Les forces israéliennes ont arraisonné samedi le cargo d'aide Rachel Corrie, en route pour la bande de Gaza, et pris le contrôle du navire sans violences, a annoncé l'armée, cinq jours après un assaut sanglant sur une flottille internationale.
"Nos forces sont montées à bord du bateau et en ont pris le contrôle sans résistance de la part de l'équipage et des passagers. Tout s'est passé sans violences", a déclaré à l'AFP une porte-parole militaire. L'abordage a eu lieu dans les eaux internationales.
Le Rachel Corrie doit être escorté jusqu'au port israélien d'Ashdod, au sud de Tel-Aviv, où sa cargaison sera déchargée, selon l'armée.
Toutes les communications avec le navire, qui se trouvait à la mi-journée à 28 milles nautiques de la côte, sont coupées depuis le début de la matinée. La zone d'exclusion de la bande de Gaza est de 20 milles nautiques (37 km).
Selon l'armée israélienne, le cargo, affrété par une organisation pro-palestinienne irlandaise, a refusé à quatre reprises d'obtempérer aux ordres radio lui enjoignant de se détourner de sa route. "Nous avons signifié à plusieurs reprises aux responsables du bateau qu'ils devaient se rendre au port d'Ashdod et qu'il y a un blocus de la bande de Gaza, mais ils ont ignoré nos appels et poursuivi leur route vers Gaza", a indiqué une porte-parole militaire.
Les autorités israéliennes ont affirmé à plusieurs reprises qu'elles entendaient interdire l'accès du port de Gaza à ce cargo.
L'enclave de 362 km2, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, est soumise à un blocus israélien, renforcé en juin 2007 après la prise du pouvoir par la force du mouvement islamiste Hamas au détriment du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. Israël avait assuré vendredi n'avoir "aucun désir de confrontation" et a demandé aux organisateurs d'accoster à Ashdod.
A Gaza, le Hamas a dénoncé "un nouveau grave crime israélien qui vise non seulement tous les Palestiniens mais aussi l'ensemble de la communauté internationale".
"Nous appelons la communauté internationale à ne pas se taire sur la piraterie sioniste qui viole grossièrement les lois maritimes et à exercer des pressions", a déclaré à l'AFP le vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, Ahmed Youssef, président du Comité gouvernemental pour la rupture du siège.
"Le Hamas et son gouvernement considèrent que le siège de Gaza touche à sa fin. Dans les semaines à venir, de nombreux navires vont être envoyés vers Gaza par les organisations internationales de solidarité au nom de la justice et des droits de l'homme", a indiqué M. Youssef.
Selon la radio publique israélienne, au moins trois vedettes de la marine israélienne escortaient le cargo au large du littoral méditerranéen, dans les eaux internationales.
A Dublin, un porte-parole de l'organisation irlandaise Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC) a expliqué à l'AFP avoir pu joindre les personnes à bord du cargo vers 02H15 GMT, via un téléphone satellitaire. "Ils étaient suivis par des navires israéliens. Leurs radars étaient brouillés mais les téléphones par satellite fonctionnaient", a-t-il raconté.
Le Rachel Corrie devait initialement faire partie de la flottille humanitaire internationale arraisonnée lundi. Parmi les passagers, se trouvent l'Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix et un ex-haut responsable de l'ONU, Denis Halliday.
Israël satisfait
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est félicité samedi de l'arraisonnement "sans victime" du Rachel Corrie. Nous avons vu aujourd'hui la différence entre un bateau de pacifistes, avec lesquels nous sommes en désaccord mais dont nous respectons le droit à une opinion différente de la nôtre, et un navire de haine organisé par des extrémistes turcs adeptes du terrorisme", a expliqué Benjamin Netanyahu dans un communiqué. "Dans les deux cas, l'Etat d'Israël a agi de la même manière afin de faire respecter le blocus maritime pour empêcher la contrebande d'armes pour le (mouvement islamiste palestinien Hamas) et permettre l'entrée de marchandises civiles à Gaza après inspection", poursuit le communiqué. "Israël continuera de se réserver le droit à l'autodéfense. Nous ne permettrons pas qu'un port iranien soit créé à Gaza", a conclu Benjamin Netanyahu.
AFP - Le Point - 05/06/10