Nicolas Sarkozy a estimé jeudi 3 mars au Puy-en-Velay (Haute-Loire) que la "chrétienté a laissé" à la France "un magnifique héritage de civilisation", en ajoutant : "président de la République laïque, je peux dire cela".
"Cet héritage nous oblige, cet héritage, c'est une chance, mais c'est d'abord un devoir, il nous oblige, nous devons le transmettre aux générations, et nous devons l'assumer sans complexe et sans fausse pudeur", a expliqué le chef de l'Etat.
"La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation", a poursuivi Nicolas Sarkozy, en ajoutant: "président de la République laïque, je peux dire cela". Pour lui, le "premier devoir" est de "conserver et restaurer" cet héritage, une "mission, a-t-il promis, "à laquelle l'Etat ne peut et ne doit se dérober".
"C'est lui qui nous inscrit dans le temps long d'une histoire multiséculaire. (...) protéger notre patrimoine, c'est protéger l'histoire de la France, défendre les signes les plus tangibles de notre identité", a-t-il dit.
"Sans identité, il n'y a pas de diversité"
Citant Claude Lévi-Strauss, il a fait valoir que "l'identité n'est pas une pathologie". "Sans identité, il n'y a pas de diversité", a-t-il ajouté. "A l'origine de la diversité, il y a les identités. Ce n'est pas faire preuve de fermeture de croire en son identité. Il ne faut pas opposer identité et diversité (...) Pour comprendre la diversité, il faut respecter l'identité", a insisté le chef de l'Etat.
Mettant en exergue l'"apport de la chrétienté à notre civilisation", Nicolas Sarkozy a estimé que le "désir de vivre ensemble" devait s'accompagner de la "volonté de faire vivre l'héritage, ce qui nous demande de l'assumer intellectuellement, moralement et politiquement".
"Il n'y a aucune raison à ce que nous soyons les seuls dans le monde à ne pas assumer cet héritage" qui "n'oblige personne à partager la foi des milliers de pèlerins". "Personne n'est prisonnier de l'histoire de son pays, mais il est toujours dangereux d'amputer sa mémoire", car "l'ignorance de soi conduit rarement à l'estime de soi".
"La France ne doit pas oublier ce qu'elle est et ce qu'elle fut parce que le monde change", a dit encore le chef de l'Etat.
Haut-lieu du catholicisme
Ce déplacement dans un haut-lieu du catholicisme intervient alors que l'UMP doit lancer, avec le feu vert du chef de l'Etat, un débat sur la laïcité et la place de l'islam qui suscite des réserves dans les rangs de la majorité.
Le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a estimé mercredi soir que la France devait "assumer son identité, son histoire et ses racines chrétiennes", ajoutant que ce serait le message de Nicolas Sarkozy jeudi en Haute-Loire.
S'il a jugé "nécessaire" de "réévaluer le principe de laïcité et son application pour tenir compte des évolutions de la société française", le Premier ministre François Fillon a déclaré qu'il s'opposerait à ce débat s'il devait conduire à "stigmatiser les musulmans de France".
Principal promoteur de ce débat, le patron de l'UMP Jean-François Cope avait assuré mardi qu'il porterait en fait prioritairement sur "le pacte républicain" et "la laïcité" et qu'il n'avait "rien à voir" dans la méthode avec le débat sur l'identité nationale lancé en 2009 par le gouvernement.
(Nouvelobs.com) - 03 mars 2011