L'ourse slovène Franska a été accidentellement tuée hier sur une route des Pyrénées. Cette mort relance le débat sur les espèces protégées, placées au coeur d'une polémique que l'Etat ne parvient pas à apaiser.
Après avoir défrayé la chronique ces derniers mois, l'ourse Franska a connu une triste fin, hier à l'aube sur une route des Pyrénées, près de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Capturé en Slovénie puis relâché sur le sol français en avril 2006 avec quatre congénères, le mammifère, dont les attaques régulières de brebis exaspéraient les éleveurs, a été successivement percuté par deux voitures hier matin vers 6 h 30.
Survenant un an après la chute - apparemment - accidentelle le 25 août 2006 d'une autre ourse slovène, Palouma, la mort de Franska, qui avait tué 150 brebis depuis le printemps, relance inévitablement la polémique sur la réintroduction de ces plantigrades dans les Pyrénées.
La sottise des utopies écologistes: la biodiversité à tout prix aboutit au triste massacre d'espèces protégées et "symboliques" de l'Europe, telles que les ours. Pendant des siècles, les bergers des Pyrénées ont chassé et abattu les ours qui décimaient leurs troupeaux. Mais voilà qu'on les réintroduits, après les avoir arrachés à leurs forêts natales de Slovénie où ils vivaient tranquilles, en enfants de la nature.
L'ourse Franska avait l'habitude de traverser la route à l'endroit précis où elle a été percutée par deux voitures. Ses habitudes et ses horaires étaient connues des gens du coin. De là à penser que cet accident n'en est pas tout à fait un...
Il y a peut-être dans la montagne des petits qui cherchent leurs mères... Ces oursons qu'on aime tant quand ils sont en peluche!
Les vrais responsables de la mort des ourses, ce ne sont pas les bergers-éleveurs, ce sont les écologistes inconscients des drames qu'ils vont provoquer inévitablement. Ce n'est pas derrière un bureau ministériel qu'on décide de la réintroduction de grands prédateurs dans un territoire civilisé, habité, avec fermes et villages, tel que le Béarn. L'existence même de cette route à deux voies très fréquentée prouve que l'environnement n'avait rien de sauvage et ne convenait absolument pas aux lâchages d'ours.
Et si on laissait la Nature en paix?
Quelques repères:
1979 et 1992. La convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et des habitats naturels de l'Europe ainsi que la directive européenne Habitats imposent aux pays signataires d'assurer sur leurs territoires la survie des quelques populations d'espèces à protéger.
1996 et 1997. Premier plan de réintroduction de l'ours en France. Trois ours, originaires de Slovénie, sont lâchés dans les Pyrénées. Il s'agit de deux femelles, Giva et Melba, et d'un mâle, Gyros.
En 1997, Melba est tuée par un chasseur.
1er novembre 2004. Canelle, la seule femelle plantigrade de source pyrénéenne, est abattue par un chasseur.
25 avril 2006. Deuxième plan de réintroduction. Malgré une mobilisation des militants anti-ours, une ourse slovène, Palouma, est lâchée dans les Pyrénées en avril. Une deuxième ourse, Franska, lui succède plus discrètement, puis c'est le tour, entre avril et août, de trois autres plantigrades : deux femelles, Sarousse et Hvala, ainsi que Balou.
2 juin 2006. Le conseil général des Hautes-Pyrénées vote une motion demandant l'arrêt du plan gouvernemental de réintroduction de l'ours.
25 juillet 2007. « Le Canard enchaîné » révèle que Franska, censée avoir 7 ans, serait en réalité âgée de 17 ans. Dès le lendemain, l'information est confirmée par le gouvernement.
26 juillet 2007. Réunion sur la présence de l'ours dans les Pyrénées. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, rencontre pro et anti-ours. Ces derniers sont exaspérés par les attaques répétées de Franska sur les troupeaux de moutons.
9 août 2007. Franska est tuée par une voiture (deux, en fait).