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TEHERAN (Reuters) - Plusieurs dizaines d'étudiants ont envahi mardi deux bâtiments de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran pour protester contre la nouvelle série de sanctions imposées par Londres à l'Iran, selon des images retransmises en direct par la télévision d'Etat.
Selon l'agence Fars, six membres du personnel de l'ambassade qui avaient été pris en otages par des manifestants ont été libérés à la suite de l'intervention des forces de sécurité iraniennes.
Les manifestants ont escaladé les grilles du bâtiment principal de la mission, brûlé l'Union Jack et hissé à la place le drapeau iranien, selon l'agence de presse Mehr. Une fois à l'intérieur, ils ont jeté des dossiers par les fenêtres et lancé des cocktails Molotov.
Des affrontements ont éclaté plus tard entre la centaine de manifestants encore massés devant la mission diplomatique et la police qui tentait de disperser les protestataires en tirant des grenades lacrymogènes, selon l'agence Fars.
Un autre groupe de manifestants est parvenu à pénétrer dans une annexe de l'ambassade située dans le nord de la ville et s'est emparé de documents confidentiels, selon l'agence de presse Irna. Le personnel de l'ambassade a réussi à fuir quelques minutes avant l'intrusion des manifestants.
"Les forces de sécurité ont pu fermer les portes et ils ne laissent personne entrer", rapporte Irna.
Selon l'agence Isna, près de 200 personnes se trouvent à l'extérieur du bâtiment situé dans le jardin Qolhak.
A Londres, les autorités britanniques ont appelé leurs ressortissants en Iran à rester chez eux.
Le Foreign Office s'est dit scandalisé par cette intrusion dans les bâtiments de la représentation britannique et par les déprédations commises par les jeunes manifestants à l'intérieur du bâtiment.
"Il y a eu une intrusion d'un nombre important de manifestants dans les locaux de notre ambassade, avec notamment des actes de vandalisme", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous sommes scandalisés. C'est totalement inacceptable et nous condamnons (cet acte)."
"Nous nous attendons à ce que les autorités iraniennes agissent le plus rapidement possible pour reprendre le contrôle de la situation et assurer la sécurité de notre personnel et de nos locaux", ajoute le communiqué.
Un responsable du gouvernement iranien a affirmé que les autorités n'avaient rien à voir avec cette attaque contre la mission diplomatique britannique.
"Ce n'était pas une mesure planifiée. Le gouvernement n'a joué aucun rôle. Ce n'était pas prévu", a-t-il assuré.
L'agence de presse iranienne Mehr a retiré sans aucune explication une précédente information publiée sur son site internet faisant état d'une prise d'otages à l'ambassade.
Lundi, un projet de loi abaissant le niveau des relations diplomatiques et économiques entre l'Iran et la Grande-Bretagne a été entériné par le Parlement de Téhéran.
Cette décision entraînera le départ d'ici deux semaines de l'ambassadeur de Grande-Bretagne et son remplacement par un chargé d'affaires.
Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a déclaré que son pays répliquerait "avec vigueur" à une réduction des relations diplomatiques de Téhéran avec Londres.
L'initiative du parlement iranien, a-t-il dit à la Chambre des communes, est regrettable et injustifiée. Il a parlé d'un "nouveau signe de refus du dialogue" de la part de l'Iran.
La Grande-Bretagne a pris des sanctions contre la République islamique après la publication le 8 novembre d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) selon lequel l'Iran travaille à la conception d'une bombe nucléaire. Téhéran a rejeté les conclusions de l'AIEA, jugeant son rapport inspiré par des considérations politiques.
La semaine dernière, Londres a rompu tous les liens entre son secteur financier et les banques iraniennes, y compris la banque centrale iranienne.
Robin Pomeroy, Guy Kerivel et Marine Pennetier pour le service français
Challenges - 29/11/11