Plus de deux mois après la première manifestation des Gilets jaunes, je dois constater que je n’ai guère répondu à ma question en titre si j’en crois celui, quasiment identique, de ma première intervention sur le sujet sur Boulevard Voltaire, le 4 novembre 2018 : 17 novembre 2019 : fronde des automobilistes ou nouvelle « Révolution » française ? Alors même que la dénomination Gilets jaunes n’avait pas encore eu droit de rond‐point (et de cité plus tard).
Je la réitère donc, un peu différemment puisque la fronde ne se limite plus à contester le prix du carburant.
Les origines du mouvement
Selon le journal Libération, c’est Ghislain Coutard, 36 ans, mécanicien à Narbonne, qui serait l’inventeur involontaire du nom en appelant, le 24 octobre 2018, « tous les automobilistes en colère à déposer un gilet jaune sur leur tableau de bord. » et ce sont« deux chauffeurs routiers et une vendeuse en ligne de cosmétique bio, tous originaires de Seine‐et‐Marne » qui avaient lancé le 15 octobre une pétition contre la hausse du prix des carburants.
Les jacqueries
Les jacqueries qui se sont répétées tout au long de l’Histoire de France furent des émeutes provoquées pour des motifs essentiellement d’ordre matériel : famines, excès d’impôts et taxes qui s’accompagnent d’une arrogance et d’une désinvolture affichées des nantis, seigneurs, bourgeois ou gouvernants, selon les périodes et les situations. Nous étions bien, à l’origine des Gilets jaunes, dans ce contexte. Cette nouvelle jacquerie (qui n’est pas près de s’éteindre) ne tranche pas, sous un certain aspect, avec les précédentes : c’est toujours l’opposition des campagnes à l’État central (les « Jacques » étaient des paysans, comme les appelaient les gens des villes). Cette opposition était due au fait que nos gouvernants n’avaient pas pris en compte l’importance de l’automobile comme moyen de transport presque exclusif dans les « provinces », comme on disait sous l’Ancien régime ( ou « en province », comme on dit à Paris actuellement), surtout après le démantèlement par les gouvernements successifs depuis des dizaines d’années de tous les services publics pour les regrouper ( quand ils le sont) parfois à des dizaines de kilomètres de son lieu d’habitation. Rappelons que la « province », c’est 45 millions d’habitants contre 15 pour l’ensemble des grandes agglomérations urbaines.
Quelles sont les forces en présence ?
D’un côté, le gouvernement. Sa position et son projet concernant le bras de fer en cours avec les Gilets jaunes sont clairs ; le gouvernement utilisera la même méthode éprouvée par ses prédécesseurs pour mater les jacqueries des siècles passées : la répression par sa police, en y ajoutant – c’est la « modernité » – la désinformation pratiquée par les médias à ses ordres.
Un Macron sans états d’âme
Le président Macron ne changera rien à la feuille de route qu’il s’est fixée, feuille de route qui n’a rien d’original puisqu’elle s’inscrit dans le grand mouvement mondialiste (auquel il semble adhérer avec délectation) de désintégration des nations, de leurs peuples, et de leurs cultures traditionnelles. Il agira sans sourciller, sans états d’âme contre la révolte des Gilets jaunes, avec les moyens policiers qui sont mis à la disposition d’un État démocratique qui flirte dangereusement avec le totalitarisme, sachant qu’il pourra, en fin de compte, se poser en défenseur de l’ordre « républicain », quitte à jeter de l’huile sur le feu si nécessaire, à manipuler les Gilets jaunes de toutes les manières possibles, y compris en inspirant la création de listes aux européennes et en espérant que le mouvement finira par s’essouffler ou s’achever, quoi qu’il en soit, après les résultats des élections européennes.
De l’autre côté, les Gilets jaunes : là, les tentatives de mettre en place un outil prospectif sont vouées à l’échec du fait que les Gilets jaunes constituent un agrégat protéiforme d’individus, de revendications diverses, de mots d’ordre et de méthodes qui le sont tout autant pour les faire aboutir. L’un des aspects qui nous paraît positif est l’extraordinaire détermination qui caractérise la plupart des révoltés.
