VIDÉO - Le magnat de l'immobilier remporte les cinq États mis en jeu mardi. La démocrate en gagne quatre contre un seul à Bernie Sanders.
Le fossé se creuse inexorablement entre favoris et seconds couteaux dans les primaires présidentielles aux États-Unis. Mardi, Donald Trump le républicain et Hillary Clinton, la démocrate, ont remporté haut la main le «Super Tuesday du nord-est», regroupant Pennsylvanie, Connecticut, Rhode Island, Maryland et Delaware. Et se rapprochent à pas comptés d'un duel homérique à l'automne, une fois le terrain dégagé pour eux, dans la course à la succession de Barack Obama à la Maison-Blanche.
Chez les conservateurs, Donald Trump s'affirme si besoin était comme l'incontournable favori à l'investiture, en s'imposant triomphalement dans les cinq États en lice. Il frôle 65% des suffrages dans l'État de Rhode Island, dépasse allègrement les 55% dans les quatre autres, reléguant systématiquement ses poursuivants à vingt, voire trente points. Avec 945 délégués sur les 1237 requis pour espérer décrocher sans heurts l'investiture républicaine en juillet, il ne semble ne plus pouvoir être menacé par le sénateur du Texas Ted Cruz, qui en compte 543, et encore moins par le gouverneur de l'Ohio John Kasich, qui n'en a glané que 152 jusqu'ici.
Depuis son quartier-général de campagne, dans le hall d'entrée de la tour Trump, sur la 5e Avenue, le magnat de l'immobilier entouré de ses proches et du gouverneur du New Jersey Chris Christie, ancien rival rallié, a répondu brièvement aux questions des médias, répétant ses positions les plus controversées, notamment sur l'érection d'un mur anti-clandestins à la frontière mexicaine, avant de s'en prendre à sa future et probable rivale, Hillary Clinton. «Elle n'est là que grâce au vote des femmes, a-t-il assené. Si elle était un homme, elle ne remporterait que 5% des voix! Elle tient grâce au vote des femmes. Et devinez quoi, les femmes ne l'aiment pas!»
Au-delà de ces rodomontades dignes d'un ring de catch, ce sport qu'il affectionne tant, Donald Trump s'apprête à formuler mercredi soir sa vision élaborée de politique étrangère, l'occasion d'un discours très attendu devant le National Press Club, à Washington, qui pourrait lui offrir une assise plus «présidentielle» que des primaires fielleuses et souvent très superficielles.
Les derniers espoirs de Sanders s'envolent
Chez les démocrates Hillary Clinton a elle aussi vécu une très bonne soirée, remportant largement quatre des cinq primaires en jeu. Elle ne concède que la modeste Rhode Island, battue par Bernie Sanders (42% contre 55% des voix). Elle enlève en revanche la Pennsylvanie par 55% contre 43% des voix, ainsi que le Connecticut (51% contre 47,2%), le Maryland (63% contre 32%), le Delaware (59,8% contre 39,2%). Au total, elle glane 72 délégués en une soirée, contre 59 à Sanders, et atteint désormais 2026 voix de ces délégués, dont 1524 qui se sont engagés à la soutenir formellement. Avec 1291 délégués au total, Bernie Sanders voit ses derniers espoirs de combler son retard sur sa rivale douchés, que plus rien ne semble devoir empêcher de décrocher l'investiture présidentielle hormis ses ennuis avec le FBI au sujet de l'utilisation de sa messagerie privée lorsqu'elle dirigeait le département d'État.
À six semaines de la fin des primaires, seule une poignée de scrutins peuvent départager la pondération respective des candidats, mais en aucun cas venir bouleverser l'ordre établi. Ted Cruz et John Kasich ont scellé une alliance contre nature, en convenant de recentrer leurs ressources sur différentes primaires: Cruz en Indiana (3 mai), Kasich dans l'Oregon (17 mai) et le Nouveau-Mexique (7 juin). Si ce dernier, exsangue financièrement, a promis de «faire le point» sur sa campagne après ce mardi, le premier soutient mordicus pouvoir s'imposer dans l'Indiana, malgré les dix points d'avance qu'y maintient Trump dans les sondages. Une nouvelle déroute contre le milliardaire new-yorkais, et l'option Cruz perdrait toute légitimité en vue d'une convention «contestée» en juillet à Cleveland. «Il a 500 délégués de retard et cinq millions d'électeurs de moins que moi, et il pense s'imposer à Cleveland?» moquait Trump, mardi soir, savourant pleinement sa victoire.
LE FIGARO