La dernière trouvaille de la Pensée Unique consiste à qualifier de « repli » toute contestation de la mondialisation.
Le titre du quotidien Le Monde, colporteur assidu et zélé de la doctrine convenue, est l’exemple éclatant de cette trouvaille :
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Toute réflexion sur la contestation de la « mondialisation-immigration-intégration », puisque pour ce journal, cela ne fait qu’un, s’apparente à un repli.
La voilà la bonne idée : le mot « repli » est fortement et nettement négatif, aussi bien :
- dans son acceptation psychologique : repli (sur soi). Phénomène caractéristique de l’autisme combinant un désinvestissement du monde et une réduction égocentrique des intérêts et des affects« (Pel. Psych. 1976). La « dissonance intime » (…) du taciturne, du distrait, du sauvage, du rêveur (…) n’outrepasse pas une simple attitude de repli (Mounier, Traité caract., 1946, p. 480)
- que dans son acceptation militaire : retrait volontaire d’une troupe, d’un corps d’armée sur des positions moins avancées et préalablement définies. Repli des avant-postes ; manœuvre, ordre, position de repli. La facilité même avec laquelle s’effectue le repli de nos troupes (…) témoigne que nous pourrions tenir toute la nuit (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 60).
Ainsi les dernières réflexions supposées et tactiques de Nicolas Sarkozy sur une moindre implication dans la « mondialisation-immigration-intégration » sont-elles vite présentées par les militants mondialistes du Monde comme un repli. Donc comme un échec, puisque la réussite est du côté de la mondialisation, comme chacun le sait, au journal Le Monde, du moins. Pas forcément du côté des ouvriers, d’après les derniers sondages.
De fait depuis quelques jours les mouvements d’opinion qui s’inquiètent de l’arrivée massive, incontrôlée de « migrants » tunisiens sont-ils qualifiés par les différents relais de la Pensée Unique de « repli sur soi », « autarcie », « fermeture à l’autre » (puisque l’ouverture à l’autre est bonne).
Affichette humoristique du Projet Apache
En passant, puisqu’on est dans la guerre des mots, pourquoi les fuyards tunisiens sont-ils qualifiés de « migrants » ? Pourquoi ne sont-ils pas plutôt qualifiés de « lâches », voire de « déserteurs » ? Au moment où leur pays requiert toutes ses ressources pour accomplir les derniers pas vers la démocratie, ils l’abandonnent ! Pourquoi ne pas qualifier également les résidents en France d’origine tunisienne qui ne participent pas à l’œuvre enthousiasmante qui se déroule actuellement dans leur pays, de lâches ou de déserteurs ?
Le pape Benoit XVI trouve subitement de la sympathie chez les collaborateurs de la mondialisation — et pourtant il revient de loin ! — depuis qu’il a dit que « la solidarité de tous devait s’exprimer à l’égard des nombreux exilés et aux réfugiés qui proviennent de différents pays africains et qui ont été contraints de laisser leurs affections les plus chères ».
La Pensée Unique n’est pas parvenue à bannir le mot « identité ». Ce mot est dorénavant au centre du débat politique. Aussi s’est-elle attaquée au mot « identitaire » qu’elle juxtapose fréquemment à « xénophobe ». « Identitaire-xénophobe », mais là non plus, la sémantique ne passe pas bien. « Identitaire » chez de nombreux jeunes est un terme positif, synonyme de courage.
Alors la dernière trouvaille consiste-t-elle à qualifier les « mondialo-sceptiques » à travers le mot « repli » de « ringards, autarciques, défaitistes, xénophobes, peureux de l’autre ».
La guerre des mots continue.
Georges Gourdin, pour Novopress France
NOVOPRESS - 27 avil 2011