Tout est pour le mieux dans le meilleur des collèges possibles…
Les résultats définitifs du Brevet des collèges 2013 viennent d’être publiés par la DEPP (Direction des études, de la prospective et des performances – défense de rire, ça existe vraiment). Un cru aussi bon que l’an dernier puisque 84,7 % des collégiens ont décroché le diplôme qui atteste de leur maîtrise du « socle commun ». Il y a bien entendu encore des progrès à faire, notamment pour ce qui est des inégalités en fonction de la classe sociale, mais même les plus défavorisés sont 75,3 % à réussir. À la lecture de ces chiffres, on peut se demander la raison des lamentations de certains (devrais-je faire mon mea culpa ?) sur la baisse de niveau des écoliers français. Seuls 15 % ne maîtrisent pas le « socle commun de compétences et de connaissances » en fin de scolarité obligatoire. Il devrait être facile de s’occuper de cette fraction en difficulté puisque les autres maîtrisent les fondamentaux. Quand on maîtrise la culture commune, on doit pouvoir se débrouiller dans la suite de ses études avec un peu de travail.
Le problème est que si l’on regarde d’un peu plus près les chiffres, ils sont près de 40 % à ne pas avoir eu la moyenne à l’épreuve finale en français et plus de 50 % en mathématiques. La moitié des collégiens n’ont pas la moyenne dans ces deux matières fondamentales. Malgré tout, 70 % de ceux-là décrochent le Brevet. Sans doute l’épreuve finale est-elle trop difficile (l’essentiel des coefficients de l’examen provient du contrôle continu)… À moins que l’Éducation nationale ne considère qu’il n’est pas indispensable à la culture commune de maîtriser la langue de notre pays et les bases des mathématiques.
Il se peut bien qu’elle ait raison puisque les taux de réussite aux baccalauréats, trois ans plus tard, sont quasiment identiques à ceux du Brevet des collèges. À se demander s’il ne vaudrait pas mieux envoyer les collégiens directement à l’université. Ils y échoueraient plus tôt, ce qui leur permettrait de se réorienter plus vite. Au passage, quelle économie, de supprimer le lycée ! Tant qu’à être absurde, autant que ce soit rentable.
Pierre van Ommeslaeghe, professeur de Philosophie
BOULEVARD VOLTAIRE