Paris, le 13 juillet, quelques débordements en lisière d’une manifestation pro-palestinienne. « Simple échauffourée », à en croire le pourtant très peu antisioniste Huffington Post, dirigé par Anne Sinclair. Une vidéo postée sur notre site voltairien, évoque ainsi l’attaque de la synagogue de la Roquette. Mais pas à coups de roquettes, tout de même…
Et notre jeune confrère Gabriel Robin, que je me permets de contredire aujourd’hui, qu’il me le pardonne, de titrer sur BV : « Assez du conflit israélo-palestinien, la France n’est pas un champ de bataille ». Il est un fait qu’à son âge, j’ai sûrement dû écrire le même genre de carabistouilles, dans la presse dissidente. Jeune crétin de droite, je pensais que la chute du Shah d’Iran signifiait la fin de l’Occident chrétien vis-à-vis du péril soviétique… Que de conneries écrites et proférées au nom de l’anticommunisme, à l’époque allié avec l’islamisme de combat ; voire l’Afghanistan…
Depuis que la figure du vilain islamiste a remplacé celle du bolchevik au couteau entre les dents, on n’en sort plus. Entre les andouilles assurant que « l’islamisme sera la communisme du XXIe siècle », les racistes patentés estimant que les Bougnoules ne sont que des bons-à-rien qui devraient nous remercier d’avoir été colonisés, les Pieds Noirs, excipant eux aussi du droit d’un peuple sans terre à coloniser une terre sans peuple, les chrétiens fous qui veulent rejouer les Croisades, avouez qu’il y a aussi de quoi en perdre son latin. Voire son arabe, qu’il soit classique ou dialectal.
Alors, oui, aujourd’hui, le conflit israélo-palestinien se transporte en France. Remarquez, cela ne remonte pas à hier. Dès 1967, le général De Gaulle s’en inquiétait et, principe de précaution oblige, mettait l’État hébreu sous embargo militaire. Puis, l’attentat de la rue Copernic, en 1980, à l’occasion duquel je vis défiler des hordes d’excités sur les Champs-Élysées, ratonnant à l’aveugle quiconque avait les cheveux trop courts. Même mistigri lors de l’affaire Carpentras avec un François Mitterrand – quel gag ! – défilant au premier rang sous drapeau israélien. Tandis que Simone Veil manquait de se faire ratonner par les nervis du Betar ; autre gag…
Un Bernard Antony aime à dire et écrire que « tout ce qui se passe là-bas ne nous regarde pas. » Étrange, pour un catholique évoquant une Terre ayant vu naître la Vierge Marie, saint Joseph et le Christ, lequel y fut crucifié avant de ressusciter au troisième jour…
La vérité, c’est que tout ce qui se passe ailleurs concerne la France, fille aînée de l’Église, au premier chef, et titulaire d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Malgré tout, le Français demeure une langue internationale. Notre espace maritime est le second au monde et la francophonie, ce n’est pas que des croquettes pour chats. Si certains nous promettent un destin digne de la République dominicaine, entre bunker, musée pour touristes et Reconquista de carnaval, c’est leur droit. C’est leur choix, comme aurait jadis assuré Loana.
Comme c’est aussi le leur de ne pas se montrer à la hauteur des enjeux.
Nicolas GAUTHIER
BOULEVARD VOLTAIRE