La Hongrie subit depuis quelques jours une vague de critiques et d’hostilité sans précédents, venant des institutions internationales, notamment financières, mais également de la presse française, toujours en pointe pour dénoncer les “atteintes aux libertés” et pour surfer sur les “printemps à venir”. Nous avons d’ailleurs vu ce que les printemps arabes, portés par la presse occidentale et française en première ligne, ont donné en terme de démocratie, avec le retour des islamistes, les exactions, les bombardements sur la Libye, etc.
Comme à son habitude dès lors que des dizaines de milliers de manifestants sortent dans la rue (laissant présumer que des millions d’autres sont chez eux et soutiennent peut être le gouvernement), on sent flotter les incitations à la révolution et les dénonciations pour “autoritarisme” ou pour “nationalisme” d’un régime qui n’écouterait pas les aboiements d’une petite minorité.
Pour rappel, l’assemblée nationale hongroise (qui a donc constitué le gouvernement actuel), a été élue démocratiquement, par les électeurs, sur un programme qui annonçait en partie les réformes constitutionnelles et fondamentales à venir. C’est donc un peuple qui a décidé de porter Viktor Orban au pouvoir (Fidesz), avec une majorité de 2/3 de l’assemblée, avec le Jobbik (droite nationale, 58 députés) comme alliés. Et cela n’en déplaise aux occidentaux, qui ont manifestement (l’exemple récent de la Russie le montre encore) du mal à accepter que des peuples puissent souhaiter de l’autorité, du pouvoir étatique fort et surtout qu’ils refusent la mainmise actuelle des banques et des institutions internationales sur leur propre terre, leur propre pays.
Les réactions de la presse internationale mais aussi et surtout des pays membres de l’UE à l’égard de la Hongrie ne sont pas sans rappeler le traitement dont avait été victime l’Autriche lorsque le FPÖ (droite nationale) de Jorg Haider était entré au gouvernement autrichien (menaces de sanction, boycott, traitement médiatique partial)
Si des pays de l’Union Européenne se montrent de plus en plus hostiles à cette institution et à toute la bureaucratie européenne , c’est avant toute chose que l’UE, au lieu d’être une vraie force économique, identitaire et sociale totalement indépendante est en fait totalement à la botte des banques et du FMI et à l’écoute totale des USA, qui , malgré leur dette colossale et leur économie au bord du gouffre, semblent encore avoir toute autorité pour faire la pluie et le beau temps sur le sol européen . Ils viennent d’ailleurs, par le biais de la “chef de guerre” Hilary Clinton, de condamner les réformes hongroises, comme ils condamnent la non reconnaissance du Kosovo par la Serbie, comme ils s’inquiètent de “dérives” autoritaires en Russie…
D’où la tentation souverainiste dans plusieurs pays qui ont rêvé l’Europe mais qui n’y trouvent que des institutions arrogantes, non représentatives des peuples car pour le coup non élues et surtout soumises à des intérêts qui ne sont pas ceux des européens, mais bien ceux de lobbys, de groupes d’intérêts voire d’Etats étrangers qui souhaitent avant tout la “mondialisation heureuse” et le règne d’une hyper-classe mondiale destructrice des peuples et des identités.
D’autre part, face à des peuples d’Europe de l’Ouest qui encensent en permanence “l’autre” et qui mettent en place des mesures permissives, en terme d’immigration, en terme de code de la nationalité, en terme d’éducation, en terme de politique familiale et sociale, il est rassurant de voir que de nombreux pays d’Europe de l’Est ne souhaitent pas que les rues de Budapest ou de Sofia se transforment et deviennent aussi “exotiques” que les rues de Paris, de Berlin ou de Londres, victimes d’un “grand remplacement”.
C’est donc suivant la volonté populaire que le gouvernement hongrois a souhaité modifier la constitution, afin de se donner les moyens de pouvoir gouverner et mener des réformes sur un laps de temps plus long (les français ont peut être du mal à reconnaitre qu’un quinquennat, c’est relativement court voir inutile pour mener des réformes jusqu’à leurs termes et que 9 années permettent sans doute de faire plus).
Voilà plusieurs réformes décidées par le gouvernement hongrois :
- La “République de Hongrie”, vestige de la “République populaire de Hongrie” devient simplement “Hongrie” avec une inscription “Dieu bénisse les hongrois” qui marque avant toute chose l’appartenance religieuse ultra majoritaire des hongrois à la religion catholique.
