Me Gilbert Collard a laissé entendre samedi qu'il contesterait devant le tribunal correctionnel de Créteil, auquel sera soumise l'adaptation en droit français de la condamnation tchadienne des membres de l'Arche de Zoé, «une décision rendue par une justice totalitaire».
«La question qu'il va falloir se poser c'est: est-ce que les juridictions françaises vont accepter d'entériner une décision rendue par une justice totalitaire?», a déclaré Me Collard sur France Inter, à propos de l'audience prévue le 14 janvier à Créteil.
Le procureur de la République de Créteil, Jean-Jacques Bosc, a annoncé avoir saisi samedi le tribunal correctionnel pour qu'il «adapte» en droit français la condamnation à 8 ans de travaux forcés prononcée mercredi à N'Djamena à l'encontre des six membres français de l'Arche de Zoé.
M. Bosc a demandé la conversion de la peine en 8 années d'emprisonnement et l'audience publique, en présence des condamnés et de leurs avocats, est prévue le 14 janvier, a-t-il précisé. Pour Me Collard, cette conversion «est obligatoire, il faut que la juridiction soit saisie pour qu'il y ait la conversion des travaux forcés en peine de prison».
«Mais le débat est ailleurs», a-t-il poursuivi. «Est-ce que des juges français vont s'incliner devant une décision rendue par une cour criminelle qui n'a de cour criminelle que le nom, qui est la cour criminelle d'un Etat complètement arbitraire... ou alors est-ce qu'on va arriver à faire admettre que cette décision ne doit pas être validée parce qu'elle n'est pas conforme à la démocratie judiciaire?»
Antonia van Winkelberg, l'épouse du médecin de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) condamné au Tchad dans l'affaire de l'Arche de Zoé, «s'attendait à pire» en rencontrant son mari samedi matin à la prison de Fresnes.
Antonia van Winkelberg, jointe par téléphone, à la sortie de la prison, a pu rencontrer pendant deux heures son mari incarcéré depuis vendredi soir. Elle a confié que «Philippe est très amaigri».
«Nous avons pu parler de l'affaire, a-t-elle poursuivi, et il m'a confié que ce qui l'avait le plus choqué, c'étaient les réquisitions de l'avocat général qui se servait pour sa plaidoirie des articles de Paris Match. C'était hallucinant, m'a-t-il dit.
Alain Curzi, l'un des responsables du comité de soutien de Castellane, joint par téléphone et qui a été autorisé à rencontrer le médecin, l'a également trouvé «très bien, mais affaibli moralement». «Il reste cependant très combatif et nous a dit qu'il allait se battre et qu'il compte sur le comité de soutien et sur le village pour l'aider. Il comprend très bien que ce procès a été une mascarade avec un procureur qui s'appuyait sur des articles de presse».
(Source: Le Parisien- 29.12.07)