Vergogna à tè chì vendi a terra !
Honte à celui qui vend la terre !
Lettre ouverte à messieurs Jean-Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse et à Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif de Corse.
Le 25 juillet 2018
Messieurs,
Le titre de ma lettre ouverte constitue, en plus d’être un slogan : honte à celui qui vend la terre, le fil rouge qui a présidé, dès le début de la prise de conscience du peuple corse, à toutes les revendications nationalistes, autonomistes ou indépendantistes.
Les vieux peuples, quand ils marchent sur leur terre, marchent sur des millions de morts
Chaque peuple authentique a le devoir de protéger et de préserver la terre de ses ancêtres. Comme le dit mon ami Pierre-Emile Blairon [1] qui milite, lui, pour sa région provençale :
« L’attachement aux traditions, aux paysages, aux arts, à la culture, à l’architecture paysanne, à la gastronomie issue des produits locaux, au patrimoine, aux langues originelles, même si elles sont en déclin : tout ceci représente tout simplement la conscience pour chacun de faire partie d’un peuple attaché à son sol et qui envisage un destin et des projets communs, qui vibre pour les mêmes mots forgés par le terroir et les mêmes musiques enracinées.
N’importe quelle terre n’appartient pas indifféremment à n’importe qui ni à tout le monde ; elle appartient au peuple qui l’a conquise, comme on conquiert un être aimé, qui l’a labourée, enrichie, soignée ; elle se mérite (il ne suffit pas d’y naître, et encore moins d’y habiter) et elle se respecte.
Les vieux peuples, quand ils marchent sur leur terre, marchent sur des millions de morts, des centaines de générations qui les ont précédés, qui reposent là où ils ont vécu, où ils ont combattu, leurs ancêtres qui ont défendu cette terre et pour laquelle ils sont morts. »
La Corse s’est faite tout au long d’une histoire tumultueuse, à l’époque où les puissances européennes cherchaient encore à fixer leurs frontières si possible en annexant les territoires voisins.
Au temps béni des colonies : les Corses du bout du monde
C’est finalement, après maintes péripéties, la Révolution française qui décréta la réunion de la Corse à la France le 30 novembre 1789 et c’est sous des gouvernements socialistes et républicains que l’aventure de la colonisation de peuplement sera lancée tout au long du XIXe siècle à travers le monde. De nombreux Corses, sans ressources et sans emploi sur l’île, assureront l’administration civile et militaire de ces colonies. Je suis descendant de l’un de ces pionniers méritants installé en Tunisie où je suis né et d’où j’ai été chassé. Je crois savoir que les parents de Jean-Guy Talamoni sont nés au Maroc.
Beaucoup de ces Corses sont rentrés au pays après la décolonisation, fiers de l’œuvre accomplie. Ils y ont été bien accueillis par leurs compatriotes, et c’est même grâce à ce retour qu’un nouvel élan a été donné au mouvement régional. La Corse fut le seul département « métropolitain » (mais oui, il y a toujours plus métropolitain que nous) à soutenir le combat des Européens d’Algérie où s’illustrèrent, là aussi, de nombreux Corses, comme Jean-Jacques Susini. D’autres Corses, au début du XXe siècle, avaient caché des Russes blancs chassés par les Bolcheviks ; le gouvernement français de l’époque n’hésitera pas cependant à rembarquer 1400 de ces Russes vers leur pays d’origine, les envoyant vers une mort certaine, tout comme le gouvernement gaulliste de 1962 renverra ou abandonnera des dizaines de milliers de harkis sur le sol désormais algérien, les vouant ainsi à une fin horrible.
Indépendantistes européens ou altermondialistes ?
Plusieurs milliers de Pieds-Noirs, pour la plupart vignerons, qui avaient perdu leurs biens en Algérie, ont pu mettre en valeur des terres corses restées jusque là incultes grâce à des subventions de l’Etat. S’ensuivra l’affaire d’Aleria au cours de laquelle s’illustra Edmond Simeoni, le père de Gilles, dirigeant de l'Azzione per a rinascita di a Corsica (ARC), protestant contre ces « occupations » de terres.
