A l'aéroport de Schiphol. © Image Globe
La veille, les policiers venus des Pays-Bas et d'Australie avaient renoncé à se rendre sur le site du crash, en raison d'une intensification des combats dans cette zone de l'Ukraine contrôlée par les séparatistes prorusses.
"Comme vous le savez, cette mission avait avorté la veille en raison de l'intensité des combats sur la route menant au site et sur le site lui-même", a déclaré lundi à la presse le vice-directeur de la police fédérale australienne, Andrew Colvin.
Il faisait état de toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les enquêteurs pour mener à bien leur mission. Selon lui, la sécurisation de la zone s'avère extrêmement compliquée et son maintien dans le temps pose d'autant plus problème. Il est dès lors inutile de faire déplacer les enquêteurs sur place, après un long voyage, et de leur faire prendre des risques s'ils ne peuvent rester sur place que pour une période très limitée.
Mais les policiers australiens et néerlandais, accompagnés des observateurs de l'OSCE, vont tenter à nouveau de rejoindre le site, a-t-il ajouté.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, est arrivée dimanche à Kiev pour rencontrer le gouvernement ukrainien et évoquer la sécurité sur le site.
Un porte-parole militaire ukrainien avait assuré que l'armée ne menait pas de combats à proximité du site, contrairement, selon Kiev, aux séparatistes.
Des tirs d'artillerie ont été entendus à un kilomètre du site du désastre, lui-même situé à une soixantaine de kilomètres à l'est de Donetsk, capitale régionale et place forte des insurgés.
"Les terroristes sont-il en train de détruire des preuves du crime?" s'est interrogé sur son compte Twitter le ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkine.
Le Boeing de Malaysia Airlines assurant la liaison Amsterdam-Kuala-Lumpur avec 298 personnes à son bord à été abattu à 10.000 m d'altitude par un missile et une série d'éléments ont conduit Kiev et les Occidentaux à montrer du doigt les rebelles prorusses et leurs protecteurs au Kremlin.
Dix jours après le drame, des fragments de corps et des débris étaient toujours éparpillés dimanche sur le site sous contrôle de séparatistes.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe ont eu dimanche une conversation téléphonique au cours de laquelle ils ont convenu qu'il était "important d'obtenir un cessez-le-feu dans la zone de conflit en Ukraine et de commencer les négociations entre les belligérants conformément aux modalités de l'accord de Genève" conclu en avril.
Le chef de la diplomatie russe "a demandé à John Kerry d'ordonner à ses subordonnés de ne plus empêcher l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de faire son travail actuel", selon son ministère.
Selon le département d'Etat, M. Kerry a "appelé le ministre Lavrov à arrêter l'envoi d'armes lourdes et les tirs de roquettes et d'artillerie de Russie vers l'Ukraine, et à commencer à aider à une désescalade du conflit".
"Il n'a pas accepté les dénégations du ministre Lavrov sur le fait que des armes lourdes de Russie contribuaient au conflit", a précisé le département d'Etat.
Le responsable de la mission de l'OSCE, Alexander Hug, s'est contenté de constater que "les combats se poursuivent". "Nous ne pouvons pas prendre de risques (pour aller sur place). La situation en matière de sécurité sur la route vers le site et sur le site même est inacceptable pour une mission d'observation non armée", a-t-il souligné, ajoutant qu'il pourrait tenter de s'y rendre avec ses collègues lundi.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte jugeait lui qu'une mission militaire internationale n'était "pas réaliste" compte tenu de la forte présence des séparatistes dans cette région proche de la frontière russe.
"Le risque qu'une mission internationale se retrouve directement impliquée dans le conflit en Ukraine et que ce dernier prenne alors une dimension internationale est réel", a-t-il estimé.
Peu avant ce regain de tensions, le gouvernement malaisien avait de son côté annoncé un accord avec les rebelles prorusses sur le déploiement d'une mission de police internationale pour sécuriser le site et y permettre une enquête indépendante.
Cette mission sera composée de 68 policiers malaisiens qui partiront mercredi de Kuala Lumpur pour le site ainsi que de membres des forces néerlandaises et australiennes, deux pays qui ont payé un lourd tribut ayant respectivement perdu dans le drame 193 et 28 de leurs ressortissants, a annoncé le gouvernement malaisien dans un communiqué.
De nombreux corps ont déjà été emmenés aux Pays-Bas mais des dizaines manquent encore.
Malgré un cessez-le-feu fragile aux abords directs du site, le travail est compliqué par des combats entre loyalistes et séparatistes qui s'intensifient dans la région.
Dimanche, Gorlivka, fief du chef rebelle Igor Bezler à 45 km au nord de Donetsk et ville stratégique pour l'armée ukrainienne, a essuyé des tirs de Grad attribués par Kiev aux séparatistes.
Treize civils dont deux enfants y ont été tués dimanche, vraisemblablement par des tirs sur les quartiers d'habitation.
Le Conseil de sécurité nationale et de défense a pour sa part indiqué que les forces ukrainiennes avaient "détruit plusieurs barrages" des insurgés et étaient aux abords de Gorlivka.
La reconquête de Gorlivka est présentée par l'armée ukrainienne, qui a repris cette semaine aux rebelles plusieurs grandes villes, comme une étape cruciale dans la progression vers Donetsk. Des combats ont également été signalés à Avdiïvka, à 18 km au nord de Donetsk.
11 pays se réunissent pour évoquer l'enquête criminelle
Onze pays se réuniront lundi à La Haye pour évoquer l'enquête criminelle relative au crash d'un avion de la Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine le 17 juillet dernier. Il s'agit des dix pays qui ont essuyé des pertes humaines (dont la Belgique) et de l'Ukraine. La réunion doit mener à "une collaboration la plus intensive possible" entre les nations concernées.
Le ministère public néerlandais est chargé de mener l'enquête. En théorie, les suspects pourraient être jugés aux Pays-Bas. Mais l'enquête est très difficile.
La question est en effet de savoir si ces personnes seront un jour arrêtées et traduites devant la justice néerlandaise. Et si des preuves devaient encore être trouvées sur le site du crash, les suspects pourraient toujours avancer lors de leur procès que celles-ci ont été déposées après les événements.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères est à nouveau à Kiev
Le ministre des Affaires étrangères néerlandais Frans Timmermans se trouve à nouveau en Ukraine lundi. Il s'y entretiendra avec les autorités ukrainiennes au sujet de l'accès à la zone de crash en compagnie de son homologue australienne Julie Bishop. Ils demandent que la Rada prennent, dès mardi, une décision envoyant une mission de police sur le lieu de l'accident.
La Parlement ukrainien doit aborder jeudi la mission conjointe des Pays-Bas et de l'Australie. Celle-ci a pour objectif de rapatrier les derniers corps sur place ainsi que les effets personnels des victimes. "Nous pensons que c'est trop tard", a indiqué Mme Bishop dans une interview au quotidien Herald Sun.
Des négociations concernant l'envoi d'une mission de grande ampleur sont en cours depuis un moment, a-t-on appris samedi. La Haye a annoncé que plusieurs dizaines, voire centaines, de policiers pourraient être envoyés sur la zone d'impact du vol MH17.
Les dix pays déplorant des victimes dans l'accident, parmi lesquels la Belgique, se rencontrent lundi à La Haye afin d'aborder le volet pénal de l'enquête.
La Malaisie mène par ailleurs des discussions avec les autorités ukrainiennes et les rebelles prorusses afin d'appliquer un cessez-le-feu censé faciliter l'accès à la région pour les enquêteurs.