Mercredi soir, la mairie de Paris a organisé une soirée à l'occasion du ramadan. Elle y a proposé un «Iftar léger», un repas de rupture de jeûne... Un événement qui fait des vagues. Après les associations laïques et des députés, comme Jérôme Dubus du Nouveau Centre, le préfet de Paris s'est lui aussi inquiété de voir la mairie organiser cette cérémonie «religieuse».
Dans un courrier du 19 août, que Le Figaro s'est procuré, il a jugé que cette soirée de ramadan heurtait le principe de laïcité. «Après examen de la jurisprudence administrative et consultation de la direction des libertes publiques et des affaires juridiques du ministère de l'Intérieur, il apparaît que votre décision d'organiser une telle soirée à caractère cultuel semble contraire au principe de neutralité des services publics», met en garde le préfet.
La direction juridique proposait même de faire annuler la manifestation car la soirée du ramadan organisée par la Mairie de Paris et explicitement axée sur la fête du ramadan et la rupture du jeûne imposé aux musulmans ne répond à aucun des cas de dérogation, précise leur note. «Il n'existe aucun intérêt public local à l'organiser, celle-ci pouvant être organisée dans le cadre des mosquées. En outre, aucune autre fête de cette nature n'a été organisée pour d'autres cultes (rupture de jeûne pour kippour, Pâques...), ce qui ne respecte pas le principe d'égalité entre les cultures», écrivent les auteurs. Le préfet a préféré questionner le maire Bertrand Delanoë sur le financement de cette nuit du ramadan.
Une «soirée culturelle»
La Mairie s'est défendue le 22 août, insistant sur le fait que cette soirée, «organisée traditionnellement par la Ville tous les ans depuis 2001», constituait une «soirée culturelle», s'ouvrant par un concert, se poursuivant par des chants. «Elle ne correspond à aucune fête musulmane et n'a pas pour l'objet de permettre l'accomplissement de certaines pratiques à caractère rituel, mais bien au contraire, d'organiser des festivités, ouvertes à tous, qui ne relèvent pas de la sphère religieuse», précise-t-elle.
La Mairie rappelle d'ailleurs qu'elle participe «à des manifestations traditionnelles de différentes confessions ou communuatés représentées à Paris telles qu'Hanouka, Vesak, la saint Maroun, le nouvel an chinois, le nouvel an berbère, l'arbre de Noël...».
Le maire de Paris détaille également le coût de ce marché public pour le repas de l'iftar de 29.000 euros et de près de 70.000 euros pour la partie culturelle. Les années passées, des entreprises sponsorisaient l'événement, entretenant le flou sur un lien désormais sur la sellette entre les religions et les institutions publiques.
Les écologistes ont apporté leur soutien à cette «initiative pacifique et solidaire», à laquelle deux élus devaient participer, estimant que cette «fête culturelle» était «respectueuse des principes de laïcité».
Dans la soirée de mercredi, des militants des groupes d'extrême droite Projet Apache et Bloc Identitaire ont collé des affiches dans le quartier de l'Hôtel de Ville montrant un portrait de Delanoë assorti d'une citation qui lui est faussement attribuée: «Aujourd'hui les Parisiens sont sans logement, les Français n'ont plus d'argent, les Européens voient leur avenir foutre le camp... Moi, je préfère dépenser pour le ramadan». Quant au Parti de Gauche (PG), il a publié mercredi un communiqué estimant que «cette façon d'agiter le mot laïcité exclusivement contre l'islam» tout en restant «systématiquement silencieux quand il s'agit d'autres cultes ne paraît pas conforme aux principes de la République laïque».
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» DOCUMENT (pdf) - La lettre du préfet à la mairie de Paris
Source Le Figaro - 25/08/11