Persistance du vieux fond gaulois
Les premiers samedis (puisque les manifestations, par routine, se font désormais le samedi) avaient quelque chose de magique et de festif ; les rassemblements autour et sur les ronds‐points permettaient la rencontre amicale et chaleureuse de Français de tous âges et de toutes conditions, comme si se réveillait un vieux rêve enfoui sous des tonnes de béton et de technocratie, comme autant de places de village où règne encore un esprit communautaire, comme autrefois, du temps où existait encore un peuple français et une nation française. Rappelons la définition du mot « nation » : « ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire et ayant une communauté d’origine, d’histoire, de mœurs et, souvent, de langue. » (Larousse). La relative homogénéité ethnique des Gilets jaunes pouvait même nous faire penser à la persistance d’un vieux fond gaulois, les « réfractaires », comme les a si bien définis leur principal ennemi. Un Gaulois est un rebelle permanent.
Cependant, nos ancêtres les Gaulois, s’ils étaient vaillants au combat, n’ont jamais brillé par leur persévérance et leur discipline ; Vercingétorix qui a voulu les rassembler contre l’ennemi romain en a fait les frais, et nous aussi, leurs descendants, par la même occasion. Ce qui distingue les Gilets jaunes de leurs ancêtres, c’est qu’ils ont pour eux une détermination et une constance sans faille.
Récupération en cours du mouvement par l’extrême-gauche
Le motif de ces rassemblements, à l’origine, était d’ordre purement matériel, très ciblé au début sur la hausse du prix des carburants et, petit à petit, agrégeant d’autres revendications toujours et uniquement dans le domaine fiscal et social, ressemblant fortement aux habituelles revendications syndicales ; il convient de remarquer que les syndicats n’ont pas jugé utile de se joindre au mouvement, du fait même de leur accointance avec le régime en place qui en nourrit substantiellement les dirigeants. Par la suite, le mouvement a été contenu dans cet unique domaine, malgré quelques timides tentatives de lui donner un caractère plus identitaire.
Macron a traité les Gilets jaunes de racistes, d’antisémites, d’homophobes, autant de qualificatifs récurrents dans la bouche des bobos de la France d’en-haut. Ces Gaulois Gilets jaunes savent à peine de quoi il s’agit. Ce n’est pas leur monde ni leur façon d’être, peu de peuples dans le monde sont moins racistes, antisémites, etc. que le peuple français. Ils sentent confusément qu’une autre France, une vraie France existe, ou avait existé, une France dont leur avaient parlé leurs parents mais l’Éducation nationale et la télévision les ont formatés dès leur plus jeune âge : ils n’ont plus d’idées très affirmées, pas de formation idéologique, politique, intellectuelle, spirituelle, pas d’esprit critique, peu de lucidité, pas de repères identitaires, plus de possibilité d’étudier l’histoire de leur pays, l’héritage laissé par leurs ancêtres, ils sont déculturés, dépersonnalisés, pacifiques à défaut d’être pacifistes (ce qui est déjà une idéologie), antiracistes, bisounours (on ne fait pas une révolution en se laissant crever les yeux et en agitant des petits ballons jaunes pour manifester sa réprobation). Les Gilets jaunes, ne disposant d’aucune carapace militante, donc la capacité de se prémunir de toute attaque d’ordre doctrinal et encore moins d’y répondre, sont vulnérables dans leur candeur et leur bonhomie et la proie de toutes les manipulations tordues venant du gouvernement ou de ses satellites gauchistes ou communistes en mal de reconnaissance qui s’infiltrent dans les cortèges et dans les sites internet créés par des groupes de Gilets jaunes, imposent leurs mots d’ordre et leurs slogans et récupèrent le mouvement pour le compte du mondialisme ou de l’altermondialisme, ce qui revient au même.
Nous verrons que les dirigeants des Gilets jaunes les plus médiatisés seront finalement récupérés ; on sent bien qu’ils n’ont pas assez de coffre pour contenir toute la force de revendications fondamentales. Cependant, certaines personnes qui se revendiquent des Gilets jaunes ont du talent, une grande lucidité et une grande force de conviction comme Komrad, dont nous ignorons jusqu’au nom(. Mais il n’est pas le chouchou des médias.
