Traumatisée par une série d'actes de malveillance identiques qui ont gravement perturbé le trafic voyageurs samedi, la SNCF s'interroge publiquement sur l'hypothèse de sabotages concertés, à laquelle le secrétaire d'Etat chargé des Transports, Dominique Bussereau, semble croire.
"C'est hélas la réalité", a déclaré dimanche sur RMC M. Bussereau, à qui l'on demandait s'il croyait à l'existence de sabotages concertés, après des actes de malveillance commis samedi contre la SNCF.
"J'ai demandé à la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, de faire en sorte que nos policiers, nos gendarmes sur le terrain aient un oeil particulièrement acéré sur la surveillance des voies ferrées", a-t-il ajouté.
34.000 km de voies à surveiller!
Sur la même question d'un éventuel sabotage organisé, le président de la SNCF Guillaume Pépy a répondu: "nous nous posons la question".
Un porte-parole du Sirpa a pour sa part indiqué que "les constatations effectuées par les gendarmes n'ont pas permis pour le moment de confirmer ni cette hypothèse, ni une autre".
Cinq des six incidents récents ont été provoqués par des fers à béton posés sur des caténaires, les fils d'alimentation électrique qui surplombent la voie.
La SNCF a indiqué n'avoir pas reçu de revendication de ces actes.
Samedi, le trafic de quelque 160 TGV, Thalys et Eurostar a été perturbé jusqu'en milieu d'après midi.
De 23H30 samedi à 4H00 dimanche, des équipes techniques ont réparé les caténaires sur la ligne Paris-Lille au kilomètre 40 et sur la ligne Lille-Paris au kilomètre 28. La situation était revenue à la normale dimanche matin, a indiqué la SNCF.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des tiges de fer à béton avaient été fixées sur des caténaires, dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne, affectant les lignes à grande vitesse (LGV) Nord, Est et Sud-Est après que ces fers eurent été percutées à 170 km/h par les trains-balais. Ceux-ci vérifient quotidiennement à 05H00 la sécurité des voies avant l'ouverture au trafic commercial.
Selon un spécialiste de l'entretien des caténaires, parlant sous le couvert de l'anonymat, ces actes de sabotage sont faciles à organiser pour des gens connaissant bien la SNCF et Réseau ferré de France. "Le travail d'entretien sur les caténaires s'effectue la nuit sur les lignes à grande vitesse (LGV), le courant est coupé pendant nos interventions, il suffit de savoir quand a lieu une intervention pour prendre une échelle et installer le fer à béton et repartir", a expliqué ce spécialiste à l'AFP.
Les enquêtes en cours sont menées "sous la "responsabilité directe" du directeur général de la gendarmerie nationale, selon le souhait de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Les sections de recherches de Paris, Amiens et Dijon sont saisies, avec l'aide des services techniques de recherche judiciaire et de documentation (STRJD) et l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
S'agissant de la prévention, police et gendarmerie ont reçu une circulaire leur demandant de contacter les directions de la SNCF qui leur signaleront "les points sensible" du réseau ferré.
La situation samedi avait été aggravée dans la matinée par la découverte du corps d'un homme déchiqueté sur l'axe Paris-Lille, entre Pierrefitte (Seine-Saint-Denis) et Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise).
Le commissariat de Garges-lès-Gonnesse a indiqué dimanche n'avoir toujours pas identifié cette personne et ne pas être en mesure de confirmer l'éventualité d'un suicide ou toute autre hypothèse.
AFP.09.11.08