être sous toutes les bannières. Car je suis tout aussi révoltée contre la loi Taubira que contre les robinets de l’immigration qui sont trop ouverts», souligne-t-elle.
La Marseillaise entonnée en chœur
A ses côtés, Alain des Hauts-de-Seine affiche clairement son soutien à Civitas. «Ce gouvernement a des projets sataniques. Entre le mariage pour tous et la théorie du genre qu’on veut enseigner aux enfants à l’école, c’est l’antéchrist au pouvoir», soutient-il. En bout de cortège, quelques centaines de sympathisants de Dieudonné, dont le portrait est flanqué sur un drapeau, crient «Liberté d'expression», pour faire allusion à l'interdiction du spectacle «Le Mur».
Dans les rangs dispersés, peu de visages connus, hormis Christian Vanneste, président du Rassemblement pour la France: «Je proteste contre le mensonge instauré en mensonge officiel et contre l’humiliation internationale que nous inflige ce gouvernement. Dans n’importe quelle autre démocratie, Hollande serait viré à coup de pompes dans le derrière», ironise-t-il devant son auditoire conquis.
A 14h30, les manifestants sont invités à entonner la Marseillaise. La pluie battante ne semble pas décourager les nouveaux participants, qui déferlent sur la place de la Bastille. Les premiers cortèges commencent à battre le pavé en direction des Invalides en scandant «Hollande dégage». «A force d’entrainer du monde derrière nous, on va finir par déstabiliser le gouvernement», avance Bernard, un large sourire aux lèvres.
Delphine Bancaud
20minutes.fr