A quatre mois du scrutin régional, Nicolas Sarkozy a enfilé mardi son costume de "premier flic de France" pour réaffirmer en banlieue parisienne ses priorités en matière de sécurité et d'immigration, deux des thèmes favoris de son électorat.
Le scénario est désormais rôdé. Comme l'an dernier à l'approche des élections européennes, le chef de l'Etat a repris le chemin des commissariats et des gendarmeries pour renouveler son message de fermeté en matière de lutte contre la délinquance et rappeler à ceux qui pouvaient en douter que la "sécurité des Français" restait une priorité.
Première étape de la tournée présidentielle de ce mardi, le siège de la police municipale d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) pour une rencontre avec ceux qui vivent l'insécurité au quotidien et des trafics en tous genres.
"Je suis venu pour vous dire que nous allons prendre toutes les mesures nécessaires", promet Nicolas Sarkozy, "tous ces messieurs qui ne travaillent pas et qui ont de belles voitures devront s'expliquer". "Tous ceux qu'on prendra pas sur le fait, on les prendra par les éléments de train de vie, les voitures, les montres...", ajoute-t-il.
La caravane présidentielle repart toute sirènes hurlantes pour Bobigny et sa direction territoriale de la sécurité de proximité. Nicolas Sarkozy y visite la salle de commandement et inspecte une dose de haschisch et quelques armes récemment saisies. "La Kalachnikov, vous l'avez trouvé où ?", s'inquiète-t-il, "c'est quand même pas mal, c'est des armes de guerre".
Plus loin, il félicite des agents des impôts venus s'installer en banlieue pour y débusquer les signes extérieurs de richesse des trafiquants.
"Il ne faut pas oublier qu'Al Capone est tombé par le fisc", rappellera plus tard opportunément le député-maire du Perreux-sur-Marne, Gilles Carrez.
Le Perreux, justement. Terme de la tournée et l'occasion pour Nicolas Sarkozy de répéter ses arguments lors d'une table-ronde, devant les caméras.
D'abord sur la nécessaire "sanctuarisation" des écoles. "Ce sera systématique, la vidéo, le policier référent, la lutte contre les décrocheurs, le fait que nous n'acceptons pas l'absentéisme", dit-il, "arrêtons le petit système qui consiste à tout vouloir expliquer, il n'y a rien à expliquer quand on vient avec une barre de fer à l'école".
Pour protéger les commerçants, même solution, la vidéosurveillance. "Notre objectif, c'est de tripler le nombre de caméras (22.000 aujourd'hui) installées sur la voie publique d'ici 2012", annonce le président, "et désormais tout wagon acheté par la RATP ou la SNCF sera équipé de six caméras".
Au passage, le chef de l'Etat en profite pour égratigner les "grand penseurs qui ne vont pas dans vos quartiers" et qui voient dans la généralisation de la vidéosurveillance une régression des libertés. "Ceux qui seront contre, qu'ils l'assument devant la population", lance-t-il aussi à la gauche, proposant d'en débattre d'ici aux régionales.
Nicolas Sarkozy ne rate pas non plus l'occasion de reprendre la patronne du PS Martine Aubry, qui s'est prononcée pour une régularisation des sans-papiers. "Je ne l'accepterai jamais parce que c'est contraire à l'idée que je me fais des valeurs de la République", répond-il, tout en refusant "toute forme d'amalgame odieuse" entre délinquance et immigration.
Avant de repartir, le président a un dernier mot pour féliciter le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux pour ses "bons résultats" d'octobre et renvoyer les socialistes à leur bilan. François Hollande (PS) lui a répondu en avance, dénonçant son "échec" en la matière.
AFP. 24.11.09