Une vingtaine de personnes et plusieurs enfants s'apprêtaient vers 22H00 à passer la nuit à l'école Gilbert-Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon, où ils avaient apporté vivres et sacs de couchage, selon un photographe de l'AFP.
Mobilisés depuis l'interpellation jeudi dernier de l'Angolais Guilherme Hauka Azanga, 37 ans, sous les yeux de ses enfants et des deux enfants de sa compagne, des parents avaient entamé l'occupation de l'école mardi à 15H30 et y avaient passé une partie de la nuit.
Plus de 200 personnes - parents, voisins, militants associatifs et simples passants - ont par ailleurs formé une "chaîne de solidarité" mercredi soir sur la place des Terreaux, devant la mairie de Lyon, où une petite délégation était reçue par le chef de cabinet du maire Gérard Collomb.
"Il nous a reçus longuement et sérieusement et nous a dit que Gérard Collomb allait adresser au préfet un courrier qu'il rendrait public", a indiqué à l'AFP Julien Delavernhe, un parent d'élève. La mairie n'était pas immédiatement disponible pour confirmer.
De son côté, la préfecture n'envisage pas de réexamen de la situation de Guilherme Hauka Azanga, père de deux enfants nés en France, assurant qu'il a aussi une femme et cinq enfants en Angola et qu'il a épuisé tous les recours sans obtenir le statut de réfugié.
"Nous avons produit l'acte de décès de son épouse angolaise, qui date du 10 août 2004. Ses cinq enfants ont été mis à l'abri en République Démocratique du Congo pendant la guerre civile angolaise, et seule une régularisation lui permettra de demander un regroupement familial", rétorque son avocat, Me François Sabatier, interrogé par l'AFP.
Hauka Azanga, en France depuis huit ans, avait fait l'objet d'une reconduite à la frontière en janvier et purgé deux mois de prison ferme pour refus d'embarquer. Il avait été conduit directement à l'aéroport à sa sortie de prison, le 18 mars.
Selon son avocat, il s'était alors enduit de matières fécales et avait refusé de se nettoyer. Mis de force dans l'avion, il avait dû être ramené en France après une escale à Francfort, le pilote refusant de partir.
Il avait été libéré le 20 mars après une décision du juge des libertés et de la détention (JLD) lui accordant sept jours pour quitter le territoire, mais cette décision a été annulée en appel, et il avait été à nouveau arrêté et transféré en centre de rétention.
Selon Annabel Billaud, mère d'élève de l'école Gilbert-Dru, l'inquiétude "est d'autant plus grande" que la compagne de Guilherme Hauka Azanga, une Congolaise en situation régulière, "a d'importants problèmes de santé" et ne peut s'occuper seule des quatre enfants.
Plusieurs centaines de personnes avaient manifesté samedi dernier à Lyon, à l'appel du Réseau éducation sans frontière (RESF), pour protester contre son expulsion.
L'Express - 31 mars 2010