PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER BEAUMONT | 14 Mars 2015, 18h19 | MAJ : 14 Mars 2015, 19h40
A une semaine du premier tour des élections départementales, la présidente du Front national accorde un entretien à notre journal.
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Dérapages de certains candidats, mesures appliquées en cas de victoire dans un département, négociations au 3e tour, les attaques du Premier ministre Valls, mais aussi les assistants parlementaires FN soupçonnés de fraude, les élections régionales, ou encore sa rencontre avec Madonna... Marine Le Pen n'élude aucun sujet.
Tous les sondages annoncent le FN en tête au premier tour. Mais au final, c’est l’UMP qui va gagner la majorité des départements. Tout ça pour ça ?
MARINE LE PEN. Non. Si la droite enregistre des gains de départements, ça ne sera que par effet mécanique d’alternance avec la gauche, comme depuis toujours, et seulement grâce à ses élus de terrain. Mais tout cela est en train de changer. Vous verrez qu’au final, nous aurons beaucoup d’élus.
Combien ?
Je ne fais pas de pronostics. Mais si les Français le veulent, cette victoire aura lieu.
Si vous gagnez un département, cela changera quoi ?
Ce serait un résultat fondamental. Cela permettra d’apporter une réponse précise et factuelle à la campagne de dénigrement perpétuelle, cette campagne de catastrophisme visant à dire que si le Front national gagne il va pleuvoir des grenouilles et les rivières vont se transformer en torrents de sang. Ca sera l’inverse.
Quelles seraient les premières mesures d’un département géré par le FN ?
Nous commencerons par faire un audit pour lutter de la manière la plus sévère contre les gaspillages. Tout cela pour dégager des économies et stopper l’inflation fiscale ininterrompue depuis des années. Nous mettrons aussi en place, avec les organismes concernés, des méthodologies pour traquer les fraudes, notamment celle du RSA. Cela permettra par exemple en retour de revaloriser l’allocation personnalisée pour les personnes âgées.
«Sur 7650 candidats, il peut exister des brebis galeuses»
Lors du troisième tour là où le FN sera en situation d’arbitre pour l’élection des présidents de département, vous négocieriez avec l’UMP... ou le PS ?
Nous ne négocierons rien. Mais nous nous ferons de la politique. Ceux qui réclameront nos voix devront s’engager sur quatre ou cinq points. Comme le refus absolu de toute augmentation des impôts ou la lutte contre le communautarisme. Si la personne signe, nous participerons à son élection et sa victoire. Mais sans participer à l’exécutif. En clair, nous ne négocierons pas de vice-présidence en retour.
Tous ces candidats FN épinglés pour des propos racistes, antisémites ou xénophobes, cela fait tache, non ?
C’est caricatural ! 0,1 % des candidats ont tenu des propos qui se sont avérés soit condamnables, soit contestable du fait de leur qualité de candidat. Ils ont été systématiquement suspendus et seront traduits devant la commission de discipline du Front national qui, en général, est extrêmement raide.
En attendant, ils restent candidats...
C’est vrai, et M. Tron (Ndlr, l’ex-secrétaire d’Etat UMP renvoyé devant les assises pour viols et agressions sexuelles) aussi est candidat ! Quoi qu’il en soit, nous prenons nos responsabilités : sur 7650 candidats chez nous, il peut exister des brebis galeuses. Et on ne peut pas leur retirer leur candidature car les bulletins sont déjà déposés en préfecture. Mais nous serons irréprochables par rapport à ces dérapages. Et si la commission d’investiture les exclut, et que ces candidats sont élus entre temps, ils siégeront sans étiquette.
Les récents sondages montrent que l’UMP se rapproche de vous au premier tour. Cela vous inquiète ?
Non. La vérité, c’est que la droite se porte très mal. Il n’y a plus de direction, plus de vision, plus d’imagination ni de volonté. Mais que des batailles d’égos et un Nicolas Sarkozy qui a perdu la gagne, qui n’est plus que l’ombre que de lui-même. Les divergences de fond qui existent entre les dirigeants et la base ne vont cesser de s’agrandir. On va le voir un peu aux départementales, et beaucoup aux prochaines régionales.
«On connaissait Max la menace, il y a maintenant Valls la fureur»
Pensez vous que Sarkozy sera candidat en 2017 ?
Il n’ira pas jusqu’au bout. Chaque jour qui passe, il est de plus en plus contesté et de moins en moins attendu dans son camp. Je vois mal ce qui pourrait inverser cette tendance.
Valls vous étrille depuis plusieurs jours, et il vous met au centre du jeu dans cette élection...
Je n’ai besoin d’aucune aide. On connaissait Max la menace. Il y a maintenant Valls la fureur, qui en toute circonstance éructe sa haine contre nous. C’est lui qui jette les Français les uns contre les autres, alors qu’il est censé être le Premier ministre de tous. Or, on voit surtout qu’il est clairement en campagne pour son parti en ce moment. Donc, si le PS prend une déculottée aux élections, il faut que Valls... valse.
François Hollande a déjà annoncé qu’il resterait...
Donc, quoi qu’il arrive, on peut tout se permettre en politique ? Quel que soit le signal envoyé par les Français, le président de la République annonce déjà qu’il n’y aura strictement aucun changement? J’attends un minimum de respect pour le résultat des urnes.
Vous avez été épinglée à propos de vos assistants parlementaires européens. Vous récusez ces accusations, mais le fait est qu’on ne voit jamais certains de vos collaborateurs au Parlement...
Il ne sont pas là pour travailler pour le Parlement, mais avec leur député européen. On peut avoir une responsabilité politique et avoir comme travail celui d’assistant parlementaire. De la même manière qu’on peut avoir une responsabilité politique et être pilote de ligne, boucher ou chef d’entreprise. Et je note que concernant M. Schulz (Ndlr, le président du Parlement européen à l’origine de cette enquête), son assistant parlementaire accrédité s’occupe d’une agence de voyage liée à son propre parti. Ca c’est contestable !
Régionales : «Je prendrai ma décision dans les semaines qui viennent»
Allez-vous réellement déposer plainte contre Martin Schulz ?
Non seulement je vais le faire, mais tous les assistants parlementaires concernés le feront aussi pour dénonciation calomnieuse et diffamation.
Serez-vous candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie ?
Je suis une battante. En plus, j’ai beaucoup d’affection pour cette région et je sais pertinemment ce qu’il faut faire pour qu’elle aille mieux. Tout cela me pousse à vouloir mener ce combat. Je prendrai ma décision dans les semaines qui viennent. Mais ma problématique, c’est ce choc entre l’agenda présidentiel et celui d’une présidence de région qui nécessite un investissement total.
Si vous êtes candidate, vous aurez Xavier Bertrand face à vous. Ca vous motive ?
Je n’accorde pas assez de qualités à Xavier Bertrand pour que sa présence me motive. Lui ou un autre, ça ne changera pas grand chose. Et puis franchement, cette entrée en campagne brutale en cognant d’emblée si fort contre moi... ça me rappelle Mélenchon quand il est venu me défier à Hénin-Beaumont. A l’époque, ça ne lui a pas vraiment servi.
Répondrez-vous à la proposition de Madonna qui souhaite vous rencontrer ?
J’ai cru comprendre qu’elle allait revenir en France en fin d’année (Ndlr, en décembre pour deux concerts à Bercy). Je ferai contacter son entourage pour lui dire que, si elle veut donner suite à cette proposition, on peut se voir. Je répondrai à ses interrogations. Nous aurons une conversation entre femmes.
Le Parisien