Deux responsables du parti de Marine Le Pen, dont son représentant pour l’Amérique du Nord, faisaient partie des happy few invités dans la Trump Tower, le QG de Donald Trump, selon nos informations.
Retour au protectionnisme, rapprochement avec la Russie, rejet du « mondialisme », déconnection entre le peuple et les élites : sur bien des sujets, Marine Le Pen ne peut que se féliciter du succès de Donald Trump à la présidentielle américaine. La présidente du FN ne s’en est d’ailleurs pas privée, convoquant ce mercredi la presse pour déclarer que la victoire du candidat investi par le parti républicain était une « bonne nouvelle pour la France ».
Mais aussi pour le FN. « C’est encore un verrou psychologique qui saute, glisse un proche de la candidate du FN. Après le Brexit et l’élection présidentielle à venir en Autriche [où l’extrême droite a de fortes chances de l’emporter], de plus en plus d’électeurs vont se dire : c’est possible ».
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« Comprendre le résultat, et l’accepter »
Dernier article, c’est entendu, après une campagne lourde et indigeste. Je m’étais dit, il y a plusieurs mois, en voyant Trump – le lucide, le cynique, le médiatique – prendre le système des primaires Républicaines à contre-pied, que quelque chose se passait. Je ne suis pas spécialiste de Trump, ni d’ailleurs de la politique américaine. Ses institutions et son mode d’élection sont souvent éloignées de la France. Mon but a été depuis le début de décoder ce qui se passe dans la tête de l’électeur américain, et pourquoi.
Un air de déjà-vu :
Je commençais à voir et à entendre autour de moi la même musique qu’en France. Vous savez, celle des médias, des artistes, des politiques… ces gens de bonne compagnie, aveugles et arrogants, qui commencèrent alors leur petit jeu de culpabilisation du peuple – peuple idiot qu’on se doit de rééduquer !
Tout était bon pour se moquer de Trump et de ses futurs électeurs. Comme toujours on ira trouver le plouc dans sa cave, au milieu de nulle part, avec un T-shirt sale et totalement inapte à l’analyse politique. Ça marchera sans doute, on y croit, ça fonctionne toujours !
Mais Trump, le mauvais élève, n’en fait qu’à sa tête. Devant des collègues à la Convention et devant des médias stupéfaits et mal à l’aise, il s’est abandonné à des inconvenances…
Le TAFTA, la concurrence déloyale, les délocalisations, les médias tenus par les puissants, les relations internationales…Quel démagogue ose tenir un pareil langage de haine ? Trump, qui dit exactement ce qu’il ne faut pas dire ! Un milliardaire qui trahit les siens. C’est inacceptable, et il va le payer !
Étape suivante : les « experts »
CNN, CBS, FOX etc… ils sont tous formels ! Trump est un clown, il ne peut pas gagner ! Pour la forme on lui donnera une miette, 1 %. C’est humiliant et ça fait rire dans les rédactions !
Étape suivante : les « images »
Mince, le milliardaire est en lice ! Ces imbéciles n’ont donc pas encore compris. Cette fois on va les forcer à ressentir de la honte en votant pour lui. Les médias utiliseront deux photos, toujours les mêmes. La douce Hillary et Trump qui ne sourit jamais. Pas étonnant, il est dangereux ce type, hein ? !
Étape suivante : les « pronostics »
S’il y a bien quelque chose de fantastique dans ces élections c’est bien les sondages. Là encore ils sont formels. C’est « mathématique », et puis même BHL le dit : Trump ne peut pas gagner. C’est ABC ou CNN qui en parlent, donc des sites sérieux, établis, pas comme ce qu’on trouve sur Internet. On parle ici de vrai journalisme, avec de vrais professionnels. Et ils sont formels, je le répète.
Étape suivante : les « affaires »
Le point tournant : ces bonnes casseroles, qui sortent toujours quelques jours avant les élections, débarquent enfin (juste avant les débats). Trump n’y échappera pas. Il faut dire que « Don » n’y met pas du sien… Et là, rien ne se passe. Rien du tout. Les Démocrates, qui de toute façon ne l’aimaient pas, le détestent encore plus – la belle affaire ! Alors je discute autour de moi, je m’interroge. On me dit « comparé à ce qu’elle est, comment osent-ils parler de respect ? », « Mais vous avez lu les emails de Wikileaks ? », « Parce que la Fondation Clinton c’est probablement mieux ? », « l’argent d’Haïti pour tous ces pauvres gens c’est moins grave ? », « quel homme n’a jamais parlé de ses exploits avec ses potes, franchement ! »… On me parle de Wall Street, des emplois perdus, des mensonges depuis des décennies, la difficulté de joindre les deux bouts, la gêne dans le besoin… Tiens, ces « petites gens » m’ont l’air tout de suite bien renseigné sur le « clan Clinton ». Toutes les semaines Wikileaks sort des infos explosives que les médias ne relaient pas – ou si peu – et voici qu’on m’en parle. Étrange. Ils devaient être normalement « un-educated » et ils me semblent bien au fait des affaires… ça ne sent pas bon tout ça !
Mardi soir, le 8 Novembre 2016
Je relis la veille quelques pages d’un livre sur les évènements de février 1848. Des citations que j’avais jadis « stabilotées ». Tocqueville « Nous nous endormons sur un volcan ». Lamartine « la question des prolétaires et celle qui fera l’explosion la plus terrible dans la société actuelle si les gouvernements se refusent à la sonder et à la résoudre ». J’y pense, mais c’est déjà le jour des élections. Je dois me préparer et retrouver le soir même des collègues pour un apéritif, puis direction aux Trump Towers. J’y suis invité, c’est un moment unique qui va clôturer cette aventure atypique. La rue est calme. Des policiers et les Services Secrets sont là. Les voitures attendent le candidat en bas de l’immeuble. La soirée électorale commence. Les chiffres arrivent. Il gagne la Floride. Les convives autour de moi sont maintenant certains qu’il va gagner. Les heures passent. Ça y est ! Il est élu.
Et ces mêmes médias, ces mêmes experts, viennent expliquer le vote. On croit rêver !
Épilogue – Avant 2017
Pour moi, le grand fait social de notre temps, c’est la formation d’une classe de misérables et d’oubliés. Des gens dont on se moque, auxquels on ment. Nos élites pensent que cela peut continuer. Au JT, on parle de sujets anecdotiques, le point météo en hiver, l’euro de foot, les vacances… et puis loin de chez nous il y a les bons dictateurs et les mauvais dictateurs. Les gentils et les méchants. Et pendant ce temps, nos agriculteurs se tuent, on culpabilise le petit français, sujet – on le sait bien – à l’extrémisme. L’euro l’a ruiné, ses fins de mois commencent le 15. Les vagues migratoires ? Il les ressent, lui. Son gosse s’est fait frapper hier dans le bus pour une cigarette… Mais l’important c’est qu’il ne vote surtout pas pour Marine !
Et puis un jour il se relève ! Il dit non, il se bat… et il gagne.
C’est parce que nous avons été depuis tout ce temps des sonneurs d’alertes, que nous avons mis en garde des maux qui nous touchent aujourd’hui, que nos solutions résonnent comme jamais, que je sais – c’est ma conviction profonde – que Marine Le Pen, apportera à la condition des français tous les changements, toutes les améliorations qu’il est humainement possible d’envisager ; et qu’elle va s’attacher à cette noble tâche avec le zèle le plus sincère et l’empressement le plus vrai.
Denis Franceskin