Notre-Dame-de-la-Garde inaugure son nouvel espace muséal de 350 m² avec un atelier didactique. Visite guidée
C'est l'histoire intime de cette vénérable basilique qui est proposée au coeur de ce nouveau musée. Mais attention, pas besoin d'avoir la foi pour savourer ce bel espace dédié à la Bonne Mère, et à travers elle à Marseille et à ses habitants. L'attachement à la Vierge dorée de presque 10 m qui orne le clocher, à ce fort, à cet édifice romano-byzantin dont la construction a duré près d'un demi-siècle, dépasse la religion. Pendant des mois, La Provence a suivi ce chantier incroyable de rénovation de l'ancienne bâtisse qui abrite le musée. L'inauguration a lieu aujourd'hui et le musée de Notre-Dame-de-la-Garde devrait vite connaître un franc succès.
Ex-voto et funiculaire
C'est Magali Chapus, en charge de l'inventaire et des milliers de pièces de la collection de la basilique, qui commente avec passion cette visite. "Nous avons conçu un parcours thématique, linéaire. Il fallait gérer le flux de visiteurs , sachant que l'on a 2 millions de touristes par an ! Nous proposons dans l'entrée un sas de transition pour permettre à tous aussi de se concentrer sur ce que nous allons transmettre." Une vidéo de diverses représentations de la Vierge, tour à tour à la peau noire ou blanche, tourne ainsi en boucle :"On veut toucher la corde sensible du visiteur en illustrant la maternité de Marie qui était avant tout une femme qui a eu un enfant." L'ascension démarre, symbolisée par quelques marches. Évidemment comme le musée est accessible aux handicapés, un ascenseur interne dépose aussi les visiteurs. "Depuis 8 siècles, cette colline est un lieu de pèlerinage. D'où cette pente progressive."
Face aux visiteurs, un mur de 200 ex-voto issus des réserves:"On les a choisis pour leur texte". Ainsi cette reconnaissance à la Bonne Mère, qui "nous a protégés dans l'abri de la rue des Fiacres". Réalisés après la 1re Guerre mondiale ou l'Indochine, ou suite à des événements personnels comme cet accident de voiture de... 1893, les ex-voto sont autant de témoignages, aux formes riches. L'histoire de la procession se poursuit avec la pente naturelle qui longe la paroi rocheuse laissée à nu pour rappeler que l'édifice a été construit sur un énorme rocher. Le blason de la basilique s'impose sur les énormes porte-cierges. Des vidéos permettent là encore de retracer ce que des générations de Marseillais ont connu: la procession du 15 août. "On a fait un vrai tri des images de l'Ina. On a choisi par exemple de revenir sur la bénédiction des motards". Les images en noir et blanc des deux roues ont un brin changé, mais la manifestation est restée la même. Puis, sur les murs du musée sont présentées les processions liées aux épidémies, de la Grande peste de 1720 à celles du 19e siècle.
Les images de l'Ina sont un beau témoignage, pagnolesque à souhait
Ensuite, ironie de l'histoire, c'est un joli clin d'oeil qui est fait au funiculaire d'Émile Maslin. Là encore, les images de l'Ina sont un beau témoignage, pagnolesque à souhait. "Je serais contente si des visiteurs se reconnaissent dans la vidéo qui date de la fin des années 60", note Magali Chapus, qui déplore que le seul vestige de l'ascenseur demeure... cet écrou exposé. La visite se prolonge avec la notion de vigie de Notre-Dame-de-la Garde :"C'était un lieu d'observation pour les navires avec ce promontoire naturel." Le retour est fait sur les textes historiques. Magali Chapus rappelle que malheureusement, il ne reste de la basilique plus aucun objet antérieur au 18e siècle puisque tout a été dérobé pendant la Révolution. "J'avais même vu sur e-Bay une vente de tableaux dont l'un avec une représentation qui ressemblait vraiment à la Bonne Mère. Mon rêve serait de récupérer certaines oeuvres. C'est un long et coûteux travail".
Et bientôt une boutique
Là encore, à côté d'une courte vidéo, le visiteur peut toucher les maquettes, l'une de l'ancien fort sous François 1er , construit pour faire face au château d'If, l'autre celle de la basilique actuelle. Le plus drôle c'est que le pont-levis, même s'il n'est plus d'époque, continue de rythmer l'accueil des badauds, fidèles ou non. À découvrir sans fin, les photos pendant l'Occupation, la caisse de munitions allemande, des oeuvres comme la Mater dolorosa de Carpeaux, la collection d'ornements et les incroyables ex-voto en plaques d'argent, ces oreilles, ces yeux, ces jambes et ces coeurs donnés à la Vierge. À venir, la boutique attenante :"On aura des produits dérivés comme... un foulard en soie !"
Tarif du musée : de 3€ à 5€ et gratuit pour les moins de 7 ans.
La Provence