LAMPEDUSA (NOVOpress) — Incendie du centre d’accueil par les Tunisiens, scènes de guérilla dans l’île, le maire assiégé dans l’hôtel de ville par les autochtones exaspérés et contraint de mettre en sourdine son immigrationnisme, la coopérative « Lampedusa accueil », qui avait copieusement fait son beurre de l’invasion, réduite à licencier son personnel, et pour faire bonne mesure sans le payer : on en était resté là cet automne dans le feuilleton de Lampedusa.île avait été déclarée port non sûr et les garde-côtes italiens, qui continuaient imperturbablement à ramasser des clandestins en haute mer, s’étaient mis en novembre à les remorquer jusqu’en Sicile. L’hiver était alors survenu et, la navigation devenue trop difficile, l’invasion, du moins maritime, s’était interrompue. Situation évidemment très préoccupante pour le gouvernement de la Goldman Sachs, pour qui l’accueil des « migrants », comme ils disent, est une priorité.
« Il est nécessaire, ont-ils déclaré ensemble, de ne pas être pris au dépourvu ». En six mois l’année dernière, plus de 50 000 immigrés avaient débarqué à Lampedusa depuis l’Afrique du Nord. Avec l’arrivée du printemps et du beau temps, les « charrettes de la mer » pourraient recommencer à affluer – fuyant ou prétendant fuir le nouveau gouvernement libyen comme celles de l’année dernière fuyaient le vilain Kadhafi.
« Nous espérons, a poursuivi le bon apôtre Riccardi, qu’il n’y aura pas de nouvelle urgence migratoire mais nous devons être prêts, pour qu’elle ne nous prenne pas par surprise ». Pour finir sur une touche larmoyante, les deux ministres se sont ensuite rendus au cimetière « pour rendre hommage aux tombes des migrants morts durant la traversée du canal de Sicile et ensevelis sur l’île ».
Comme pour répondre à cet appel – ou faut-il dire cet appel d’air ? – les débarquements ont repris à Lampedusa précisément le lendemain. Samedi peu après 12h30, sont arrivés sur l’île 69 « réfugiés », qui avaient été repérés alors qu’ils se trouvaient à un demi-mille des côtes et que la capitainerie du port s’est hâtée d’aller chercher. L’agence ANSA parle seulement de « réfugiés », mais sa consœur Adnkronos précise qu’il s’agit de « réfugiés subsahariens »…
Photo : été 2011, les vedettes des garde-côtes italiens amarées à Lampedusa. Crédit : Nicola Licata via Flickr (cc)
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