Prise de conscience inconsciente
C’est ainsi que cette prise de conscience inconsciente a été tuée dans l’œuf. Toutes les revendications fondamentales susceptibles de redonner une colonne vertébrale à la société française ont été très rapidement bannies des discours, des banderoles et des slogans, celle concernant le Traité de Marrakech (c’est-à-dire le problème de l’immigration et du remplacement de notre peuple par des hordes africaines) est à peine ébauchée, comme sont évacués les sujets sur la peine de mort, l’islamisation de l’Europe, sur la dictature des minorités (homosexualité, transgenrisme, transhumanisme, PMA, GPA et autres loufoqueries), sur le localisme, la mort de la paysannerie, le protectionnisme, le réveil identitaire, l’indépendance nationale, la tradition, la culture… la lutte contre le Système, la technocratie, l’uniformisation, l’agro-alimentaire chimique, la désertification médicale, la vaccination obligatoire, le mondialisme, etc. Subsiste par intermittence la seule revendication susceptible de réunir tous les Gilets jaunes : le référendum, que les gens de droite appellent « d’initiative populaire » et ceux de gauche « d’initiative citoyenne » mais dont le gouvernement ne veut pas, qu’il soit « populaire » ou « citoyen ».
Les Gilets jaunes sont des bisounours
Semaine après semaine, le même rituel se répète : des forces de police armées jusqu’aux dents et très agressives dispersent les manifestations pacifiques de Gilets jaunes dépourvus de moyens défensifs physiques et mentaux. Chaque semaine, les médias subventionnés ne parlent que de la violence des Gilets jaunes, alors que les réseaux sociaux ne nous montrent que des gens qui tentent vainement de se défendre contre les violences policières. Si les Gilets jaunes étaient violents, ils auraient déjà gagné face à une mobilisation permanente des forces de police épuisées (mais toujours motivées, à tel point qu’on se demande si elles ne fonctionnent pas au Captagon, ou si elles ne se nourrissent pas d’une haine radicale et incompréhensible contre leur propre peuple) ; les Gilets jaunes ont peur que la presse ne les montre comme des gens violents, alors, ils s’abstiennent de tous comportements qui pourrait ressembler à de la violence (voir la vidéo concernant l’infâme Muselier et le traitement débonnaire qui lui a été généreusement octroyé et qui est très significatif de cette démission(2),mais le mal est déjà fait : la presse les a déjà montrés injustement comme violents.
Les forces de police étaient, avant l’apparition du mouvement Gilets jaunes, désarmées par le syndrome Oussekine (syndrome créé par la presse du temps où elle était contre le gouvernement), elles ne le sont plus. Les Gilets jaunes, eux, sont désarmés par le syndrome Charlie‐bisounours‐vous n’aurez pas ma haine, créé par cette même presse maintenant au service du pouvoir mondialiste. Les dégradations des biens privés (vitrines et véhicules) et symboliques (comme la dévastation de l’Arc de triomphe) opérées par des casseurs casqués et masqués, Black‐blocs, gauchistes‐zadistes, en fin de journée, sont présentées comme l’œuvre des Gilets jaunes alors qu’il pourrait s’agir de provocations délibérées à même de servir la cause du gouvernement. Il convient de remarquer que les casseurs‐racailles de banlieue ont reçu la consigne de ne pas se manifester ; ils n’ont pas intérêt à le faire puisqu’il est entendu qu’ils sont protégés par les pouvoirs en place depuis des décennies, lesquels pouvoirs n’ont jamais employé contre eux les mêmes méthodes radicales de répression qu’ils utilisent contre les Gilets jaunes.
Élections européennes : Macron l’exterminateur
Pour en arriver à la fin de cette étude qui s’est efforcée de n’être qu’un constat de la situation présente en ce début de février 2019, il reste à risquer deux prospectives : l’une temporelle, l’autre géographique.
L’échéance temporelle concerne bien évidemment les élections européennes fixées au mois de mai.
Même si les Gilets jaunes semblent actuellement soutenus par une majorité de la population française, on sait bien que les Français soumis au matraquage permanent des médias « mainstream » ne réagissent pas toujours comme les instituts de sondages le laissent supposer, instituts de sondage dont la partialité ne peut faire aucun doute, puisqu’ils appartiennent eux aussi au Système et qu’ils sont tout aussi habiles que leurs complices médiatiques à déguiser la vérité et à renverser les tendances.
