Que l’on y soit favorable ou non, l’avortement est une épreuve dans la vie d’une femme. Au moment de prendre la décision cruciale, nombreuses sont celles qui cherchent des renseignements sur Internet. Pour répondre à leur interrogations, le gouvernement a décidé de mettre en place un portail d’informations qualifié de «neutre et de qualité» sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui sera effectif à partir de samedi.
Une façon de répondre à la multiplication des «faux» sites sur le sujet.
Une réponse aux lobbies
Une telle plateforme en ligne était une nécessité selon la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, «en réponse à la prolifération d’informations souvent trompeuses et culpabilisantes pour les femmes». En effet, plusieurs sites discrètement pilotés par des opposants à l’IVG ont fait leur apparition ces dernières années, témoignages dissuasifs à l’appui. Dans leurs en-têtes et leurs design, tout laisse à penser que ces sites sont très sérieux et bien renseignés. Leurs noms sonnent également très pro (ivg.net ; ecouteivg.org...) et ils apparaissent généralement en tête des recherches dans les moteurs type Google. Pour bénéficier d'un si bon référencement, les sites doivent payer, ce que peuvent difficilement faire de petites associations. De même pour se retrouver régulièrement dans les publicités ou publications suggérées (sponsorisées) que l'on trouve notamment sur le réseau social Facebook.
A y regarder de plus près, les «informations» issues d'études semblent systématiquement négatives. Sur les photographies d'illustration, les jeunes femmes paraissent toujours soucieuses. Et la majorité des articles et témoignages parlent de la dépression que peuvent ensuite ressentir les patientes. Certains sites vont même plus loin et profitent du sujet de l'IVG pour parler des «risques de la pilule». Difficile d'identifier les auteurs des articles, entre religieux et militants anti-avortement.
Des sites moins caricaturaux
Ces plateformes en ligne témoignent toutefois du changement de méthodes de ces lobbies: la plupart des sites ne blâment jamais directement l'avortement mais laissent plus subtilement le lecteur se faire une idée en fonction des documents mis à disposition. On est désormais très loin des commandos violents des années 1980. Il ne s'agit plus de changer la loi mais de dissuader les femmes d'y recourir. Certains assument même la mise en place de numéros d'écoute pour les femmes en détresse, comme les «pro-vies» d'Alliance Vita qui confirmaient en février dans Le Monde être derrière le site SOS bébé.
Le but est aujourd'hui d'être moins caricatural pour donner le change. Tout comme dans les manifestations anti-mariage gay, les enfants sont largement mis en avant. Prenant conscience de ces nouvelles menaces de communication, le gouvernement a souhaité offrir une information objective, avec l'évocation des risques mais aussi des progrès de la médecine dans ce domaine afin que chacune soit libre de faire son choix, en conscience.
Ce vendredi, à la veille de la Journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement, Najat Vallaud-Belkacem se rendra dans les locaux du Planning familial du 13e arrondissement de Paris pour y présenter l’ensemble des initiatives pour la protection de ce droit.
Le Parisien - 27/09/13