Cette réforme peut bien évidemment déplaire aux grands médias français, dont beaucoup de responsables de rédactions sont nostalgiques de l’Union Soviétique et/ou désireux d’effacer toute trace d’identité religieuse ou ethnique en rapport avec les Européens, cela sur le sol européen même.
- La constitution hongroise rend “rétroactivement responsables des crimes communistes” les dirigeants de l’actuel parti socialiste (descendant du PC). Les hongrois, contrairement aux européens de l’Ouest qui “s’amusent” façon Jean Paul Sartre, à la révolution, ayant vécu ce qu’est réellement le communisme et ne voulant plus jamais vivre cela.
Là encore, on comprend que cela déplaise à l’intelligentsia, nostalgique de l’URSS et qui n’a jamais accepté que l’on condamne les crimes communistes, qui ont pourtant coûté la vie à des dizaines de millions de personnes, faisant du communisme le totalitarisme le plus meurtrier.
- La nouvelle constitution décrète que l’embryon est un être humain dès le début de la grossesse et que le mariage ne peut avoir lieu qu’entre un homme et une femme. Si on traduit littéralement, cela signifie que les hongrois sont opposés à l’avortement (c’est donc leur choix) et qu’ils souhaitent que le mariage reste une union “sacrée” et particulière.
Difficile à comprendre dans des pays d’Europe qui incitent à pratiquer l’avortement aussi rapidement que l’on enfile un préservatif et qui réclament de toutes leurs forces (quand ça n’est pas déjà en vigueur, comme en Belgique) la possibilité de marier deux personnes du même sexe, puis d’élever des enfants. Une société occidentale qui a fait du mariage un acte “consommateur” et plus du tout sacré, qu’on peut annuler rapidement par le divorce simplifié (lire à ce propos le dernier livre de Guillaume Faye “Sexe et dévoiement” ), laissant sur le côté, victimes d’un système devenu fou, des enfants déboussolés, abandonnés et qui se veulent désormais rois. Le fait que la Hongrie refuse ce modèle de société, modèle qui détruit tout et qui entraine une perte totale des valeurs, ne plait pas à nos apprentis sorciers qui ne sont toujours pas sortis de leur révolution enfantine de Mai 68 (malgré les lourdes conséquences que nous subissons depuis de nombreuses années).
- Les médias d’opposition au Fidesz ont été mis de côté, laissant effectivement auguré d’un contrôle de l’opinion à sens unique.
Mais à la vue de la campagne anti-hongroise actuellement en vigueur en France et en Europe de l’Ouest, ne peut on pas là aussi parler de “médias à sens unique”, servant des intérêts bien définis et bien précis ? N’entend-on pas en permanence les mêmes discours, les mêmes analyses faites par les mêmes commentateurs toujours très “politiquement correct” (les déviants étant censurés, voir par exemple Bernard Lugan et Robert Ménard sur I-Télé, Eric Zemmour, etc.) ?
- Enfin, terrible réforme, à venir puisque le gouvernement hongrois a simplement nommé des “commissaires” qui seront chargés de veiller au bon fonctionnement de la banque centrale. C’est cette réforme qui fait bondir l’UE ainsi que les institutions internationales, qui estiment anormal que les États fassent de l’ingérence dans leur propre politique monétaire. Et qui préfèrent sans doute que des agents des plus grosses banques mondiales comme Goldman Sachs contrôlent les politiques financières des pays, comme ils le font désormais en Grèce, en Italie ou en Belgique.
Là encore, la presse internationale se précipite dans les bottes de ses maîtres et de ses patrons (vous avez dit presse “indépendante” ?).
Pour conclure, il est sans doute regrettable pour les Européens convaincus comme moi de la nécessité d’une grande Europe fédérale, d’un axe Paris-Berlin-Moscou, que des peuples de l’Est forts en soient encore amenés à des sursauts nationalistes et aient souvent tendance à vouloir se protéger de l’ensemble de leurs voisins européens. Mais l’Europe esclave qui se construit (ou se déconstruit) actuellement sous nos yeux ne peut séduire aucun Identitaire censé.
Et c’est peut être de la multiplication, dans toutes les régions d’Europe, de sursauts populaires, ethniques et volontaires forts, que prendra forme cette Europe de demain que nous appelons de nos vœux, pour que notre civilisation ne s’éteigne pas et pour qu’elle puisse encore rayonner de nombreuses années.
Yann Vallerie pour Novopress France
[cc] Novopress.info, 2012, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d'origine