Mada Kabobo (à droite sur l’image), le clandestin à la pioche, a finalement fait trois morts. Daniele Carella, le jeune livreur de journaux, puis Ermanno Masini, le retraité qui promenait son chien, ont succombé à leur tour aux coups que le Ghanéen leur avait assenés avec une particulière férocité.
Pour le correspondant du Monde, fidèle écho, à son ordinaire, des médias politiquement corrects de la péninsule, « ce fait divers tragique tombe mal pour la ministre de l’intégration, Cécile Kyenge » (à gauche sur l’image). D’autres auraient dit qu’il tombait surtout mal pour les victimes…
La Repubblica, de son côté, au moment où le bilan n’était encore que d’un mort, avait conclu à un malheureux concours de circonstances : « Un homme qui n’aurait pas dû être là, mais chez lui à dormir, et un autre qui n’aurait pas dû être en Italie, mais dans son pays, le Ghana, mais qui était resté en raison des contradictions législatives qui règlent la vie des migrants ». Qu’un Italien aille à l’aurore prendre un café au bar du coin, et qu’un clandestin violent multi-délinquant se promène dans les rues avec une pioche, c’est bien sûr du même ordre. Le livreur de journaux, lui non plus, n’aurait pas dû livrer ses journaux. Quand un Italien, comme à Florence en décembre 2011, tue deux Sénégalais, c’est un crime raciste ; quand un Ghanéen massacre trois Italiens à coups de pioche, c’est un fait divers, c’est-à-dire, pour les bobos demi-savants du Monde et de La Repubblica, quelque chose qui n’arrive qu’aux pauvres de souche et ne présente donc aucun intérêt. Ils n’avaient qu’à ne pas être là, les pauvres de souche. Lorsqu’un député de la Ligue du Nord a évoqué le drame de Milan à la Chambre, la présidente, l’ultra-immigrationniste Laura Boldrini, a ricané ostensiblement devant les caméras de télévision.
S’il faut blâmer dans cette affaire autre chose que la fatalité, c’est la société. Un député de Scelta Civica (la « grande coalition » de Mario Monti) n’a pas craint de déclarer que Kabobo était « un fou qui avait agi à cause des conditions de vie dans lesquelles il se trouvait. Le malaise psychique est favorisé par le malaise social ». Et le député de dénoncer « les connotations racistes » de la Ligue du Nord.
Le racisme, voilà qui est sérieux, voilà qui est grave, voilà qui mérite une lutte sans relâche. Pendant que Kabobo déambulait avec sa pioche, tout un détachement de la police antiterroriste faisait une descente à Macerata chez le responsable local du parti nationaliste Forza Nuova et saisissait dans son garage « un pot de colle fraîche et un pinceau ». Pièces à conviction décisives dans la gravissime affaire d’une petite affiche artisanale, collée sur un mur de la ville, qui a provoqué un scandale national, puisqu’on y lisait, horreur : « Kyenge, retourne au Congo ». Le responsable de Forza Nuova a été mis en examen « pour propagation d’idées fondées sur la haine raciale, ethnique et religieuse ».
En Italie comme ailleurs, le système a besoin du « racisme ». Le nouveau président du Conseil, Enrico Letta – membre du comité européen de la Commission Trilatérale, participant en 2012 à la réunion du Groupe Bilderberg aux États-Unis, publiquement parrainé par la Goldman Sachs –, a délibérément nommé la ministre Kyenge Kashetu pour créer du « racisme ». Kyenge n’a pas d’autres objectifs que son prédécesseur Andrea Riccardi sous Monti – l’abolition du délit de clandestinité, le passage au droit du sol, et la transformation de l’Italie en société « multiculturelle » et « métissée ». Mais Riccardi, avec ses odeurs de sacristie et ses grimaces de Tartuffe pour théâtre de province, était très Italien – très typique, hélas, d’une certaine Italie. Il ne choquait pas. Kyenge a multiplié les provocations, se vantant d’être entrée illégalement en Italie, d’être la fille d’un père polygame et d’avoir 38 frères et sœurs, protestant que, quoique naturalisée, elle n’était pas Italienne « mais Italo-congolaise », et clamant : « On dit que je suis le premier ministre de couleur. Je ne suis pas de couleur, je suis noire et fière de l’être ».
