PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a maintenu au 1er janvier la date d'entrée en vigueur de l'écotaxe, à l'origine d'affrontements en Bretagne, mais a assuré que de nouvelles adaptations seraient faites.
"Le gouvernement entend, le gouvernement dialogue, le gouvernement a déjà pris des adaptations", a-t-il déclaré dimanche au Grand Rendez-vous d'Europe 1-Le Monde-i>Télé.
Prié de dire si l'exécutif était susceptible de reculer, comme il vient de le faire sur l'épargne, Pierre Moscovici a évoqué de nouvelles propositions qui tiennent compte "des colères et des inquiétudes".
"Le Premier ministre a demandé aux ministres concernés de faire des propositions, elles seront faites", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a répondu dimanche aux inquiétudes exprimées par sa propre majorité sur l'épargne en annonçant que seule une partie de l'assurance-vie serait concernée par le projet visant à relever par le haut les prélèvements sociaux.
Mais la mobilisation contre l'écotaxe, lancée par des agriculteurs, artisans et transporteurs, prend de l'ampleur, en particulier en Bretagne où des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont marqué un nouveau rassemblement.
Le député PS du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a plaidé dimanche pour l'ajournement de l'écotaxe en Bretagne afin de pouvoir mesurer "avec précision son impact sur les entreprises bretonnes".
"Nous ne demandons pas la fin de l'écotaxe mais son ajournement pour le cas breton", a-t-il dit sur i>Télé et France info. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a dit comprendre la colère des Bretons.
"Je les soutiens quand ils expriment leur colère de la manière dont ils sont traités, alors qu'ils vivent l'austérité généralisée, alors que la plupart n'auront plus d'emploi", a-t-elle dit sur France 3.
Votée par la majorité précédente (UMP) et s'appliquant aux transports de plus de 3,5 tonnes, elle doit financer les investissements contre l'usure des infrastructures routières et inciter à privilégier des moyens de transport plus respectueux de l'environnement.
Près de 1.000 manifestants venus avec tracteurs et poids lourds ont pris pour cible samedi le dernier des trois portiques écotaxe du Finistère encore en état de fonctionner, à Pont-de-Buis.
L'AGROALIMENTAIRE EN CRISE
Les manifestants ont lancé des oeufs et des feux de détresse sur les gendarmes mobiles qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes et de flash-ball.
Trois manifestants ont été blessés lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, qui se sont poursuivis pendant une partie de la nuit.
La mise en place de l'écotaxe intervient au mauvais moment en Bretagne, dans un contexte de crise économique qui met à mal le secteur agroalimentaire.
Près de 75% des Bretons s'y disent opposés, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, publié samedi.
"On refuse l'écotaxe et on ne lâchera pas tant qu'elle ne sera pas annulée", a déclaré Pierre Balland, président du Medef du Finistère.
En début de semaine, le gouvernement a annoncé que le caractère excentré de la Bretagne serait pris en compte, avec un abattement de 50% sur le taux kilométrique et l'exclusion du réseau taxable du principal axe routier entre l'est et l'ouest de la région, la RN 164.
Beaucoup de manifestants ont évoqué l'impact des difficultés du groupe volailler Doux ou la fermeture de l'abattoir de porcs Gad de Lampaul-Guimiliau sur l'ensemble de l'économie régionale.
"Toutes les semaines on a un impôt nouveau, on vit une désespérance alors que cela fait quarante ans qu'on se bat", a dit à Reuters Jean-Pierre Le Verge, exploitant agricole à la retraite et ancien président de Breizh Europe, un organisme qui défend les intérêts bretons à Bruxelles.
Des pneus et des ballots de paille ont été incendiés à proximité du portique de Pont-de-Buis, le dernier encore debout dans le Finistère, les deux autres ayant été sabotés ces derniers mois.
Une partie des manifestants étaient coiffés de bonnets rouges en référence à la "révolte du papier timbré", un mouvement breton de contestation contre des taxes imposées en 1675 par Colbert pour renflouer les finances royales.
Gérard Bon avec Pierre-Henri Allain, édité par Julien Dury
Yahoo!Actu - 27/10/13