Tremblay-en-France : échanges entre jeunes... par leparisien
La discussion s’est engagée juste devant le restaurant le Cénacle, à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Dimanche après-midi, le patron qui avait pris à partie et renvoyé samedi deux clientes au prétexte qu’elles étaient voilées, en lançant notamment « tous les musulmans sont terroristes », a rencontré plusieurs jeunes et des membres de la communauté musulmane de Tremblay.
Le parquet de Bobigny a indiqué avoir ouvert dimanche une enquête pour «discrimination à caractère racial».
Vers 15 heures, encadré par plusieurs policiers, Jean-Baptiste, le restaurateur, a tenté d’expliquer ses propos : « J’ai pété un plomb, et je m’en excuse. J’ai un ami qui est mort au Bataclan, j’ai tout mélangé. Ce que j’ai dit, je ne le pense absolument pas : mes propos ont dépassé ma pensée… »
Un dialogue un peu vain
Pas de quoi convaincre les Tremblaysiens venus à sa rencontre, pour la plupart des trentenaires issus de la communauté musulmane. « C’est venu d’où, cette volonté de stigmatiser ces deux femmes ? C’est à cause des médias, de ce que vous voyez chaque jour à la télévision ? » tente de comprendre Sidi, un chauffeur-livreur de 22 ans.
« Oui, à la télé on voit des gens qui en tuent d’autres. Et on nous dit que ce sont des musulmans », répond, fébrile, le restaurateur. De quoi agacer un autre homme : « Il n’y a que des musulmans, devant vous. Si on était tous terroristes, vous seriez vivant ? »
Sidi ajoute : « Ça fait 22 ans que j’habite ici, je suis musulman, vous ai-je embêté une seule fois ? » — « Non, c’est vrai », reconnaît timidement Jean-Baptiste, livide. « Je suis musulman et je vous invite à prendre un café chez moi. Vous verrez que je ne suis pas un tueur », lance un autre en serrant la main du restaurateur.
La polémique n’a cessé d’enfler sur les réseaux sociaux depuis la diffusion d’une video captée par les deux femmes qu’il avait renvoyées. Plusieurs identitaires ont salué son choix d'exclure ses clients voilées tandis que de nombreux musulmans appelaient à porter plainte ou à boycotter son établissement.
Ce dimanche, Laurence Rossignol, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, a réagi en précisant qu’elle avait saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra).
De son côté, le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) a annoncé qu’il apporterait « assistance psychologique et juridique » aux deux femmes exclues de l'établissement.
LE PARISIEN