Pareilles sorties provoquent fatalement des réactions, surtout dans un pays où la liberté de parole était, jusqu’à présent, un peu moins limitée qu’ailleurs. Autant de proies pour les chiens de garde de l’antiracisme, autant de prétextes pour accélérer toujours davantage la machine de la répression contre tout ce qui s’écarte tant soit peu du politiquement, religieusement et culturellement correct. Un cas bien révélateur est celui de l’abbé Alessandro Loi, ce curé de campagne sarde qui s’est retrouvé au pilori médiatique pour avoir osé s’interroger : « Y avait-il vraiment besoin d’une ministre de couleur ? » L’abbé Loi célébrait la nouvelle messe, celle de Paul VI, mais, suivant les principes de la « réforme de la réforme liturgique » prônée en son temps par Benoît XVI, il était revenu à la position orientée traditionnelle, dos au peuple. Quel rapport ? L’évêque d’Ogliastra, Mgr Antioco Piseddu, en a vu un. En même temps qu’il lançait une enquête sur le « racisme » du curé, il lui a ordonné de célébrer désormais face au peuple : le curé, terrifié, s’est hâté d’obéir.
La droite de gouvernement trouve aussi son profit dans l’affaire. Les gesticulations de la Kyenge font oublier que c’est le gouvernement de Silvio Berlusconi, PDL et Ligue du Nord, qui a laissé rentrer en Italie des clandestins par dizaines ou centaines de milliers, sous le beau nom d’« urgence migratoire » : qui a envoyé les garde-côtes chercher les clandestins en haute mer pour les remorquer jusqu’à Lampedusa, les a installés à grands frais dans des centres d’accueil, leur a distribué des permis de séjour « humanitaires ».
Emeute Bari.
Voilà bien pourquoi Roberto Maroni, secrétaire fédéral de la Ligue du Nord et nouveau gouverneur de Lombardie, s’est hâté de désavouer – et dans La Repubblica, comme de juste – ceux qui, dans son propre parti, avaient mis en cause la Kyenge à l’occasion du massacre de Kabobo. « Je ne fais aucun lien, a-t-il assuré, entre les propositions de la ministre Kyenge et l’incroyable épisode de Milan : cet immigré est un fou ». Et pour cause : Maroni était ministre de l’Intérieur de Berlusconi au moment de l’émeute de Bari, le 1er août 2011, quand Kabobo et ses amis avaient mis la ville à feu et à sang et, au lieu d’être expulsés, avaient reçu en récompense des dossiers de demandeurs d’asile.
Le droit du sang est un symbole qui, comme tel, a son importance, mais qui a peu de conséquences pratiques : les enfants d’étrangers nés en Italie obtiennent la citoyenneté italienne par simple demande à leurs 18 ans. Sur l’essentiel, c’est-à-dire le grand déversement de population d’Afrique en Italie, le remplacement progressif des Italiens par des Africains, la gauche bourgeoise et la droite de gouvernement sont d’accord, au moins pour ne pas s’y opposer : les uns veulent, les autres acceptent. Et comment s’en étonner puisqu’ils servent les mêmes maîtres ?
Cette substitution de population a un nom : cela s’appelle un génocide. La politique d’immigration conduite par les gouvernements italiens depuis des années – et par les gouvernements français depuis des décennies –, c’est le génocide littéral et effectif des autochtones. La tuerie de Milan n’est que la manifestation brutale d’un processus qui s’accomplit ordinairement dans la discrétion ou dans les bons sentiments. Pendant que Kyenge amuse la galerie, les Kabobo continuent de débarquer par centaines tous les jours, sous les regards attendris des journalistes.
Dans un très beau texte, Gabriele Adinolfi (http://www.qelsi.it/2013/gli-assassini-siete-voi-buonisti-e-progressisti/) a lancé aux « progressistes » : « Les assassins, c’est vous ». « C’est vous qui armez les Kabobo. Et qui armerez aussi les Contre-Kabobo ». « Aujourd’hui, vous sifflotez, vous faites mine de rien, vous attendez que l’émotion retombe, que les gens oublient. Et demain vous recommencerez imperturbables, comme si rien ne s’était passé, à diaboliser les Italiens, particulièrement s’ils sont blancs, particulièrement s’ils sont hétérosexuels, particulièrement s’ils ont une profession libérale, et à chanter votre péan pour démanteler notre nation, que vous haïssez à la fois parce que c’est la nôtre et parce que c’est une nation ».
Les assassins sont les antiracistes, et nous sommes les victimes, nous autres, Européens par le sang. Nous n’avons pas tous le malheur – la malchance, comme dit La Repubblica – de tomber sur un Kabobo avec sa pioche, mais nous sommes tous en sursis, promis à l’extermination. Les victimes de Milan n’ont été que les premiers appelés. Daniele Carella, Ermanno Masini, Alessandro Carole – le chômeur qui souffrait d’insomnie et qui avait dit à sa mère : « Je sors prendre un café » –, c’est nous, c’est le sort qu’on nous réserve, c’est l’avenir qu’on nous prépare.
Flavien Blanchon
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