01/05
L’annonce du ministre-président de Bavière d’installer des crucifix dans les bâtiments du Land n’en finit pas de susciter des remous, dans un contexte électoral tendu. Plusieurs responsables chrétiens ont élevé la voix contre ce qu’ils considèrent comme une « récupération », voire « une profanation ».
Le débat se poursuit en Allemagne après la décision du Land de Bavière, mardi 24 avril, d’imposer des crucifix dans les halls d’entrée de ses bâtiments publics en signe de « reconnaissance de son identité ». Installer des crucifix, ce n’est pas promouvoir « un signe religieux », c’est « reconnaître une identité » et « l’expression d’une empreinte historique et culturelle », a justifié le ministre-président de Bavière, Markus Söder, membre de la CSU (la branche bavaroise de la CDU, le parti chrétien-démocrate allemand).
Sa décision intervient dans un contexte politique tendu : dominateur en Bavière depuis plusieurs décennies, il va affronter une élection régionale délicate le 14 octobre prochain face à une extrême droite en plein essor.
« Je serais surpris que l’affaire ne finisse pas devant le tribunal », a commenté le constitutionnaliste Horst Dreier, dans les colonnes du journal Main-Post. Pour lui, une plainte constitutionnelle contre la décision du gouvernement bavarois est probable. Sur le plan historique, les Églises chrétiennes se sont ralliées « seulement après la seconde guerre mondiale » aux idées constitutionnelles de démocratie et des droits de l’homme, rappelle-t-il aussi. « Pas durant les 1900 ans précédents. » Mais la contestation vient aussi et surtout des responsables chrétiens eux-mêmes.
Le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale allemande et archevêque de Munich et Freising (Bavière), a critiqué lundi cette décision dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. « Si la croix n’est considérée que comme un symbole culturel, elle n’est pas comprise, assure-t-il. La croix serait alors expropriée au nom de l’État. »
Il ajoute que la croix est « un signe d’opposition à la violence, à l’injustice, au péché et à la mort, mais pas aux autres hommes ». « La croix n’appartient pas à la CSU », renchérit Felix Neumann, rédacteur pour le site d’information de la Conférence des évêques allemands, qui n’hésite pas à dénoncer sur ce site une « profanation blasphématoire ».
La neutralité « religieuse et philosophique » n’est pas inscrite dans la loi fondamentale allemande. Elle figure en revanche dans la jurisprudence de la Haute cour constitutionnelle, qui la fait découler de la mention de « l’État comme patrie de tous les citoyens ».
Merci à Proserpine