J’ai envie de descendre dans la rue et de hurler. HURLER. Suis-je donc le seul ? On massacre des femmes et des enfants. Là, en ce moment. Des gens sont en train de balancer des bombes sur des villes, de raser des maisons, de tuer des familles par des moyens immondes. RÉVEILLEZ-VOUS ! Ce n’est pas possible. Sommes-nous donc tous si lâches ? N’avons-nous donc rien appris de notre histoire ? J’ai envie de vomir.
Mais que se passe-t-il ? Pourquoi cet immobilisme, cette indifférence générale ? C’est horrible, ça ne peut pas être plus horrible, et personne ne bouge. Honte à vous, honte à nous ! Je regarde autour de moi révulsé, le bide retourné par ce que j’apprends, et tout est comme figé, nous sommes comme des prisonniers abrutis par l’air vicié respiré depuis trop longtemps. Je vis dans une bulle, c’est Truman Show, ce n’est pas possible. Les voitures continuent de rouler, les gens d’aller et venir, comme s’ils n’étaient pas au courant. Mais on est entrain de bombarder des enfants ! C’est là, à 3 heures de vol, ça arrive maintenant! Il suffit d’allumer la radio, d’ouvrir un journal, pour comprendre ce qui est en train de se passer.
C’est moi qui délire ? J’en fais trop ? A l’école, on apprend que ce n’est pas bien de taper sur ses petits camarades, non ? Et là, des familles entières se font massacrer aux missiles air-sol et vous ne dites rien, vous trouvez ça normal, vous estimez que cela ne mérite pas de perturber le cours de votre journée ? Mais qu’est ce que vous allez dire à vos enfants ce soir ? Aux mêmes à qui vous dites de ne pas faire du mal aux autres ? Que c’est loin ? Que ce n’est pas notre problème ? Que c’est la coupe du monde ? Et vous allez à la messe le dimanche ? Et vous allez déjeuner chez grand père et grand mère ? Et vous allez accompagner la petite à son goûter d’anniversaire? Moi je n’arrive pas.
« Comme si la Seconde Guerre mondiale avait défini pour l’éternité les bons et les méchants à la surface de la Terre… »
On nous gave de « plus jamais ça » depuis l’école, on nous abreuve quotidiennement de reportages sur les atrocités de la guerre; et c’est pour ne rien faire, pour ne rien dire, le jour où cela recommence ? N’aurait-on reçu des cours d’histoire que pour apprendre à être des lâches le moment venu, plutôt qu’à faire preuve de discernement et d’un peu de courage ? Pourquoi cette supercherie ? Au prétexte que les bourreaux d’aujourd’hui sont les victimes d’hier ? Comme si la Seconde Guerre mondiale avait défini pour l’éternité les bons et les méchants à la surface de la Terre ? Mais qu’est ce que c’est que cette blague ! Personne ne peut justifier l’assassinat de masse d’une population civile. Rien ni personne, jamais. Les bons et les méchants ne se définissent que par rapport à leurs actions, par rapport à votre conscience ! Que dit votre conscience ? Ouvrez les yeux, bon sang ! Il est là, le crime contre l’humanité; on file droit vers le carnage ; ce n’est plus possible de continuer comme ça ! Ce n’est plus possible.
Suis-je donc le seul à penser, au-delà de toutes considérations politiques ou religieuses, que faire bombarder par des avions de guerre les habitants d’une ville sans protection, d’un bidonville serait plus juste, est une chose particulièrement lâche et abjecte, que le déséquilibre des forces en jeu est tel que cela ne peut en aucun cas être assimilé à une quelconque légitime défense. C’est antisémite de dire ça ? Mais alors la raison même est antisémite, le bon sens est antisémite ! Arrêtons avec ces âneries.
Ouvrons les yeux. Que des hommes courageux et responsables apparaissent, qu’ils aient le courage d’appeler un chat un chat, un criminel un criminel. Que ces dirigeants-là arrivent avant qu’il ne soit trop tard et que cette histoire de fous ne nous emporte tous.
Notre société est-elle donc une telle imposture ? On nous bassine avec la pauvreté et la faim dans le monde, les dauphins, les sans-papiers et les chiens abandonnés, les bons sentiments dégoulinent de la télé, du 20h, des couloirs du métro. Et la véritable horreur, la vraie, celle là on prend bien soin de ne pas la montrer, de la dissimuler derrière du politiquement correct à donner la nausée ; «escalade de la violence », comme si les deux parties étaient à armes égales ? Comme si le droit international n’était pas toujours bafoué par les mêmes depuis quarante ans ? Sur quel horrible mensonge notre monde est-il donc construit ?
Le « droit international » n’existe-t-il que pour légitimer l’absence de droit international et la raison du plus fort ? L’« Aide au développement », la « Banque mondiale » ne servent-elles donc qu’à masquer l’accroissement ignoble des inégalités économiques ? La « Communauté internationale » n’est-elle donc qu’une coquille vide destinée à empêcher l’expression de tout point de vue contraire à la vision américaine ? Toutes ces belles dénominations sont des leurres, elles forment un système aveuglant et aliénant, un jeu dont nos sommes tous les dupes, téléspectateurs passifs complices d’un monde qui a cessé d’être le terrain de l’engagement, c’est à dire le parcours initiatique de la vie humaine, pour ne plus être qu’un spectacle pour enfants gâtés sous antidépresseurs. Car si l’humanité se conquiert dans le monde, dans l’action, elle se perd derrière sa télé, dans son canapé.
Réagissons, c’est notre devoir d’homme.
Nouvelles de France