Renaud
Camus
Mercredi 24 juillet, onze heures du matin. Ils m’agacent, tous, avec leur éternel :
« Oui, bien sûr, vous avez raison, mais qu’est-ce qu’on peut faire ? »
Ils viennent me voir à la fin des conférences ou des débats, ils me serrent la main, ils me font dédicacer tel ou tel de mes livres, ils m’écrivent, ils me téléphonent, ils me likent sur Facebook ou Twitter, ils me disent et ils me répètent qu’ils pensent exactement comme moi, que j’ai bien raison de dire ce que je dis, que ça fait du bien à entendre, que le vrai problème, pour ainsi dire le seul — car au regard de celui-là tous les autres sont insignifiants : qu’est-ce qu’un petit rhume ou une entorse à la cheville quand on est atteint d’un cancer ? —, c’est celui du changement de peuple, du Grand Remplacement, de la conquête musulmane, oui, oui, oui, vous avez mille fois raison : mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
L’horreur est en train de survenir, elle se précise un peu plus chaque jour, elle multiplie les signes d’elle-même, aucun doute n’est plus possible, d’autant que ceux qui en sont l’instrument et les protagonistes, les Sensibles des quartiers sensibles, les nouveaux venus, nos remplaçants, sont parfaitement clairs sur leurs intentions, leurs espérances et leurs menaces — à la différence des remplacistes leurs protecteurs, les Amis du désastre, les champions de la diversité obligatoire, qui, eux, tout au contraire, font tout pour embrouiller les choses, obscurcir le débat et noyer le poisson. Et face à cette abomination sans retour, la fin de la France des Français, la substitution d’un ou plusieurs autres peuples au peuple indigène, le changement de civilisation qui s’ensuit nécessairement, la conquête musulmane, la colonisation du pays, face à cette évidence énorme, chaque jour plus encombrante et plus accablante, nos compatriotes restent là paralysés, hypnotisés, béats, sidérés, comme s’ils étaient face à un boa constrictor ou au bouclier de Méduse. La structure est celle-là même du cauchemar : on voit bien la monstruosité qui s’apprête, on a le nez sur elle, elle est déjà en cours mais on est incapable de bouger le petit doigt ou seulement d’émettre un cri pour l’empêcher ou la retarder.
« Oui, oui, vous avez raison, je pense exactement comme vous, et même je pourrais vous en raconter, des choses que j’ai vues. C’est encore pire que ce que vous dites. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? »
Eh bien il me semble évident que la première chose à faire est de constituer, et vite, une ou, à défaut, plusieurs forces politiques qui soient capables, ne serait-ce que par le nombre de leurs adhérents, par le poids électoral qu’elles représenteraient, par leur masse, par leur capacité à mobiliser, par leur présence médiatique et leur puissance conceptuelle, idéologique, de dire, de crier, de hurler et même — pour user d’un affreux verbe à la mode qui pour une fois va m’être bien utile — d’acter un formidable NON à ce qui survient : l’asservissement de la patrie.
Bien entendu, à la question posée par les bonnes volontés jusqu’à présent impuissantes, j’aurais tendance à répondre un peu brutalement :
« Rejoignez le parti de l’In-nocence, c’est le seul qui mette cette question à l’épicentre de ses préoccupations : devenez-en membre, prenez votre carte (bien qu’il soit si pauvre que jusqu’à présent il ne distribue pas de cartes…), participez aux débats sur ses différents forums (public et réservé aux membres), concourez à la rédaction de ses communiqués, formez dans vos villes et vos campagnes des groupes de réflexion et d’action, réunissez-vous en son nom, offrez-lui vos compétences et les moyens financiers et matériels que vous pouvez mettre à sa disposition, permettez-lui, par votre nombre et votre détermination, de participez aux élections, faites qu’il devienne l’âme et l’épée de la résistance au Grand Remplacement.
« Son nom vous gêne ? Vous le trouvez ridicule ? Songez qu’il pourrait aussi bien s’appeler Parti Réactionnaire Français, Union anticolonialiste, Mouvement du Refus de la Contre-Colonisation, Rassemblement contre le Changement de peuple, Fédération des Amis de la Culture Française et de la Civilisation européenne. Néanmoins ses fondateurs tiennent à son nom actuel et n’en changeront pas, parce que la question de la nocence et de l’in-nocence est au centre de leur réflexion politique, parce qu’ils estiment que la nocence, la nuisance, le fait de nuire, qu’il s’agisse d’incivilités ou de crime, est avec la démographie le principal instrument du changement de peuple, et parce que ces deux concepts antithétiques et jumeaux, nocence, in-nocence, permettent seuls, selon eux, d’articuler la politique non seulement à l’écologie mais à la vie quotidienne, aux rapports de voisinage, au bruit, à la pollution, au saccage du territoire, à la destruction du paysage, à la brutalité croissante des rapports sociaux, bref à cette décivilisation, ce réensauvagement, qui sont au centre des préoccupations des Français et leur rendent l’existence insupportable.
« Que si maintenant l’In-nocence, décidément, ne vous va pas, rejoignez le Front national, le Siel, les Identitaires, Résistance Républicaine, Riposte laïque, que sais-je encore, l’un ou l’autre ou plusieurs (les doubles appartenances sont admises) des partis ou mouvements qui luttent contre le Grand Remplacement et lutteront d’autant plus efficacement qu’ils seront plus forts, plus riches, plus abondamment pourvus d’adhérents et de membres. Songez toutefois que les grandes formations politiques ont tendance à être sensibles (sans jeu de mots) à ce qui, du Grand Remplacement, est déjà opéré, et constitue, par là même, des viviers de voix. C’est par excellence le cas du Parti Socialiste, bien entendu, qui croit trouver dans le nouveau peuple des réserves électorales inépuisables (il y veille, mais il risque d’être bien déçu quand le nouveau peuple n’aura plus besoin de lui). De toute façon j’imagine que ce parti-là ne vous tente pas trop, ou bien ce serait à désespérer. Mais les calculs de l’UMP sont à peine différents. Lorsqu’un Alain Juppé manifeste en toute occasion une islamophilie délirante, et considère que l’islamophobie est le principal péril qui menace notre société, on imagine que n’y est pas tout à fait pour rien la population déjà entièrement renouvelée, remplacée, remplaçante, du centre historique de sa ville de Bordeaux ; à moins que les choses ne se soient passées dans l’autre sens et qu’Alain Juppé, islamophile passionné et sincère, n’entende faire de la France un autre centre historique de Bordeaux.
« Je dis Juppé je dirais Copé aussi bien, Fillon, Baroin, Kosciusko-Morizet, what have you ; et bien entendu Sarkozy, qu’on a déjà vu à l’œuvre, mais apparemment ce n’est pas encore assez pour l’édification de certains, ils aspirent à être à nouveau roulés dans la farine et ridiculisés. Il est bien triste, il est même profondément désolant, qu’on ne puisse en aucune façon compter sur les héritiers officiels du général de Gaulle pour résister au changement de peuple. Les inofficiels, peut-être, les marginaux, les exclus, les transfuges ? Paul-Marie Coûteaux, Christian Vanneste, Florian Philippot, Philippe Martel ?
« En tout cas ne restez pas là sans rien faire ! Soutenez activement les hommes, les femmes, les partis, les mouvements qui disent non au Grand Remplacement ! Et plus fort et plus clairement ils disent non, plus généreusement apportez-leur votre appui, votre adhésion, votre argent, votre intelligence, votre enthousiasme, vos bras, vos jambes, vos voix. »
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