• Une deuxième demande de remise en liberté
DSK est arrivé jeudi matin (heure de New York) au tribunal de Manhattan. Une audience destinée à examiner une nouvelle demande de mise en liberté sous caution devrait avoir lieu à 14h15 (20h15 heure de Paris), selon un porte-parole du tribunal pénal de Manhattan. Après un premier échec lundi, ses avocats vont tenter d'obtenir sa libération en proposant des mesures de surveillance strictes.
Selon la requête à la Cour suprême de l'Etat de New York diffusée mercredi soir sur le site internet du New York Times , DSK propose de demeurer dans une résidence de Manhattan 24 heures sur 24 et d'être sous «surveillance électronique». La requête s'appuie notamment sur ses liens avec sa femme, la journaliste franco-américaine Anne Sinclair, et avec sa fille Camille, qui étudie à l'Université de Columbia et réside de «façon permanente» dans l'Upper West Side, à Manhattan. Objectif : montrer ses liens avec les Etats-Unis.
Le document ne précise toutefois pas si la résidence de Manhattan où l'ancien ministre demeurerait en cas de libération conditionnelle serait celle de sa fille.
Autre engagement de la défense : le versement par l'accusé d'une caution d'un million de dollars américains. Les avocats de DSK estiment que ce dernier a les «ressources financières suffisantes» pour s'acquitter de cette somme, faisant référence à une propriété du couple à Washington inscrite au nom de son épouse. La valeur de la demeure est estimée à quatre millions de dollars.
Enfin, Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné jeudi de ses fonctions de directeur du Fonds monétaire international (FMI), s'engage à remettre son document de voyage de l'ONU aux autorités, afin de prouver qu'il ne quittera pas le territoire américain pendant la durée des procédures légales. Il affirme également «renoncer volontairement à toute procédure d'extradition de toutes sortes», dans une déclaration au tribunal sous serment. DSK, qui a déjà remis son passeport français à la justice américaine, promet aussi de se présenter en cour chaque fois que sa présence sera exigée.
«Ils (les avocats, ndlr) pensent qu'ils ont une offre que le tribunal va accepter», affirme l'expert judiciaire de CNN, Jeff Toobin. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn compteraient également invoquer la santé de leur client pour demander sa mise en liberté, selon la chaîne américaine.
Dans la lettre de démission qu'il a envoyée au conseil d'administration du FMI, DSK réaffirme par ailleurs être innocent des faits d'agression sexuelle qui lui sont reprochés.
• La victime présumée se dit prête à témoigner
L'accusatrice de Dominique Strauss-Kahn, une femme de chambre guinéenne de 32 ans, est prête à venir témoigner devant les tribunaux face à DSK, selon son avocat, Jeff Shapiro. «Elle est prête à faire tout ce qu'on lui demandera de faire et à coopérer avec la police ou le ministère public», a expliqué le conseil, précisant qu'«elle n'a aucune idée derrière la tête». «Elle fait ça parce qu'elle pense qu'il faut le faire et elle va le faire», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC, rejetant, tout comme le frère de l'accusatrice, toute «théorie du complot».
Alors que les questions se multiplient autour de la personnalité de Nafissatou Diallo, le New York Post croit par ailleurs savoir qu'elle vivrait dans un appartement du Bronx, exclusivement loué aux adultes séropositifs par une association du quartier. Une information à prendre avec précaution, aucune source officielle ou médicale ne l'ayant confirmée. Le tabloïd n'est pas non plus en mesure de dire si Nafissatou, la victime présumée, est atteinte ou non du virus du sida.
Lors de son interview à NBC, l'avocat de la femme de chambre a formellement démenti ces informations, qu'il a jugées «scandaleuses». Les envoyés spéciaux du Parisien ont confirmé cette version. La jeune femme habiterait bien dans un immeuble du Bronx où certains logements sont loués aux séropositifs. Mais selon ses voisins, Nafissatou n'occupe pas un appartement réservé aux malades. Elle ne serait en outre pas rentrée chez elle depuis samedi, craignant pour sa sécurité et celle de sa fille, et changerait d'hôtel tous les jours.
• Le consentement de la femme de chambre, nouvelle ligne de défense ?
La presse new-yorkaise bruisse depuis mercredi d'une nouvelle stratégie de défense: la thèse de relations sexuelles consenties. Le New York Times et le New York Post citent notamment une source «proche de la défense», affirmant que le rapport pouvait «avoir été consenti». «Les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé», avait déjà affirmé lundi devant la cour l'avocat de DSK, Me Brafman. Alors que la défense assure depuis le début que DSK nie en bloc toutes les accusations dont il est l'objet, cette thèse pourrait finalement amener les avocats à plaider coupable. Des prélèvements ADN supplémentaires avaient en outre été effectués dimanche sur l'inculpé, pour éventuellement détecter des traces de violence.
L'avocat de la femme de chambre a répondu à cette possible ligne de défense, avant même que sa cliente ne témoigne devant les jurés populaires mercredi. Il a ainsi affirmé sur NBC que sa cliente nierait catégoriquement devant la justice avoir eu une relation sexuelle consentie avec DSK. «Quand les jurés vont entendre son témoignage et la voir, quand elle pourra enfin raconter son histoire publiquement», ils vont se rendre compte que «leurs allégations faisant état d'une relation sexuelle consentie ou de rendez-vous sont fausses», a-t-il expliqué.Le grand jury du tribunal de New York doit décider ou non de la mise en accusation de Dominique Strauss-Kahn d'ici à vendredi au vu des preuves apportées par l'accusation et la défense.
• La carte magnétique de la chambre d'hôtel pourrait parler
Le récit des événements dans la suite 2806 pourrait être précisé par un «témoin» étonnant : la clé magnétique de la chambre. Les hôtels new-yorkais ont abandonné les clés traditionnelles pour les remplacer par des badges magnétiques. Or, il est possible retracer les utilisations de ces cartes. «On pourra retrouver la trace de l'ouverture de la porte par la femme de chambre»,explique le fabriquant de ce type de cartes au New York Times. «On devrait aussi savoir combien de temps la porte est restée ouverte avant d'être refermée».
Toutefois, selon une information du Figaro, la femme de chambre pourrait finalement ne pas avoir utilisé sa carte magnétique pour entrer dans la suite. Un membre du personnel de l'hôtel se trouvait dans la suite de Dominique Strauss-Khan quand la femme de chambre est entrée, selon une source proche du Sofitel de New York. Elle aurait donc simplement poussé la porte entrouverte. Si ce scénario se confirme, l'heure précise de son entrée dans la suite devra être déterminée par d'autres moyens.
Source Le Figaro - 19/05/11