L'un des deux auteurs de la prise d'otages ce mardi dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), près de Rouen, au cours de laquelle un prêtre a été égorgé, a été formellement identifié.
Cet individu, Adel Kermiche, 19 ans, avait tenté deux fois de rallier la Syrie en 2015, selon les informations du Nouvel Observateur. Une première fois, en mars alors qu'il était mineur, il a entamé un voyage vite interrompu : il a été arrêté à Munich en Allemagne, renvoyé en France puis placé sous contrôle judiciaire au domicile de ses parents à Saint-Etienne-du-Rouvray.
En mai 2015, une fois majeur, il entame un nouveau périple, accompagné d'un ami d'enfance. Ils passent par la Suisse. Adel Kermiche embarque le 12 mai à l'aéroport de Genève-Cointrin avec la carte d'identité de son cousin, sur un vol en direction de la Turquie. Il est arrêté à l'aéroport d'Istanbul et renvoyé en Suisse où il est arrêté le 14 mai. Il fera un séjour à la prison de Champ-Dollon avant d'être extradé vers la France. Selon les journalistes de la Tribune de Genève qui avaient suivi l'affaire à l'époque, quand sa mère lui demande ce qui lui a pris, il répond simplement : «La France, ça m’saoule»… Adel Kermiche a été mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire 10 mois. Il a été libéré le 22 mars 2016 sous bracelet électronique.
Une fiche S «mise en sommeil»
D'après L'Express, le parquet antiterroriste avait fait appel de cette décision du juge de libérer le jeune homme, appel qui avait été rejeté. Selon Le Point, Adel Kermiche était assigné à résidence chez ses parents, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Même sous bracelet électronique, l'assaillant présumé avait droit à des horaires de sortie, de 8h30 à 12h30.
Selon Dominique Rizet de BFMTV, les policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) locale, ont identifié visuellement le jeune homme de 19 ans, bien connu de leurs services.
Libération, qui cite des sources policières, indique que le jeune avait été fiché S au moment de son départ en Turquie, mais la fiche aurait été «mise en sommeil» depuis qu'il était aux mains de la justice française.
«Ils se sont enregistrés»
Vers 9h30, les deux terroristes ont pris en otages cinq personnes qui se trouvaient à l'intérieur de l'église, tuant le prêtre et blessant grièvement un fidèle. Selon Sœur Danielle, la religieuse qui est parvenue à prendre la fuite pendant l'attaque, les assaillants ont forcé le prêtre à s'agenouiller avant de l'égorger. «Ils se sont enregistrés en train de faire une sorte de sermon arabe autour de l'autel», a détaillé la religieuse au micro de BFMTV.
Selon une source proche du dossier, ils auraient crié «Allah Akbar» à la sortie de l'édifice, avant d'être abattus par les forces de l'ordre. Les deux hommes avaient des armes blanches comme un couteau, «un vieux pistolet inopérant» et un «dispositif factice» faisant penser à des explosifs.
Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé que l'attaque avait été exécutée par deux de ses «soldats», selon l'agence Amaq, un organe de propagande de l'organisation jihadiste.
Aucun explosif découvert
Des opérations pour s'assurer que rien n'a été piégé et qu'aucun dispositif explosif n'avait été placé à l'intérieur ou autour de l'édifice ont été menées en début d'après-midi. Vers 16 heures, soit environ cinq heures après la fin de la prise d'otages, la police nationale a annoncé que l'opération de déminage et de sécurisation de la zone était terminée. Aucun explosif n'a été découvert. «La police technique et scientifique est maintenant au travail», a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur Pierre-Henry Brandet.
La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête, confiée à la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes, la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
LE PARISIEN