A partir de cet épisode, on commence à comprendre que le nationalisme des Corses indépendantistes de cette époque et, donc, de leurs héritiers dont vous êtes on ne peut plus directement, a peu de liens avec la vision à la fois généreuse et enracinée d’un peuple au caractère bien affirmé qui peut se permettre par là-même de porter haut ces valeurs auxquelles je faisais référence au début de ma lettre, celles qui ont permis à ces Corses d’accomplir leur devoir d’hospitalité à l’égard de ces Russes et de ces Européens d’Algérie.
Vos racines, messieurs, vous ne les puisez pas dans la sublimation de l’aventure des peuples de l’Europe qui a transporté notre force vitale et notre génie de par le monde, aventure dont beaucoup de Corses étaient au premier rang ; vous n’avez pas saisi l’importance et la nécessité d’une solidarité à l’échelle européenne des peuples enracinés dans leurs régions, solidarité que prônent un Salvini ou un Orbán pour reconstruire une nouvelle Europe, une véritable Europe des peuples, pour rester nous-mêmes et respecter le sacrifice de nos ancêtres à qui il a fallu des siècles pour construire les bases solides de notre avenir.
Vous êtes, Messieurs, les héritiers de cette Révolution française, cette République, accomplie par une coalition éphémère de racailles de l’époque alliées à des bourgeois uniquement soucieux d’accroître leurs revenus, vous êtes les représentants de cette mesquinerie française, oui, française, car elle n’est pas corse, jalouse de ses voisins, repliée, arc-boutée sur le moindre de ses privilèges. Et, en même temps, comme dirait votre Président, vous êtes universalistes, mondialistes ou plutôt altermondialistes, héritiers – décidément, vous allez être riches - des soixante-huitards, « Zadistes » actuels ou anciens hippies du Larzac, « occitans » déjantés, babas-cools fumeurs de cannabis, qui avaient trouvé dans le mouvement régionaliste un bon moyen de faire croire qu’il étaient attachés à une terre et à un peuple mais qui, en réalité, n’en poursuivent pas moins l’application de leur idéologie ringarde ; il y a bien longtemps que les peuples ont compris que Mao, Staline et Pol-Pot étaient morts et leurs utopies fumeuses et sanglantes avec. En fait, dans les actes, vous préférez aimer votre lointain plutôt que votre prochain, comme c’est le cas de nombre de mouvements pseudo-indépendantistes européens au premier rang desquels la Catalogne qui affiche sans complexe une préférence pour les clandestins africains en même temps qu’un rejet du tourisme européen (dont espagnol) qui se traduit par ces deux slogans apposés côte à côte : Refugees welcome, turist go home. 160 000 Catalans lobotomisés manifestaient le 18 février 2017 pour réclamer plus de clandestins sur leur sol.
Il est bien certain qu’un tourisme non maîtrisé et non éduqué peut aboutir à des catastrophes écologiques et patrimoniales, l’exemple de Benidorm en Espagne est édifiant, si l’on peut dire ; cependant, le tourisme est l’une des rares industries non délocalisables et basée sur un apport positif : lorsque des moyens énergiques et cohérents de communication culturelle sont mis en place, le tourisme est le principal vecteur de préservation du patrimoine sous toutes ses formes ; on ne vient pas visiter un pays si c’est pour trouver les mêmes constructions mondialistes et uniformisatrices que chez soi. Chaque pays a son originalité, son identité, à nulle autre pareille. Il n’en reste pas moins que des cultures voisines se ressemblent et se rassemblent, par le sang et le sol. Il convient de préférer son cousin à son voisin et son prochain à son lointain pour éviter tout conflit.
Quel intérêt pour le peuple corse d’accueillir les Africains de l’Aquarius ?
Vous avez proposé tous deux d’accueillir l’Aquarius, ce fameux bateau de « migrants » (qui sont en fait des clandestins pour la plupart Africains) dont le courageux Matteo Salvini a refusé l’accostage dans l’intérêt de son peuple. Vous l’avez fait sans demander l’avis des Corses. Cette démarche était non seulement inutile, mais aussi indigne.
- Quel intérêt de se mettre ainsi en avant au nom de la Corse dans un débat qui divise l’Europe entière ?
