Né en Seine-Saint-Denis, Franco-Tunisien, économiste de formation, docteur de l’Institut d’études islamiques de Paris, Lotfi Bel Hadj est devenu entrepreneur. Son rêve ? Qu’un jour notre pays ait le courage « d’afficher fièrement le halal made in France ».
Pourquoi ? Parce que le marché halal, « c’est une caverne d’Ali Baba ». Au niveau mondial, son chiffre d’affaires annuel s’élève, en effet, à presque 700 milliards de dollars et pourrait représenter 2.000 milliards par an en 2025. Et bien davantage en 2050 puisque, selon l’enquête américaine du Pew Research Center, les musulmans seront 2,76 milliards (1,6 en 2010), en quasi-égalité avec 2,92 milliards de chrétiens (2,17 en 2010).
Et forte d’un marché français estimé entre 5,5 et 7 milliards d’euros par an – environ deux fois plus que celui du marché bio – avec une croissance de 17 % chaque année, pour Lotfi Bel Hadj, la France a une carte à jouer en exportant ses produits labellisés halal, non seulement en Europe, dans les pays arabes, mais surtout en Asie, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, lesquels représentent 43 % de la population mondiale. À la France d’assumer « son évolution » :
« On ne peut pas avoir fait venir autant d’immigrés de pays différents et penser conserver toujours les mêmes us et coutumes. Le halal a vocation à devenir un produit de tradition française […] » D’ailleurs, « les nouvelles générations clament leurs droits haut et fort. » Il paraît, selon M. Bel Hadj, que c’est « un témoignage supplémentaire de leur francité ». Même qu’ils n’oseraient pas revendiquer leurs droits dans les pays arabes parce que « la plupart du temps, ils ne le font pas car ils sont réprimés ». Quels droits seraient interdits en terre d’islam qui sont si facilement accordés en France ? Certainement pas celui de manger halal, en tout cas. Changer de religion, afficher son homosexualité, ne pas porter la burqa, peut-être ?
Le halal, un énorme business mondial, donc. En vrac : viande, eau, Coca-Cola, Bounty, Mars, médicaments, cosmétiques, whisky, hôtellerie, produits érotiques « charia-compatibles », etc. Il présente, aussi, un certain nombre d’autres avantages.
D’abord, l’abattage rituel ferait moins souffrir que l’électronarcose. À regarder de près le premier, ce n’est pas évident…
Ensuite, il coûte bien moins cher que le casher, la certification rapportant 10 à 15 centimes le kilo : il permet, ainsi, le financement des mosquées. Il est vrai qu’en prévision de 2.500 mosquées supplémentaires, le développement s’impose.
Enfin, on apprend que manger halal ne signifie pas uniquement éliminer porc et alcool, « c’est aussi un degré supplémentaire de contrôle qui exclut, par exemple, le travail des enfants de moins de huit ans […] » M. Bel Hadj n’a donc aucun état d’âme à placer la loi islamique au-dessus de la loi française, ni à mettre au turbin des enfants entre 8 et 16 ans.
Le discours communautariste opposant sans vergogne le halal (permis) et le haram (interdit) de l’homme d’affaires fait flipper ? À tort, parce que pour Lotfi Bel Hadj, ce qui est capital, c’est le « vivre ensemble ». La preuve : « la tradition française ne passe-t-elle pas par manger ensemble ? » Cela va être difficile…