Depuis 2013, le sud de l'Algérie est le théâtre de heurts récurrents entre Arabes et Berbères, qui cohabitent depuis des siècles. Depuis deux jours, la violence est montée d'un cran, à tel point qu'une réunion d'urgence a été convoquée par Bouteflika et que les vols en direction de Ghardaïa, ville la plus importante de la région, ont été annulés.
08 Juil. 2015, 18h57 | MAJ : 08 Juil. 2015, 19h19
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Vingt-deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées en moins de 48 heures dans une flambée de violences intercommunautaires dans la région de Ghardaïa, dans le sud de l'Algérie.
Fait inédit depuis le début de cette crise, le président Abdelaziz Bouteflika a convoqué une réunion d'urgence.
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Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, et le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, y participaient.
Vols annulés vers Ghardaïa
Les vols à partir d'Alger en direction de Ghardaïa auraient été annulés jusqu'à samedi, annonce un employé de l'aéroport. La compagnie Air Algérie qui les assure n'a pas fourni d'explication. Les violences des dernières 24 heures se sont concentrées à Guerrara (120 km au nord-est de Ghardaïa), l'une des principales villes mozabites, une minorité ethnico-religieuse berbère et ibadite. Dix-neuf personnes sont mortes rien que dans cette ville.
Selon un notable mozabite, «la situation est très grave, ce n'est plus des affrontements mais du terrorisme». Il affirme que «des armes de guerre et des fusils de chasse ont été utilisés à Guerrara». La ville serait d'ailleurs contrôlée à ses quatre entrées par des «hordes armées», assure le notable. Le bilan de 22 morts est le plus lourd enregistré dans cette région de la vallée du M'zab depuis deux ans et demie.
Les forces sécuritaires mobilisées
Les heurts ont repris début juillet, entraînant le déploiement de forces antiémeutes qui font régulièrement usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Mercredi, les affrontements se poursuivaient à Ghardaïa. Des heurts avaient aussi lieu à Guerarra (à 120 km au nord-est de Ghardaïa) et à Bériane (à 45 km de Ghardaïa).
Un imposant dispositif sécuritaire a été mobilisé, avec des renforts partis d'Alger, indique une source sécuritaire. Le commandant de la 4e région militaire, comprenant une large partie du Sahara, était sur place. Le ministre de l'Intérieur, Nourredine Bedoui, s'est aussi rendu sur les lieux, après une précédente visite vendredi où il avait tenté de réunir, en vain, les deux communautés en vue de rétablir le calme.
On ignore pour le moment la cause précise de cette nouvelle flambée de violences. De nombreux différends, en particulier d'ordre foncier, opposent Arabes et Berbères, qui cohabitent depuis des siècles.
Exceptées les 22 victimes de ces derniers jours, une dizaine de personnes avaient au total été tuées depuis le début des affrontements en décembre 2013. En deux ans et demi, des centaines de maisons ont été incendiées dans les violences, et de nombreux usines, ateliers et locaux endommagés.
LE PARISIEN