Michel Lhomme, philosophe, politologue ♦
Le premier ministre hongrois Viktor Orbán s’est rendu à Cracovie, en Pologne. Il a discuté avec le premier ministre polonais Beata Szydło sur le problème des migrations et a fait le 9 décembre un discours très remarqué à l’Est où il a parlé clairement d’une « Renaissance de l’Europe centrale ». Ce discours fut prononcé à l’Université Jagellonne pour commémorer le grand historien polonais Wacław Felczak, toujours inconnu en France.
Selon Viktor Orbán, l’Europe centrale vit une véritable renaissance, avec un développement et un renforcement dynamique. C’est aussi ce que nous pensons. Les Hongrois et les Polonais ont compris qu’ils doivent prendre leur destin en mains et qu’ils ont un occasion unique et historique de faire de l’Europe centrale la région la plus prospère de l’Europe et du monde.
Ils ont en effet l’occasion unique de déplacer le centre européen de gravité de Berlin à Varsovie et c’est bien à quoi semble travailler en réalité le groupe de Višegrad, (le V4) depuis le début. La défection de l’Autriche en raison du résultat des élections de décembre ne fera que retarder ce mouvement historique. Si dans le passé, les Habsbourg, les Allemands et les Soviétiques avaient aussi essayé d’organiser l’Europe centrale, c’est de nos jours, par l’entrisme européen au sein même de l’Union Européenne que le rêve de la Mitteleuropa pourrait se réaliser. Pour le premier ministre hongrois, les Polonais et les Hongrois ont un destin commun même s’il faut se rappeler ici qu’après la Seconde Guerre mondiale, les Hongrois étaient « du côté des perdants et des coupables », alors que les Polonais étaient « du côté des gagnants ». Tous deux eurent finalement le même sort : les Hongrois comme punition, les Polonais comme récompense. Ils furent occupés tous les deux par les Soviets et le communisme.
Le groupe de Višegrad pourrait aussi être un grand allié pour le glacis européen des pays Baltes et de Lituanie . S’il y avait un homme de l’année européen, ce serait Viktor Orbán par sa fermeté vis-à-vis du grand remplacement programmé et orchestré par les ONG via les pseudo »réfugiés » et par sa vision politique du groupe de Višegrad, sa contribution décisive à la renaissance de l’Europe centrale.
Sous Sarkozy, la France aura raté le coche de l’Union pour la Méditerranée, idée que nous avions pourtant défendu mordicus à une certaine époque mais qui fut sacrifié sur l’autel de la géopolitique par le financement corrompu d’une campagne électorale qui impliquait l’élimination de son pourvoyeur, le colonel Kadhafi et la riposte américaine des »révolutions arabes ».
Aujourd’hui, l’Union Européenne est plus que gênée par la Renaissance de l’Europe centrale. Elle ne s’y attendait pas et n’avait envisagée la grande intégration des pays de l’est européen que comme une grande acquisition financière. L’Europe actuelle construite sur la seule logique du marché conduira à la chute de l’UE, avec toutes les conséquences économiques qui auront un impact non seulement à l’Est mais aussi en Europe occidentale, au Sud et au Maghreb.
Coopérer avec les pays de l’Est et de l’Europe du Sud, avoir une conception réelle de la puissance européenne et du monde articulée autour d’une vision géopolitique nouvelle de l’Europe, c’est ce qu’attend François Fillon s’il venait à être élu, mais cette vision géopolitique suppose qu’il s’arrache de l’Europe du capital. En est-il réellement capable ?
C’est l’intérêt pourtant pour une fois du centre et de la périphérie. Il suppose la renaissance de l’Europe centrale mais aussi de l’Europe méditerranéenne (France, Italie, Espagne, Grèce) principales victimes des migrations planifiées comme arme de guerre.
Illustration : Pays du Groupe de Visegrad.
METAMAG
Un article intelligent et clair! Merci à son auteur.