Plus aucun soldat israélien ne foule le sol de la bande de Gaza. C'est en tout cas ce qu'annonce mercredi l'armée, qui précise toutefois que des forces restent déployées le long de la frontière "pour faire face à toute éventualité". Les combats dans la bande de Gaza ont cessé dimanche à la faveur d'un cessez-le-feu qu'Israël et les groupes armés palestiniens, dont le Hamas qui contrôle le territoire, avait décrété chacun de son côté.
Plus de 1300 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne, la plus vaste jamais menée par Israël dans la bande de Gaza. Et certains d'entre eux ont été victime d'obus au phosphore, des armes très critiquées par la communauté internationale. Selon le quotidien libéral israélien Haaretz, Tsahal enquête sur une éventuelle utilisation "fautive" par une unité de parachutistes d'une vingtaine d'obus de ce type dans une zone peuplée dans le nord de la bande de Gaza. Un porte-parole de l'armée a démenti qu'il y ait une "enquête officielle"...
Brûlures de la peau, foie, cœur ou rein endommagé
Selon des sources militaires citées par le journal, l'armée a tiré deux types d'obus contenant du phosphore : des obus d'artillerie fumigènes contenant une faible quantité de phosphore, et des obus de mortier à forte concentration de phosphore. Une vingtaine d'obus de ce second type, qui causent des brûlures très graves, ont été tirées sur des quartiers de la localité de Beit Lahiya, selon le journal.
L'organisation Amnesty International, dont une équipe s'est rendue dans le territoire palestinien, accuse l'Etat hébreu de "crimes de guerre" pour avoir usé des obus de phosphore. "Nous avons vu des rues jonchées de débris, qui prouvent l'utilisation de phosphore blanc, y compris des particules incandescentes et des restes d'obus tirés par l'armée israélienne", a déclaré un expert en armement qui faisait partie de l'équipe d'Amnesty. L'exposition à ce produit toxique peut se révéler fatale. Il peut provoquer des brûlures de la peau et endommager le foie, le coeur ou les reins. L'équipe d'Amnesty affirme avoir trouvé des particules de phosphore et des obus qui les contenaient à l'intérieur et à proximité de maisons et bâtiments, dont notamment trois obus au phosphore près du complexe de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens à Gaza-ville.
Enquête sur l'utilisation de munitions à uranium appauvri. L'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va ouvrir, à la demande des États arabes, une enquête sur des allégations selon lesquelles Israël aurait utilisé des munitions à uranium appauvri durant son offensive à Gaza. "Nous allons enquêter sur le sujet dans la mesure de nos compétences", affirme la porte-parole de l'agence onusienne, Melissa Fleming. La requête a été présentée lundi au nom des pays arabes par l'Arabie saoudite, sous la forme d'une lettre que l'AIEA "est en train de diffuser auprès des États membres". La forme précise de l'enquête sera établie après consultation de ceux-ci, indique Mélissa Fleming.
Quel réglementation pour ces bombes au phosphore ? |
Les bombes au phosphore blanc ne sont interdites par aucun traité international, en dépit de leur caractère controversé. La manière dont ces armes incendiaires sont utilisées est en revanche réglementée par la Convention sur les armes classiques de 1980, plus spécifiquement par le protocole III "sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires", entré en vigueur en 1983 mais auquel Israël n'a pas souscrit. Le texte prohibe leur utilisation dans les zones peuplées de civils. L'armée israélienne n'a pas démenti avoir usé des obus au phosphore, soulignant toutefois n'utiliser que des armes non prohibées par les conventions internationales. |