Son président de mari y était venu mardi administrer une énième piqûre de rappel sécuritaire. Deux jours plus tard, Carla Bruni-Sarkozy a elle aussi pris jeudi le chemin de la banlieue, pour y rencontrer un choeur d'enfants d'un quartier sensible.
Contraste. En début de semaine, le chef de l'Etat avait fondu sur Epinay-sur-Seine, Bobigny (Seine-Saint-Denis) et Le Perreux (Val-de-Marne) toutes sirènes hurlantes et sous forte escorte pour y exposer devant les caméras ses priorités en matière de lutte contre la délinquance, au milieu de policiers et du public choisi d'une table-ronde.
En ce milieu de matinée, c'est presque incognito que son épouse est arrivée à l'école primaire Olympe-de-Gouges, au coeur de Bondy. A ses côtés, le commissaire à la diversité Yazid Sabeg, une poignée de membres de son cabinet élyséen ou de sa fondation, encore moins de policiers en civil.
La présence médiatique aussi a été réduite à sa plus simple expression pour ce déplacement discret, à mi-chemin entre sa récente participation "undercover" à une "maraude" nocturne du Samu social de Paris et la frénésie de sa sortie dans une favela de Rio il y a un an. "Ce que Carla veut, c'est garder la sincérité des contacts", plaide son entourage.
Le "contact" du jour, ce sont les jeunes chanteurs formés à Bondy par la Maîtrise de Radio France afin de diversifier son recrutement. Depuis deux ans, une cinquantaine d'enfants de banlieue bénéficient du même enseignement que ceux de son vivier traditionnel, le lycée Lafontaine de Paris (XVIe).
Devant la Première dame, le directeur de l'école retrace le succès du projet. "Au début, c'était un pari artistique, pour savoir s'il y avait ici des perles enfouies", raconte Yannick Saint-Aubert. "Aujourd'hui, dit-il, on a réussi à imposer un nouveau modèle, loin de celui du "grand frère", on a même des parents qui vont aux concerts salle Pleyel".
"Avec la musique, les enfants apprennent une discipline qui se propage aussi aux mathématiques", renchérit la professeure de chant, Sofi Jeannin.
Illustration dans la foulée, le temps d'un cours de chant. Pendant une demi-heure, une trentaine d'apprentis choristes de 7 à 9 ans, vocalisent sous l'oeil ravi de l'auteur de "quelqu'un m'a dit". Etonnante interprétation du "Bestiaire" de Francis Poulenc dans un décor que les clichés réservaient au seul "rap"...
Applaudissements de la prestigieuse invitée, que le maire socialiste de la ville Gilbert Roger présente à ses jeunes administrés.
- "Vous connaissez Carla Bruni ?", demande-t-il.
- "oui, c'est la femme de Sarkozy !", répond une jeune "beurette".
- "On dit monsieur Sarkozy", corrige l'élu.
La séance s'achève dans une joyeuse mêlée. Photo, autographes, baisers, accolades.
Carla Bruni-Sarkozy est enthousiaste. "Nous cherchons un modèle, un exemple à développer pour ma fondation et cette école est une réussite extraordinaire, se réjouit-elle, je pense qu'à l'image de cette école, le quartier va s'améliorer petit à petit".
Devant ceux qui font un lien entre sa visite en banlieue et celle de son mari ou pointent du doigt le fossé qui sépare leur thème, elle s'agace: "Lui fait son métier et moi j'utilise simplement ma position pour m'ouvrir le plus possible. Moi, je ne fais pas de politique". "Le fait qu'une vie puisse basculer grâce à la musique, j'y croyais bien avant mon mariage".
Le maire lui aussi savoure son plaisir: "Cette visite, c'est la reconnaissance de notre travail".
AFP. 26.11.09