«Il m'a dit que Cédric l'avait jeté à l'eau. Il a voulu se raccrocher au bord et il l'a repoussé une deuxième fois. » Hier matin, Michel Deriez, le grand-père d'Antoine, chez qui le garçon a trouvé refuge depuis lundi, a souhaité raconter l'horreur vécue par son petit-fils.
Celui que tout le monde surnomme maintenant l'« enfant du lac » n'a pas assisté à la dispute violente entre sa maman, Anne, 30 ans, une aide-soignante de l'hôpital de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, et Cédric Hornec.
Il n'a pas vu l'homme de 29 ans, qui partageait la vie de sa mère depuis deux ans, la rouer de coups avant de l'étouffer avec un oreiller. « Il a juste entendu des bruits. Il était dans sa chambre », explique simplement le grand-père, à voix basse, depuis la salle des mariages de la commune de Bois-de-Céné (Vendée) dont il est le maire. Que son petit-fils ait pu être ranimé après avoir passé une heure et demie dans les eaux froides du lac tient du miracle. « C'est un petit bonhomme costaud physiquement et moralement, explique sobrement un grand-père que l'on sent, au fond de lui, fier de son petit-fils. A l'heure actuelle, ça va bien, mais je ne préjuge pas de l'avenir, il y aura sans doute des contrecoups. »
Concernant Cédric Hornec, à qui il avait trouvé du travail chez un de ses amis mécanicien, pas de colère, pas de haine, le grand-père ne comprend tout simplement pas. « C'est quelqu'un de courageux, de travailleur, de franc, de carré, lâche-t-il en peu de mots. C'est aussi pour cela que nous l'avons aidé dans sa recherche de travail. C'est pour cela que, par rapport à ce qui vient d'arriver, c'est une totale incompréhension. »
La personnalité de Cédric Hornec intrigue aussi ceux qui ont pu l'auditionner. « Comment va Antoine ? » : c'est la question la plus pressante que le meurtrier a posée lors de sa garde à vue. « Il se souvient de ce qu'il a fait à la maman d'Antoine, même si c'est flou, précise une source proche du dossier. Mais il n'arrivait pas à dire ce qu'il avait fait de l'enfant. Peu à peu, il a tout de même réussi à raconter les coups sur le visage d'Anne qui tombe à terre, et l'oreiller pour l'achever. Raconter aussi Antoine, qu'il prend par la main pour l'amener au bord du lac, et la tête de l'enfant qu'il maintient sous l'eau jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. » « Dans son esprit, l'enfant était mort », précise très clairement Pierre Sennes, procureur de la République de La Roche-sur-Yon.
Dans son bureau, il a vu quelqu'un de « très éprouvé, abattu, brisé ». Un homme qui dit avoir « paniqué » au moment des faits.
Quelle veulerie! Quelle comédie répugnante! A-t-il eu au moins quelques mots de remords?
Mais également un homme qui a pris le temps de se changer avant d'empaqueter ses vêtements et d'aller les brûler au bord d'une rivière. Il y a là « le souci de dissimuler ses traces », pour le magistrat. Tard hier soir, Hornec a été mis en examen et écroué pour « homicide volontaire » sur sa compagne et « tentative d'assassinat » sur Antoine. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Mais il ne risque pas la mort !
Le Parisien 03 juin 2008