Wahbeh Abou Jahl, sa femme et leurs quatre enfants se sont dispersés chez des parents après la destruction de leur maison dans une frappe israélienne contre un bâtiment du Hamas. Mais l'inquiétude ne quitte pas le père de famille: "A Gaza, on est partout en danger de mort".
L'appartement des Abou Jahl fait partie des centaines de logements détruits ou endommagés dans la bande de Gaza dans les frappes visant des cibles du Hamas depuis le lancement de l'offensive israélienne contre le mouvement islamiste samedi.
Wahbeh Abou Jahl, 26 ans, a loué un autre appartement mais, en attendant de trouver des meubles, il s'est résigné à installer les siens chez des parents. "Au départ, je ne trouvais même pas une tente pour loger ma famille sur les décombres de notre maison", se plaint-il.
"De toute façon, partout où on va à Gaza, on est en danger de mort", ajoute-t-il.
Fawaz Abou Sitah, qui habite près du complexe des "ministères" du Hamas dans l'ouest de Gaza-ville, bombardé à plusieurs reprises par les avions de chasse israéliens, a lui aussi emménagé avec les siens chez des proches.
"Ma maison et des dizaines d'autres du quartier ont été endommagées", affirme-t-il en se disant "amer devant le silence du monde civilisé face aux pratiques israéliennes".
Maher Al-Khodari, qui habite dans un immeuble de cinq étages près d'une mosquée a, lui, préféré ne pas prendre de risque, plusieurs lieux de culte ayant été visés ces derniers jours par l'armée israélienne qui les soupçonne d'abriter des activistes ou des roquettes.
"On a quitté la maison il y a quatre jours. J'ai peur pour ma famille car on habite près d'une mosquée qui peut être attaquée à tout moment", dit-il. "La situation est très difficile, on était une trentaine d'habitants de l'immeuble à dormir dans un couloir de la maison pour être plus en sécurité en cas d'attaque", ajoute-t-il.
Maher Abou Kmeil, 50 ans, a lui aussi déménagé avec ses enfants vers "un endroit plus sûr", après qu'une maison jouxtant la leur eut été touchée dans un raid. "Cela ne veut pas dire que nous sommes en sécurité maintenant car les Israéliens attaquent tout, même les mosquées et les hôpitaux".
L'armée israélienne a bombardé ces derniers jours des mosquées qui, selon elle, abritaient des stocks de roquettes de type "Grad" d'une portée suffisante pour toucher en profondeur le territoire israélien.
Outre les frappes aériennes, les immeubles en bordure de mer sont exposés aux attaques des navires de guerre israéliens patrouillant au large de Gaza.
"J'habite dans un bâtiment de six étages dont tous les résidents sont partis", affirme Adnane Al-Kharoubi, 48 ans, père de six enfants.
"Je me suis installé avec ma famille chez mes parents mais je ne suis pas tranquille puisque les frappes peuvent viser n'importe quel coin de rue", ajoute-il. Plusieurs ménages ont été contraints de partir "car ils ne peuvent pas supporter le froid après l'éclatement des vitres de leur fenêtres" sous l'effet des déflagrations, affirme Hamdi Chaqoura, du Centre palestinien pour les droits de l'Homme à Gaza (PCHR). Mais de nombreuses familles préfèrent encore laisser leurs fenêtres ouvertes plutôt que de voir leurs enfants blessés par des éclats de verre.
Selon M. Chaqoura, le nombre de familles qui ont quitté leur domicile est d'autant plus important que l'armée israélienne a sommé de nombreux Palestiniens par messages téléphoniques d'évacuer certaines zones susceptibles d'être frappées. "Des milliers de Palestiniens, notamment ceux qui habitent près de la frontière palestino-égyptienne, ont été contraints de fuir après les raids israéliens dans le secteur", a affirmé le PCHR dans un communiqué. Ces attaques visent des tunnels de contrebande creusés sous la frontière.
Certaines familles sans toit se réfugient dans des écoles gérées par l'Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), selon son porte-parole Christopher Gunness. "Ils passent la nuit et s'en vont", dit-il. AFP. 01.01.09