Le sondage CSA pour BFMTV et Nice-Matin sur les élections européennes, paru hier, confirmerait que le FN virerait en tête au soir du 25 mai. Les listes frontistes recueilleraient une moyenne de 24 % des voix, et séduiraient même 30% des électeurs de la tranche d’âge des 25-34 ans, 34% des 35-49 ans.
En seconde position, l’UMP est créditée de 22% devant le tandem PS-radicaux de gauche (20%), l’UDI (9%), le Front de Gauche (7,5%) et Europe-Ecologie-Les-Verts (7%). Pour autant, il s’agit comme toujours de garder la tête froide et d’appréhender cette nouvelle enquête avec le recul nécessaire. D’abord parce que la marge d’erreur reconnue par les sondeurs eux-mêmes est de plus ou moins trois points, ensuite parce ce que l’abstention, la meilleure arme du Système en ce qu’elle lui profite principalement, peut enrayer cette dynamique.
Ce même sondage précise en effet que seulement 63% des personnes interrogées se disent sûres de leur choix, tandis que seuls 35% des sondés se disent certains d’aller voter. Plus précisément, 41% des sympathisants du PS iraient voter, 40% de ceux de l’UMP, 38% de ceux du FN. Chacun l’aura compris, le travail de mobilisation de l’électorat frontiste devra être mené avec force dans les quatre semaines à venir.
Ce sondage CSA indique aussi que 39% des personnes interrogées affirment qu’elles voteront le 25 mai aux pour sanctionner la gauche au pouvoir. Une fenêtre de tir dont l’UMP espère tirer quelques bénéfices en campant dans le rôle du seul parti crédible, dit de gouvernement, capable de porter une alternative à la politique menée par le gouvernement et sa majorité. C’est pourquoi, sans surprise, au regard des sondages indiquant que le FN à le vent en poupe, Jean-François Copé a concentré hier ses attaques, lors de sa conférence de presse de lancement de sa campagne des européennes, contre l’opposition nationale.
Le FN est un «parti populiste», un gros mot dans la bouche de M. Copé, « europhobe », dont les électeurs seraient des crétins puisqu’ils seraient « moins exigeants » que les Français qui continuent de voter pour l’UMP, avec un «projet absurde de sortie de l’UE», qui «dit tout et n’importe quoi». Les seconds couteaux, Hortefeux, Morano, Lavrilleux ont été chargés d’en rajouter dans la description d’un Mouvement national aux idées délirantes, avec sa volonté « démagogique » de « rétablir les frontières », de protéger nos compatriotes des ravages de la mondialisation, avec « son programme dangereux pour l’influence de la France en Europe »
En l’absence d’un parti souverainiste allié, jouissant d’une certaine influence électorale, capable de prendre des voix au FN et/ou de les rabattre vers l’UMP, Jean-François Copé a ressorti les formules magiques, censées dissuader l’électeur droitier, patriote de voter FN.
Le très contesté patron de l’UMP a donc décliné des propositions, souvent peu crédibles, inapplicables, pas à la hauteur des problèmes ou des enjeux et irréalistes dans le cadre rigide de l’Europe bruxelloise. Propositions surtout, que la droite précédemment au pouvoir n’a jamais été en capacité de formuler et de tenter d’imposer. Certes, de Chirac à Sarkozy, la droite européiste a toujours fait sienne la célèbre formule énoncée par Charles Pasqua, « les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites »…
Au nombre de celles-ci ont été citées une « Europe à géométrie variable », la fin de l’élargissement de l’UE, la réforme l’accord de Schengen de libre circulation, la création d’un poste de commissaire européen à l’immigration, une politique de sanction, voire de suspension ou d’exclusion d’un Etat qui manquerait à ses obligations concernant ses frontières, le renforcement des moyens de l’agence Frontex.
Jean-François Copé s’est aussi saisi de cette occasion pour tacler sévèrement le vice-président de l’UMP, Laurent Wauquiez, auteur d’un livre fourre-tout « Europe : il faut tout changer ». Dans celui-ci, l’homme qui expliquait qu’il était prêt à voter PS pour faire « barrage » au FN, se garde bien de s’attaquer à la religion de la monnaie unique -« il faut garder l’euro car il nous protège » (sic) avance-t-il prudemment. Partant du constat évident que la construction bruxelloise « ne marche plus », il propose un «protectionnisme» européen, un retour à une Europe des six (les Etats originels, auxquels il ajoute l’Espagne à la place du Luxembourg…), la sortie de l’espace Schengen…
« Laurent Wauquiez a des positionnements individuels parce que populistes », «il n’y aura pas de proposition démagogique à l’UMP» a affirmé M. Copé, qui a dénoncé point par point les vœux de ce dernier Comprendre, volens, nolens, au-delà des propos d’estrade et des aménagements à la marge, que l’UMP n’entend pas remettre en cause l’effacement de la France, sa soumission à l’idéologie bruxelloise. Idéologie supranationale dont la philosophie, le but ultime, est la mise en place d’une gouvernance mondiale, qui est par essence, Bruno Gollnisch l’a souvent évoqué, contraire au véritable génie de l’Europe, « espace qui inventé la liberté et l’égalité des nations.»
Dans les faits, Aymeric Chauprade le rappelait hier en compagnie de Marine Le Pen lors de la présentation de sa liste francilienne pour les européennes, l’UMP porte la pleine responsabilité avec le PS du déclin dramatique que nous subissons. « L’UMPS porte le bilan d’une Europe qui a détruit les économies des différentes nations européennes, qui a produit plus de chômage, plus d’immigration, plus de fiscalité, plus de délocalisation, plus de travailleurs détachés venant concurrencer nos travailleurs en France ».
France info le soulignait implicitement, il n’est pas étonnant que cette collusion de fait entre les deux partis européistes apparaissent de manière flagrante, puisque dans le dernier exercice, élus de l’UMP et du PS ont voté conjointement 70% des textes présentés dans l’hémicycle du parlement européen.
Bruno GOLLNISCH