Cher Gabriel Robin, rien de tel qu’une bonne polémique pour réchauffer mes vieux os et ramener un peu de rock and roll sur ce site qui, semblable à l’ensemble de ses confrères, peut toujours être sujet à l’encroûtement.
En guise de préambule, le « jeune crétin de droite », c’était évidemment moi et pas vous (voir les épisodes précédents). Ces choses dites ; quant au conflit israélo-palestinien qui s’invite aujourd’hui en France, il ne date pas d’hier. Dans mon précédent article, j’évoquais les manifestations ayant suivi l’attentat de la rue Copernic. Là aussi, déjà, d’autres drapeaux, israéliens ceux-là, fleurissaient les Champs-Élysées ; et il n’y avait même pas match de football France-Algérie à fêter.
Le conflit israélo-palestinien était déjà chez nous comme chez lui : en 1973, Danielle Cravenne, épouse de Georges Cravenne, le père des Césars, détournait un avion afin d’exiger qu’on ne diffuse pas ce brûlot qu’était… Les aventures de Rabbi Jacob, quoique tourné par Gérard Oury, Tannebaum de son vrai nom. Accessoirement, la malheureuse fut butée par les flics alors qu’elle n’était même pas armée.
Dans la foulée et ce pour en revenir à la psychose des années giscardo-coperniciennes, l’importation de ce conflit oriental en nos vieilles contrées, obligea encore Louis Pauwels, éternel jeune vieux con passé de Jacques Bergier à Milton Friedmann, de Planète au Figaro magazine, à manger son slip, sommé par Publicis de virer toute l’équipe du GRECE ayant pourtant fait le succès de ce supplément dominical – plus d’un million d’exemplaires vendus chaque semaine à l’époque. Époque où le Nouvel Observateur, titrant la « Nouvelle droite », avait désigné Alain de Benoist, bien connu de nos lecteurs, comme cerveau des attentats en question, Valéry Giscard d’Estaing et Michel Poniatowski, son ministre de l’Intérieur en étant évidemment complices, voire les bras armés.
Mais ces conflits ici importés auront au moins eu le don de dessiller certains yeux. L’Occident et sa défense ? L’Occident n’existe pas, puisque rassemblant un vaste sous-ensemble flou allant de Washington à Séoul, tout en passant par Cambera et Ryad ; et Paris, accessoirement. L’Europe oui, c’est une autre affaire. Mais ceux qui prétendent promouvoir le premier ne défendent que rarement la dernière.
En revanche, il est vrai que ce conflit prend une tournure particulière, due à une forte immigration arabo-musulmane et, comment dire, un singulier tropisme pro-israélien dans la doxa dominante, qu’elle soit politique ou médiatique. Manuel Valls qui jure de « son indéfectible attachement à Israël », tandis qu’un Arno Klarsfeld s’en va faire son service militaire dans les Territoires occupés, ça brouille un peu les pistes.
Après, on a toujours toute latitude à se tenir à équidistance des deux camps en présence, quitte à mettre sur le même pied violeur et violée. Pourtant, cette immigration de masse (je rappelle que je n’habite pas non plus sur Vénus), est de facto naturellement plus portée à défendre Gaza que Tel Aviv…
Ces conflits ici importés auront au moins eu le don de dessiller certains yeux.
C’est vrai. Mais qui les a fait entrer chez nous ? Des gauchistes hirsutes ou un patronat avide de main d’œuvre à bas prix ? Cher Gabriel Robin, l’une des élégances françaises consiste avant tout à taper plus sur les négriers que sur les Nègres. Quand à cette horde de couillons des cités, défilant sous drapeau islamiste – cause financée par cet autre pays « occidental » qu’est l’Arabie saoudite –, me choquera toujours moins que nos présidents à genoux à la Maison blanche, qu’un Sarkozy qui, aux USA, se prétend enfin « chez lui » ou qu’un Hollande, tôt détecté comme talent prometteur, non par Al-Qaïda, mais par la très américaine French American Foundation. L’art de la politique consiste souvent à opter pour le préférable que pour le détestable. C’est triste, mais c’est ainsi. Saint Thomas d’Aquin évoquait déjà ce dilemme, jadis ; comme quoi.
Nicolas Gauthier dans Boulevard Voltaire
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