Version 1 - 30 décembre - La police soupçonne un crime crapuleux...
C'et une sombre histoire digne d'un roman de Zola. Une vieille femme de 84 ans a été retrouvée morte, seule, dans son pavillon délabré de Draveil (Essonne). Quasi squelettique, elle gisait dans une flaque de sang, sous la table de sa cuisine.
Crime crapuleux ? Mort d'épuisement, de froid, de malnutrition et de solitude ? Les deux hypothèses restent, pour l'instant, à l'étude. Aujourd'hui, les résultats des médecins légistes vont être déterminants. Le corps a été transporté ce matin à l'IML (Institut médico-légal) de Paris pour autopsie. C'est la voisine de la vieille dame, qui habitait rue Rémy-Aubeau, qui, inquiète de ne plus l'apercevoir, a donné l'alerte en appelant le 17, samedi midi. Les policiers de Draveil ont ensuite fait la macabre découverte. Mais depuis samedi soir, l'enquête a circulé entre différents services, chacun livrant son interprétation des faits. Hier soir, elle avait finalement été confiée à la sûreté départementale d'Evry. Samedi soir, la police judiciaire, après avoir passé la maison au peigne fin avec la police scientifique, avait écarté la thèse de l'acte criminel. Les enquêteurs s'orientaient alors vers un scénario de mort naturelle. La victime épuisée se serait fracturée le nez en tombant. Mais hier, le parquet soulignait « des circonstances troubles » ouvrant de nouvelles pistes, éventuellement criminelles. « Tout sera épluché. Son entourage, ses comptes bancaires », promet une source policière.
Selon ses voisins, Jeanne Michon, 84 ans - Jeannette, comme on l'appelait dans ce petit quartier pavillonnaire en bordure de forêt - « avait fait le vide autour d'elle ». Ni amis, ni ennemis, ni richesse, la vieille dame recluse était, selon les mots des services sociaux de la ville, « acariâtre ». Elle s'était fâchée avec ses trois enfants. Parfois, égarée et agressive, elle sonnait chez ses voisins pour quémander du pain. Pour se chauffer, elle allait chercher du bois en forêt. Au printemps dernier, après un signalement de la même voisine, Jeanne avait eu la visite d'une employée du CCAS (centre communal d'action sociale) de Draveil. Mais elle ne l'avait même pas laissé entrer, et l'avait accueillie en vociférant par-dessus la grille de sa maison. « On ne peut pas forcer les gens à aller à l'hôpital ou à accepter de l'aide », déclare Marie-Claire Bourchet, adjointe au maire de Draveil aux affaires sociales. Autre aspect troublant de la personnalité de la victime, Jeanne louait, depuis dix ans, une chambre à une autre femme de 70 ans. Quinze mètres carrés au garage, un taudis sans lumière pour un loyer de 260 € !* Cette locataire, sans famille, malade, a été entendue par la police. Délogée de son garage, elle a été relogée dans un hôtel de Draveil - quatre nuits payées aux frais de la ville, après l'intervention du maire. « Une misère insoupçonnable », souffle un proche du dossier.
* Le montant du loyer a-t-il été vérifié? Qui est cette locataire, dont on ne donne pas le nom et qui semble faire l'objet de plus de sollicitude que la victime?
Version 2 - 31 décembre- L'affaire est étouffée !
La femme de 84 ans retrouvée morte samedi à son domicile de Draveil (Essonne) est décédée d'un malaise cardiaque, selon l'autopsie pratiquée lundi, et non d'épuisement et de faim comme l'avait affirmé précédemment une source judiciaire.
Les premiers éléments de l'enquête avaient conclu à un état de total dénutrition et des conditions d'hygiène jugées déplorables, selon cette même source, avant de requalifier le décès en mort naturelle.
L'expertise médicale pratiquée lundi matin sur l'octogénaire a fait apparaître une maladie du coeur ainsi que d'importants problèmes de cholestérol et de circulation sanguine. La Sûreté départementale chargée de l'enquête a annoncé lundi qu'elle excluait toute piste criminelle.
Une femme de 70 ans, locataire dans le pavillon et qui vivait en très mauvais termes avec la victime, a été entendue par la police qui l'a totalement mise hors de cause. D'importants hématomes et des bleus ont été découverts sur le corps de la victime, mais ils sont tous dus à des problèmes de circulation sanguine et non à des violences, a précisé la Sûreté départementale.
L'octogénaire, pourtant propriétaire de son pavillon et titulaire de plusieurs comptes en banque «bien remplis» selon les enquêteurs, vivait relativement misérablement.
La police a précisé qu'elle ne payait plus depuis plusieurs mois ses factures d'électricité ni de chauffage. Elle avait également rencontré ces dernières semaines des problèmes avec le fisc !
(Source Le Parisien -30 et 31.12.07)