Les opérations françaises contre les forces du colonel Kadhafi, qui durent depuis trois mois, représentent un surcoût d'environ un million d'euros par jour pour l'armée française.
Selon l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, le surcoût pour la France de trois mois de guerre en Libye s'élève exactement à 160 millions d'euros. Moins précis, le ministre de la Défense Gérard Longuet s'est contenté de reconnaître un «ordre de grandeur» aux alentours de 100 millions d'euros. Un chiffre obtenu sur la base d'un million d'euros par jour, pour une opération qui a débuté le 19 mars.
Ce montant est bien celui du surcoût, et non du coût net, c'est-à-dire qu'il n'inclut que les dépenses réalisées par l'armée en-dehors de ses frais routiniers. Par exemple, le salaire des soldats engagés n'est pas pris en compte, seule l'est la majoration qui leur est versée lors d'opérations extérieures. Environ 4000 soldats français participent à l'opération. Le total de leurs primes s'élève pour l'heure à 27 millions d'euros.
70 millions d'euros de munitions
Le poste de dépense le plus important est de loin celui des munitions. Un missile de précision Scalp vaut par exemple environ 500.000 euros. En tout, 70 millions d'euros de munitions ont déjà été tirées. À cela il faut ajouter l'usure du matériel, plus difficile à estimer. La marine nationale est engagée en première ligne, avec une dizaine de bâtiments déployés au large des côtes libyennes, dont le porte-avions Charles-de-Gaulle et le porte-hélicoptères Tonnerre. Dans les airs, Paris a mis en oeuvre une trentaine d'avions de chasse mais aussi des avions-radar ou ravitailleurs, ainsi qu'une quinzaine d'hélicoptères de combat depuis fin mai. Hors le coût de l'heure de vol (40.000 euros pour un Rafale), il faut prendre en compte le besoin accru d'opérations de maintenance lié aux nombreuses sorties effectuées (plus de 200 par semaine depuis le Charles-de-Gaulle).
La ministre du Budget Valérie Pécresse assure que le pays «peut absorber» cet effort. Reste que les 100 millions d'euros déjà dépensés en Libye représentent 15% du budget annuel des opérations extérieures (Opex), voté à l'automne 2010 (630 millions d'euros). Une enveloppe qui ne sert pas à financer que les opérations en Libye mais aussi celles menées en Afghanistan et en Côte d'Ivoire. En cas de dépassement de ce budget, ce sera au gouvernement de mettre la main à la poche, et non au seul ministère de la Défense nationale, les Opex étant considérées comme des «actions gouvernementales», a précisé Gérard Longuet. Pour cela, le gouvernement pourrait être amené à demander au Parlement de voter de nouveaux crédits.
Outre la France, les deux principaux contributeurs de la coalition internationale en Libye sont le Royaume-Uni et les États-Unis. Pour Londres, la facture des opérations menées par la Royal Air Force et la Navy s'élève jusqu'ici à environ 120 millions de livres (136 millions d'euros). Les Américains ont quant à eux estimé leurs dépenses au 3 juin à environ 715 millions de dollars, soit près de 500 millions d'euros.
Source La Figaro - 12/07/11