Cette rébellion circonstanciée et superficielle des Français – je parle ici du soutien apparent des Français aux Gilets jaunes, de ces Français spectateurs qui ne se risquent pas à manifester – fait largement place aux sorties des urnes à un comportement de bourgeois frileux qui ne tient compte que de sauvegarder un confort sans risque et un ordre établi, l’un et l’autre réels ou factices. Si les identitaires (concept global qui s’oppose le plus radicalement et le plus clairement à l’uniformisation mondialiste) ne parviennent pas à imposer leurs points de vue d’ici là, nous risquons fort de retrouver un Macron encore plus conforté dans son rôle d’ange – de Satan – exterminateur de nos peuples européens.
Une révolution planétaire
En réalité, la perspective qui nous semble la plus positive et durable du mouvement, et qui a été le plus largement sous‐estimée, est celle qui concerne son incroyable et rapide extension sur l’ensemble de la planète ; il s’agit ici alors d’un violent changement de paradigme, d’une nouvelle vision du monde, qui doit s’opposer à celle qui tente de se mettre en place. Sur l’ensemble de la planète, des citoyens se mobilisent pour des raisons très diverses contre leur régime (et même dans des pays aussi inattendus que l’Irak, le Burkina‐Faso, la Serbie, Israël ou la Jordanie) en revêtant eux aussi ce même gilet jaune qui n’était destiné, à l’origine, qu’à se faire signaler des autres automobilistes en cas de panne sur la route. Autant de petites bulles clairsemées qui paraissent inoffensives mais qui constituent finalement le contenu d’un chaudron qui bout.
Symboliquement, la personne qui porte un gilet jaune est alors un être humain en danger, quel que soit le pays qu’il habite.
Le pouvoir mondial qui se met en place et qui tente de faire de l’ensemble de l’humanité une masse d’esclaves coupés de leurs racines, malléables et corvéables à merci, et de la planète un désert lunaire, dépourvue d’animaux et de végétaux, est sur le point de réussir son opération avec la complicité de la quasi‐totalité des dirigeants de la planète, des mafias financières, médiatiques, bancaires et industrielles dont l’absence de scrupules, la malhonnêteté et l’aptitude au mensonge stupéfient les êtres les plus avertis et les plus lucides. Nous n’allons pas ici à nouveau évoquer Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou le 1984 de George Orwell(1).
Est‐ce le grand troupeau qu’on mène à l’abattoir qui s’affole, sentant déjà l’odeur du sang qui gicle sur les murs, et qui se met à bêler, qui tente d’échapper aux chiens de garde débordés qui ne peuvent plus le contenir ?
Ou ces manifestations éparses, désordonnées et timides sont‐elles le grondement sourd d’une vague de fond qui s’amplifie, les prémisses d’un tsunami qui va se gonfler inexorablement de tous les malheurs du monde et qui va tout balayer sur son passage ?
La révolution bourgeoise de 1789 en France avait donné le signal de la curée matérialiste qui allait envahir le monde. Elle était devenue le modèle de toutes les utopies sanglantes qui ont placé le monde sous leurs griffes et qui ont toutes échoué. La chute du mur de Berlin en 1989 fut le symbole de l’effondrement d’une dictature qui a duré 70 ans et qui a envoyé à la mort des dizaines de millions d’êtres humains. Le monde ignorait alors que la tyrannie communiste allait être rapidement remplacée par son double inversé. D’un totalitarisme à l’autre, le monde vit depuis sous la poigne de Big Brother, un système despotique qui, sous un déguisement de démocratie soft et de « mondialisation heureuse », comme dirait l’un de nos sinistres hommes d’État, vide lentement le monde de toutes ses raisons de vivre au profit de quelques individus assoiffés de pouvoir et d’argent.
Cette nouvelle révolution mondiale, si elle advenait, pourrait bien être le coup d’arrêt de cette dérive qui mène le monde à sa perte. Nous ne pouvons qu’espérer sa venue.
Pierre‐Émile Blairon
NdB: Un bel article à lire jusqu'au bout et à méditer