14/09/2015 – MONDE (traduction NOVOpress d’un article de Globe and Standard)
En Europe, les réfugiés en provenance de la Syrie et l’Irak ont pris d’assaut les ferry-trains de l’Allemagne vers le Danemark. Mais une fois au Danemark, beaucoup ont refusé de descendre. En fait leur destination de rêve est la Suède, où les aides aux réfugiés sont plus généreuses. Quand les danois ont dit non, ils ont sauté hors des trains et sont partis en direction de la frontière suédoise en taxi, en bus ou à pied.
La Suède a la plus accueillante des politiques d’asile et les plus généreux programmes de protection sociale dans l’Union européenne. Prenons un réfugié typique, Natanael Haile, échappé de justesse la noyade dans la mer Méditerranée en 2013. Sa famille restée en Érythrée ne veut rien savoir sur les dangers de son périple. Comme il l’a dit au « New York Times », ils veulent tout savoir sur « sa voiture, les indemnités qu’il reçoit du gouvernement et ses plans pour trouver un emploi comme soudeur une fois qu’il aura terminé un stage de langue de deux ans. » Comme tous les réfugiés enregistrés, il reçoit une allocation mensuelle de plus de 600 €.
Les généreuses aides à l’immigration de la Suède sont à l’image d’un pays qui met en avant sa référence de morale sociale. Depuis 40 ans, l’essentiel de l’immigration en Suède a concerné autant des réfugiés politiques ou du regroupement familial, à tel point que les mots « immigré » et « réfugié » sont synonymes.
La Suède a pris davantage de réfugiés par habitant que tout autre pays européen, et ces immigrés – principalement du Moyen-Orient et d’Afrique – représentent maintenant environ 16 % de la population. Les principaux partis politiques, ainsi que les grands médias, soutiennent ce statu quo. Questionner ce consensus est immédiatement considéré comme xénophobe et haineux. Et aujourd’hui, toute l’Europe est étant invitée à être aussi généreuse que la Suède.
Alors, comment les choses se passent-elles dans le pays le plus respectueux de l’immigration sur la planète ?
En fait pas si bien, explique Tino Sanandaji. M. Sanandaji est lui-même un immigrant, un économiste né en Iran et parti en Suède alors qu’il avait 10 ans. Il a un doctorat en économie de l’Université de Chicago et s’est spécialisé dans les questions d’immigration.
Il y a un total manque d’intégration des réfugiés non-européens
nous a-t-il déclaré. 48 % des immigrés en âge de travailler n’ont pas de travail. Même après 15 ans passés en Suède, le taux d’emploi n’atteint qu’environ 60 pour cent chez les immigrés. La Suède a le plus grand écart de l’emploi en Europe entre autochtones et non-autochtones.
En Suède, où l’égalité est vénérée, l’inégalité est désormais solidement implantée. 42 % des chômeurs de longue durée sont des immigrants, a déclaré M. Sanandaji. 58 % des prestations d’aide sociale vont aux immigrants. 45 % des enfants avec la plus faible notation scolaire sont des immigrants. Les immigrés gagnent en moyenne moins 40 % des Suédois. La majorité des délinquants inculpés de meurtre, de viol et vol sont soit immigrés de première ou deuxième génération.
Depuis les années 1980, la Suède a eu la plus forte augmentation des inégalités de n’importe quel pays de l’OCDE
a déclaré M. Sanandaji. Ce n’est pas faute d’avoir essayé d’y remédier. La Suède est réputée en Europe pour ses efforts sur l’immigration. Ce n’est pas la faute non plus des nouveaux venus. Le marché du travail en Suède est à fort niveau de compétence, et même les Suédois peu qualifiés ne peuvent pas trouver du travail. « Alors quelle chance y a-t-il pour une femme de 40 ans venant d’Afrique de trouver quoi que ce soit ? » se demande tout haut M. Sandaji.
Le dogme en Suède est que si vous socialisez correctement les enfants des immigrants et des réfugiés, ils vont grandir comme des Suédois de souche. Mais cela n’a pas fonctionné de cette façon. Une grande partie de la deuxième génération vit dans des ghettos sous aides sociales. Les autres couches sociales sont parties et il y a une méfiance généralisée, ce qui rend la situation encore plus tendue. La ville de Malmö à forte majorité d’immigrés, juste en face du pont du Danemark, est un cas économique et social désespéré.
La générosité de la Suède lui coûte une fortune, à un moment où la croissance économique stagne. Le pays consacre maintenant environ 3 milliards par an pour l’accueil des nouveaux réfugiés – au lieu des 700 millions, il y a quelques années, nous précise M. Sanandaji. Et ils continuent d’affluer. La Suède accepte automatiquement les mineurs non accompagnés. « Nous devions accueillir 500 mineurs non accompagnés par an », dit-il. « Cette année nous en attendons à 12 000. »
Mais les problèmes d’immigration aiguë de la Suède apparaissent rarement dans les médias officiels. Les journalistes considèrent que leur mission principale est d’arrêter le racisme, et ils préfèrent ne pas apporter de mauvaises nouvelles. Malgré – ou peut-être à cause – de cette autocensure, le fossé entre les élites du système et les électeurs en matière d’immigration est maintenant un gouffre. Selon un récent sondage, 58 % des Suédois pensent qu’il y a trop d’immigration, a noté M. Sanandaji. Le groupe des Démocrates Suédois — anti-immigration — représente maintenant entre 20 et 25 % de votes.
La Suède est un cas d’école pour ceux qui pensent que l’Europe est capable d’assimiler des centaines de milliers d’immigrés qui assiègent le continent, et les millions d’autres qui sont désespérément prêts à les suivre dans leur sillage. L’argument selon lequel ces gens sont vitaux pour relancer l’économie – qu’ils créeront une croissance économique comme par magie et sortiront les Européens de leur déclin démographique – est un fantasme.
Les choses vont empirer avant de s’améliorer. Judy Dempsey, une analyste d’un think tank de de Berlin, a déclaré au Wall Street Journal,
l’Europe n’a pas encore rien vu en ce qui concerne la quantité ou les conséquences.
Pendant ce temps, le voisin danois a réduit de moitié les avantages pour les réfugiés et a passé des annonces dans les journaux libanais pour prévenir les candidats potentiels au départ. Les Danois ne veulent pas être une référence de morale sociale. Ils ne peuvent pas se le permettre.