Condamné à perpétuité il y a plus d’un an, Sofiane Rasmouk est rejugé en appel à Versailles pour avoir massacré une jeune femme et violé une autre victime. Il reconnaît ce qu’il a toujours nié.
Enfin. Le violeur de Colombes, Sofiane Rasmouk, reconnaît enfin le viol de Sandra, jeune femme agressée avec une rage folle le 7 août 2013 à Colombes. Condamné à la réclusion à perpétuité à Nanterre, en mai 2016, pour ce viol et pour avoir massacré une autre jeune femme désormais handicapée à vie, Sofiane Rasmouk est rejugé en appel à Versailles depuis ce jeudi jusqu’à la fin de semaine prochaine.
L’accusé se présente sous un jour moins mauvais que lors du premier procès. Il ne croise plus les bras pour faire saillir pectoraux et biceps, se tient plus tassé sur sa chaise, ne défie plus jurés et parties civiles d’un regard noir plein de morgue. Sa nervosité semble contenue. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est son teint de prisonnier. Blafard. Ni ce débit saccadé, ni ce verbe confus qui fait s’entrechoquer les mots jusqu’à ce qu’on n’y comprenne plus rien.
Alors quand la présidente de la cour lui demande pourquoi vouloir être rejugé, l’accusé répond : « J’ai fait appel pour la tentative de meurtre et la tentative de viol. » Par déduction, il reconnaît donc le viol de Sandra, mais l’aveu semble encore impossible à cet instant. Quelques heures plus tard, quand l’avocat de Sandra, Me Franck Berton, lui demande s’il « reconnaît pour la première fois les faits de viol sur [s] a cliente », l’accusé souffle ce « oui » jamais prononcé. jusqu’alors. Ni en garde à vue, ni lors de l’instruction et encore moins au procès de Nanterre, quand les questions posées sur le viol de Sandra et les preuves incontestables avancées déclenchaient sa fureur. Ce n’est plus un changement, c’est un véritable retournement.
« Même sa mère ne pouvait pas la reconnaître »
Sur l’épouvantable agression de Priscillia, en revanche, il ne varie pas. « J’ai toujours reconnu l’agression », murmure-t-il en réfutant sa volonté de tuer. Ce soir du 7 août 2013, Rasmouk a suivi la belle brune et son corps de danseuse depuis la gare de La Garenne-Colombes jusqu’à sa résidence proche de la voie ferrée. Au pied de l’immeuble, il a essayé de la violer, n’a pas réussi, et s'est déchaîné avec une extrême violence. La malheureuse n’avait quasiment plus de visage quand il l’a laissée pour morte. « Même sa mère ne pouvait pas la reconnaître, a précisé l’enquêteur de la PJ à la barre. Elle n’a pu l’identifier qu’en regardant ses pieds et son vernis à ongles. « Elle était dans un tel état que j’ai d’abord pensé que Mamadou Traoré, le tueur à mains nues, s’était échappé de prison », confie le policier.
La photo de la victime sans visage et intubée a été diffusée à l’audience. « Qu’est-ce que ça vous fait de voir cette photo ? » lui demande l’avocat général. « Y’a pas de mots, rétorque l’accusé. J’entends le commandant parler de moi comme si j’étais un kéké mais j’ai vu le dossier. Que voulez-vous que je vous dise ? Pardon ? Que je demande pardon ? Ça sert à quoi ? La vérité, vous voulez que je vous dise quoi. J’ai jamais réagi comme ça avec des bonhommes. Pourtant, j’en ai eu plusieurs des accrochages avec des gars de mon quartier. Mais j’ai jamais tapé une femme. » Décrit comme un « psychopathe » par les psys, Sofiane Rasmouk s’est déchaîné « parce qu’il n’a pas réussi à la violer », suppute l’enquêteur de la PJ. « Après il était frustré d’avoir raté la première, il s’en est pris à Sandra », décrypte le policier.