PARIS (Reuters) – Soixante-dix personnes ont été interpellées lundi en marge des commémorations de l’armistice de la Première Guerre mondiale sur les Champs-Elysées où le cortège de François Hollande a été hué, a annoncé le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.
Des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et des manifestants dont certains ont scandé « Hollande démission » « Dictature socialiste », ou « Hollande, ta loi on n’en veut pas », un slogan entendu lors des manifestations des opposants au mariage homosexuel.
« Aujourd’hui sur les Champs-Elysées, quelques dizaines d’individus liés à l’extrême-droite, au Printemps français, au Renouveau français n’ont pas voulu respecter ce moment de recueillement et de rassemblement », a dit à la presse Manuel Valls, faisant état de la présence de personnalités du Front national sur les Champs-Elysées.
« Ces événements sont inacceptables, insupportables, on ne peut pas ainsi mettre en cause la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, on ne peut pas utiliser un rassemblement de ce type pour s’attaquer aux valeurs de la République et de notre pays », a-t-il ajouté.
Pointé du doigt par le gouvernement, le FN a riposté en dénonçant des arrestations « préventives et arbitraires d’adhérents venus assister pacifiquement aux cérémonies » et a exigé leur libération immédiate.
« Je désapprouve (les manifestations) et le FN n’y est strictement pour rien », a déclaré la présidente du Front nationale Marine Le Pen sur BFM TV. Le FN « a même été victime d’arrestations qu’il faudra éclaircir, ce sont des méthodes réservées aux pays à tendance totalitaire. »
RAS-LE-BOL
Certains des manifestants présents sur les Champs-Elysées portaient des bonnets rouges tandis que d’autres brandissaient des drapeaux français.
« Je trouve absolument honteux qu’on n’ait pas le droit de parler sans être interpellé, dire ‘Hollande démission’ n’est pas injurieux », a déclaré une manifestante coiffée d’un bonnet rouge sur BFM TV. « Il n’y avait pas de huée pendant la cérémonie militaire (…) les gens ont commencé après, c’est le chef de l’Etat qu’ils voulaient huer. »
François Hollande « n’entend pas le ras-le-bol des gens, il continue sur sa lancée sans écouter », a-t-elle ajouté. « Les mesures fiscales, loin de frapper seulement les classes supérieures, frappent tout le monde. »
Un porte-parole du mouvement des « Bonnets rouges » qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l’écotaxe, Christian Troadec, a condamné la manifestation parisienne et a assuré que ces personnes n’avaient rien à voir avec son mouvement.
Dans la classe politique française, plusieurs voix se sont également élevées pour dénoncer un mouvement de protestation hors de propos.
« La colère des Français est immense (…) mais le moment ne s’y prête pas, c’est un moment de solennité, de recueil, de souvenir », a dit l’ancien ministre de la Défense et président du Nouveau Centre Hervé Morin sur i>TELE. « Ce moment qui est un devoir de mémoire c’est un message d’unité, c’est un vivre ensemble, un passé commun, c’est une volonté de partager ce qui a constitué l’unité du pays. »
« Même si François Hollande n’est pas à la hauteur de la situation en tant que président de la République, il représente l’unité nationale et ce n’est pas le moment de le faire », a-t-il ajouté.
Sur son compte Twitter, le président du groupe EELV au Sénat Jean-Vincent Placé s’en prend lui aux « nervis de l’extrême-droite qui conspuent le chef de l’État en ce jour de mémoire et de recueillement pour nos morts et pour la paix ».
Dans les rangs de l’UMP, Dominique Paillé juge « regrettable » les huées visant le chef de l’Etat, Valérie Pécresse dénonçant, elle, des critiques « franchement déplacées ».
Marine Pennetier, édité par Pascal Liétout
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