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Le régime libyen a affirmé que 15 personnes, dont trois enfants, avaient été tuées lundi dans un nouveau raid de l'Otan, à Sorman à l'ouest de Tripoli. Une accusation aussitôt démentie par l'Alliance atlantique qui a reconnu deux bavures, au cours du week end.
Ce raid, mené vers 04H00 du matin (heure française), a visé une résidence d'un vieux compagnon de route du leader Mouammar Kadhafi, à environ 70 km à l'ouest de la capitale, selon un responsable du régime, qui a précisé que celle-ci avait été «touchée par huit missiles».
En début d'après-midi, un responsable de l'Otan a fermement démenti tout raid ayant tué des civils à Sorman.
«Nous n'avons pas opéré là-bas», a-t-il déclaré sous couvert de l'anonymat, ajoutant: la seule frappe cette nuit dans la région de Tripoli s'est déroulée «à Tripoli même, et pas à 04 heures du matin».
Le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, présent sur les lieux, a souligné de son côté que le raid avait «fait 15 morts dont trois enfants». Il a dénoncé «un acte terroriste et lâche, qui ne peut être justifié».
Un journaliste, emmené sur place avec d'autres correspondants de la presse internationale, a constaté que plusieurs bâtiments avaient été détruits. Il n'a en revanche pas vu de corps, seulement une tête décapitée qui a été retirée des décombres. La résidence appartient à Khouildi Hemidi, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969.
Selon M. Ibrahim, la plupart de victimes appartiennent à la famille Hemidi et deux de ses petits-enfants figurent parmi les enfants tués. Parmi les morts se trouvent également des membres de deux familles habitant à côté de la résidence.
«Nous ne pouvons pas courir le risque de tuer des civils»
«L'Otan joue sa crédibilité. Nous ne pouvons pas courir le risque de tuer des civils, c'est quelque chose qui ne va absolument pas», a déclaré Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg. Le responsable transalpin a exhorté l'Otan a combler «ses carences de communication». «Parce que nous devons contrecarrer la propagande médiatique» du régime de Tripoli, a-t-il estimé.
L'Otan a reconnu une bavure dimanche
Khouildi Hemidi s'en est sorti sain et sauf: il se trouvait au moment du raid dans un bâtiment qui n'a été que partiellement endommagé. Sa résidence, immense, s'étend sur plusieurs hectares, avec une ferme et des animaux (gazelles, paons, autruches...) dont certains ont été blessés ou tués. En l'espace de 24 heures, l'Alliance atlantique a déjà reconnu deux «bavures» en Libye à un moment où la légitimité de son intervention reste contestée et où elle stagne sur le terrain.
Dimanche, elle a admis avoir tué par erreur des civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli, dans laquelle neuf personnes dont cinq membres d'une même famille sont mortes.
Elle a expliqué avoir voulu viser «un site militaire de missiles» mais qu'il y a pu y avoir «une erreur dans le système qui peut avoir fait un certain nombre de victimes civiles». Samedi, l'Alliance atlantique avait déjà dû admettre avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin. Et au moins deux autres incidents du même type étaient déjà survenus.
La coalition internationale a commencé son intervention le 19 mars, sous mandat de l'ONU pour protéger la population civile en Libye où un mouvement de contestation sans précédent contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, était réprimé dans le sang. L'Otan a pris le commandement des opérations le 31 mars.
Depuis, l'Alliance a effectué quelque 1 500 sorties. Chacune a été préparée et exécutée avec un grand soin pour éviter les victimes civiles, s'est défendue dimanche l'Otan. Ibrahim a, au contraire, accusé l'Otan de commettre des actes «barbares en visant délibérément des civils».
Entre 10 000 et 15 000 morts, près de 952 000 personnes en fuite
Face au risque d'enlisement du conflit, une réunion de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine a ainsi insisté samedi au Caire sur la nécessité d'une solution politique. Lundi, les Emirats ont annoncé le gel des avoirs de 19 personnalités libyennes.
Depuis le 15 février, le conflit a fait entre «10 000 et 15 000 morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite», selon des organisations internationales.
Sur le terrain, de violents combats se poursuivaient dimanche soir à l'est et à l'ouest de l'enclave rebelle de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), où neuf personnes ont été tuées et 51 blessées dimanche, selon la rébellion, qui a affirmé avoir repoussé plusieurs tentatives des loyalistes d'avancer vers la ville.
Source Le Parisien - 20/06/11