- Je suppose que vous savez parfaitement qu’il n’est pas raisonnable d’invoquer une quelconque générosité ou compassion pour de « pauvres gens qui ne savent pas où aller » ; cet argument n’est qu’une des nombreuses figures de style de la propagande mondialiste et on peut penser qu’arrivés à votre niveau, vous ne pouvez ignorer que ce matraquage est uniquement destiné à formater les foules européennes décérébrées pour permettre le remplacement de nos peuples éduqués et habitués à un certain confort par des masses d’esclaves africains qui serviront de main-d’œuvre à bas coût puisqu’ils n’ont aucune qualification.
- Vous n’ignorez pas que ces « pauvres gens », qui sont dans leur grande majorité des hommes africains dans la force de l’âge, payent chacun entre 3000 et 5000 euros pour leur passage en Europe ; il est impossible que ces gens aient pu réunir ces sommes qui sont colossales pour eux (et même pour beaucoup d’Européens), même en sollicitant toute la famille et tous les amis. Certains observateurs avisés supposent que des rabatteurs vont chercher au plus profond des bidonvilles qui entourent les grandes villes africaines ceux dont leur propre pays ne veut plus car ce sont pour la plupart des délinquants récidivistes. On peut imaginer que cet argent leur est fourni par de grands groupes financiers ou industriels qui s’entendent avec la mafia des passeurs et les ONG pour disposer de cet argent pour les uns et de ces masses de « migrants » taillables et corvéables à merci pour les autres. Vous savez parfaitement qu’il s’agit là de trafic d’êtres humains et de rien d’autre qui ait un rapport même lointain avec un sentiment charitable.
La plupart des grands dirigeants européens, pour une raison qui nous échappe encore, sont acquis au principe de remplacement de leurs propres peuples ; est-ce pour les imiter, pour tenter de rejoindre la cour des « grands » (qui ne sont véritablement eux-mêmes que des marionnettes) que vous avez choisi d’adopter cette attitude tout à fait irrespectueuse à l’égard des Corses ? est-ce simplement pour défier le gouvernement français qui, miracle !, n’a pas cru bon d’offrir un port à ce bateau ?
[1] http://www.nice-provence.info/blog/2018/01/12/paca-provence-alpes-cote-azur-grande-provence/
- Vous avez créé gratuitement et d’une manière complètement irresponsable un appel d’air irrémédiable - les clandestins s’en souviendront - même si, finalement, l’Espagne nouvellement socialiste a décidé de recevoir l’Aquarius et d’autres bateaux de passeurs pour ensuite rediriger les clandestins en partie vers la France.
- Comment pouvez-vous, d’un trait, supprimer tout le passé de votre peuple, ces millions d’ancêtres qui ont tant lutté pour vous donner une vie meilleure ? Comment osez-vous imaginer que vous pourriez les remplacer par des gens qui n’ont pas la moindre idée des sacrifices auxquels il a fallu consentir pour arriver à un stade de culture et de civilisation qui nous permet de profiter d’un environnement et d’un patrimoine que nos pères ont construit pierre à pierre ? En quoi ces Africains seraient-ils méritants pour arriver et profiter sans rien faire de ce que nous avons si ardemment et ardûment bâti ? d’autant plus qu’ils ont été incapables ne serait-ce que de maintenir en bon état ce que nous leur avons légué par la colonisation ; après avoir détruit cet héritage, ils devraient maintenant venir démolir le nôtre chez nous comme font les sauterelles qui sautent d’un champ cultivé à un autre après avoir dévoré le précédent ?
- Prétendre qu’ils ne seraient là que provisoirement n’est pas sérieux, personne n’y croit. Pour une population de 300 000 habitants qui comprend déjà 10% d’allogènes, principalement Marocains, toute nouvelle immigration serait suicidaire.
- Ainsi, ce slogan : honte à celui qui vend la terre ! que vous et vos prédécesseurs avez martelé pendant des années est désormais désuet, car on ne peut même pas l’appliquer à votre projet : vous ne voulez pas vendre notre terre, ni même la brader, vous voulez la donner à des gens qui n’ont aucune légitimité à la recevoir. Vous serez sans doute contents quand tout le monde en Corse parlera corse, mais ce ne seront plus que des Maghrébins et des Africains. Le peuple corse aura disparu.
Dominique Silvani, Corte