Marine Le Pen, ici à Hénin-Beaumont a appelé dimanche soir à construire une nouvelle opposition qui "tranche idéologiquement" et qui soit "digne de confiance" après la victoire de François Hollande sur Nicolas Sarkozy.
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PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a appelé dimanche soir à construire une nouvelle opposition qui ne soit pas la "copie d'un pouvoir en place" après la victoire de François Hollande sur Nicolas Sarkozy.
La présidente du Front national, qui a obtenu 17,9% des voix au premier tour, estime que le nouveau président socialiste "comme Nicolas Sarkozy, décevra vite, d'abord son camp, puis la France".
"Il faut une opposition qui tranche idéologiquement et surtout qui soit digne de confiance, ferme, honnête", a-t-elle déclaré en invitant les Français à faire entrer des députés de son parti à l'Assemblée pour la première fois depuis 25 ans.
Marine Le Pen a jugé dans une déclaration que Nicolas Sarkozy, que les Français ont "sanctionné durement" pour avoir "trahi tous ses engagements de 2007" était "le seul et unique responsable de sa défaite".
Mais aussi, "par le rejet personnel qu'il a suscité", le "seul et unique responsable de la victoire de François Hollande", a-t-elle dit.
La défaite de Nicolas Sarkozy fait le jeu de la dirigeante du FN, qui mise sur une "guerre des chefs" à l'UMP, surtout si le président sortant devait en laisser les rênes, pour provoquer une recomposition politique à son profit.
Le score honorable de Nicolas Sarkozy au second tour pourrait toutefois contrarier ce scénario, selon Damien Philippot de l'IFOP.
"UN BON RÉSULTAT" POUR LE PEN
Il souligne toutefois que "la stratégie de droitisation" du président sortant "a échoué" et que "pour Marine Le Pen, c'est un bon résultat".
Le président sortant a en outre "contribué" à donner du crédit aux thèmes du FN en droitisant sa campagne de l'entre-deux-tours, ajoute Damien Philippot.
Pour Marine Le Pen, le fait que Nicolas Sarkozy ait éprouvé des difficultés à imposer sa stratégie de séduction de l'électorat FN aux "dignitaires" de son propre parti montre que l'UMP "est déjà en situation d'implosion".
Elle a répété dimanche soir que par leurs appels à voter PS plutôt que FN aux législatives, certains responsables de l'UMP avaient "fini de retirer au président sortant la moindre chance de réélection".
Marine Le Pen a lancé dès le 1er mai la bataille des législatives de juin tout en sachant qu'il lui sera difficile de faire rentrer de nombreux députés à l'Assemblée compte tenu de l'obstacle du scrutin majoritaire à deux tours.
Elle compte cependant élargir le "Rassemblement bleu Marine" lancé lors de la présidentielle, qui a vu des ex-chevènementistes, villiéristes et personnalités indépendantes soutenir sa candidature.
"Il faut désormais se tourner vers les élections législatives et la mobilisation doit être totale. Il faudra faire rentrer au Parlement des députés déterminés à faire entendre la voix des patriotes", a-t-elle dit.
DES DÉPUTÉS MARINISTES?
"Un succès serait déjà de faire rentrer un député à l'Assemblée parce que nous en sommes exclus depuis 25 ans", époque à laquelle le FN avait obtenu 35 députés grâce au scrutin proportionnel, expliquait-elle jeudi à Reuters.
Malgré tout, Marine Le Pen espère bien, en fonction de paramètres comme l'abstention ou la présence de dissidents PS ou UMP, faire élire une quinzaine de députés "marinistes" afin de former un groupe parlementaire.
La dirigeante du FN a obtenu le 22 avril plus de 20% des voix dans 43 départements et fait plus de 12,5% des inscrits dans 353 circonscriptions sur 577, ce qui, extrapolé aux législatives, ferait autant de triangulaires.
Toutefois, la participation risque d'être moindre qu'à la présidentielle et les analystes tablent plutôt sur 100 à 150 triangulaires ou quadrangulaires.
Même si son rassemblement n'obtenait qu'une poignée de députés, Marine Le Pen promet de "faire du bruit" et de "tout casser" à l'Assemblée nationale pour imposer ses thèmes.
Le vote blanc, qui se confond avec le vote nul, sera étudié de près par les stratèges du parti car Marine Le Pen, refusant de choisir entre les finalistes, avait indiqué qu'elle voterait blanc à titre personnel, sans donner de consigne de vote.
Le 22 avril, 701.190 suffrages ont été considérés blancs ou nuls, soit 1,92%. En 2007, un nombre important avait été atteint au second tour avec 1,57 million (4,2%).
Edité par Yves Clarisse
La Provence - 06/05/12